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NKM et la révolution numérique

Publié le 14 novembre 2016 par Sylvainrakotoarison

" La France est confrontée aujourd'hui à d'intenses défis : des millions d'existences altérées par le chômage ; des centaines de vies prises par le terrorisme ; quelle Nation et quelle Terre laisserons-nous à nos enfants ? (...) Face à la brutalité de ces défis, la parole politique a oublié sa raison d'être : construire un projet pour les Français en s'appuyant sur les réalités du pays et de son environnement. Malgré toute l'adversité, la France avance. Malgré ceux qui veulent la détruire. Malgré ceux qui veulent que rien ne bouge. Qui préfèrent préserver le passé aux dépens de l'avenir. Car les Français ont compris que nous avions changé de monde. Ils ont compris que le numérique et les multiples applications qui en découlent imprimaient une transformation radicale des modes de vie et de travail. (...) Nous vivons la révolution d'un millénaire. Et il ne nous appartient pas de la contester, mais de la comprendre. Et de l'accompagner, pour le meilleur et au profit du plus grand nombre. " (Nathalie Kosciusko-Morizet, le 6 novembre 2016).
NKM et la révolution numérique
Parmi les sept candidats à la primaire de "Les Républicains", Nathalie Kosciusko-Morizet étonne et détone. D'abord, c'est la seule femme de la primaire, ce qui sauve l'honneur mais qui n'est pas une gloire pour ce grand parti. Le PS avait deux femmes candidates à sa primaire d'octobre 2011, et deux qui pouvaient raisonnablement être désignées, Martine Aubry et Ségolène Royal. NKM (puisque c'est ainsi qu'on l'abrège) ne compte probablement pas gagner la primaire LR en 2016 mais est sans aucun doute prendre date et être la vraie révélation de celle-ci : elle fait désormais son entrée dans la cour des "grands".
Elle est la benjamine des candidats (elle a 43 ans) et a déjà une belle carrière derrière elle : députée de l'Essonne depuis le 19 juillet 2002 (à l'âge de 29 ans !) comme suppléante de l'ancien barriste Pierre-André Wiltzer devenu ministre, maire de Longjumeau de mars 2008 à février 2013, conseillère régionale d'Île-de-France de mars 2004 à novembre 2010.
Elle fut nommée membre des gouvernements du quinquennat de Nicolas Sarkozy du 19 juin 2007 au 22 février 2012, d'abord un strapontin (à l'âge de 34 ans), à l'Écologie (sous la houlette de Jean-Louis Borloo), puis le 15 janvier 2009 à la Prospective et au Développement numérique, et enfin, la consécration le 14 novembre 2010 en devenant (à l'âge de 37 ans) la numéro quatre du troisième gouvernement de François Fillon (derrière Alain Juppé et Michèle Alliot-Marie), succédant à Jean-Louis Borloo comme Ministre de l'Écologie, du Développement durable, des Transports et du Logement.
Par ailleurs, vice-présidente de l'UMP puis de LR lors du retour de Nicolas Sarkozy, du 4 décembre 2014 au 15 décembre 2015, après avoir été son porte-parole durant la campagne présidentielle de février à mai 2012 (elle démissionna de son ministère pour cette raison), Nathalie Kosciusko-Morizet a connu sa première défaite lors des municipales du 30 mars 2014 à Paris face à Anne Hidalgo et reste présidente du groupe LR au conseil de Paris.
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Sa singularité, elle la cultive. Elle se vante de ne pas faire partie du "sérail", à savoir, de ne pas être diplômée IEP Paris et ENA. Après une préparation scientifique à Louis-le-Grand, elle est diplômée de Polytechnique et a choisi le corps du génie rural et des eaux et forêts, ce qui est rare et montre ses prédispositions aux préoccupations environnementales. Elle a par ailleurs un MBA. Parce que X, NKM a passé son service militaire et sait ce qu'est l'armée, ce qu'est une arme (elle fut officier chef de quart dans la Marine nationale à Djibouti). Parce que X, elle a le tempérament concret de l'ingénieur, qui veut faire avancer les projets, qui veut trouver des solutions concrètes aux problèmes, qui veut réaliser.
C'est donc en femme concrète qu'elle se pose en 2016 pour présenter un programme politique très innovant. Il n'est pas question de revenir sur le passé, car le passé est définitivement révolu, mais de se tourner vers l'avenir avec des idées de maintenant, pas polluées par des idéologies anciennes. Elle propose de faire passer la France au XXI e siècle.
Ses marqueurs forts ? Il y a d'abord l'écologie qui est une réelle et sincère préoccupationn, ce qui est rare dans classe politique hors écologistes estampillés (et encore !), et encore plus rare chez les élus LR. Il y a aussi son intransigeance sur les valeurs qui fait qu'elle fait partie de ceux qui rappellent sans cesse le refus de toute compromission entre la droite et le FN. D'ailleurs, Marine Le Pen avait clairement appelé à voter socialiste (donc à donner à François Hollande une majorité parlementaire !) le 17 juin 2012 pour faire battre dans sa circonscription Nathalie Kosciusko-Morizet. Finalement, cette dernière a gagné sa réélection (de justesse, avec 51,5% des voix).
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Répondant à la polémique des sarkozystes contre François Bayrou, NKM a d'ailleurs déclaré dans l'émission "Politique Matin" diffusée en direct sur LCP le 26 octobre 2016 que les électeurs de la primaire LR sont ceux qui ne veulent en 2017 ni de François Hollande ni de Marine Le Pen et que les "valeurs" de la primaire LR, c'est d'abord de ne pas s'allier avec le FN.
Le programme politique ( à télécharger ici) que Nathalie Kosciusko-Morizet a présenté le 6 novembre 2016 pour la primaire LR reprend pour titre une expression utilisée déjà par Jacques Chaban-Delmas le 16 septembre 1969 : "Nouvelle société, nouvelle France". Cette filiation n'est pas anodine : NKM est à la fois gaulliste, centriste, européenne, sociale et libérale.
Dans son discours de politique générale devant les députés, Jacques Chaban-Delmas avait expliqué ainsi ses motivations : " Je suis certain que nous devons aujourd'hui nous engager à fond dans la voie du changement. (...) Si nous ne le faisions pas, nous nous exposerions à un avenir qui ne serait guère souriant. (...) Notre existence en tant que nation serait elle-même menacée. Nous sommes, en effet, une société fragile, encore déchirée par de vieilles divisions et, faute de pouvoir maintenir notre équilibre dans la routine et la stagnation, nous devons le trouver dans l'innovation et le développement. La seconde raison, la raison positive, c'est que la conquête d'un avenir meilleur pour tous justifie à elle seule tous les efforts, tous les changements. (...) Le nouveau levain de jeunesse, de création, d'invention qui secoue notre vieille société peut faire lever la pâte de formes nouvelles et plus riches de démocratie et de participation, dans tous les organismes sociaux comme dans l'État assoupli, décentralisé, désacralisé. Nous pouvons donc entreprendre de construire une nouvelle société. " (16 septembre 1969). Elles restent encore d'actualité, quarante-sept ans plus tard !
C'est ce qui guide aussi NKM dans ses perspectives politiques. Redonner de la respiration à la France. Une respiration politique (démocratique), une respiration économique (sociale) et une respiration européenne (souverainiste à l'échelle du monde).
Sa philosophie générale est ainsi exprimée : " Cette France qui avance sait que ce n'est plus l'État qui est stratège mais la société qui pilote. Qu'il n'appartient plus au politique de dicter les choses, mais d'escorter et de favoriser le changement : que la façon dont les décideurs raisonnent a et aura toujours désormais un temps de retard sur la façon dont le peuple français avance et crée. Une Nouvelle Société est en train de naître. Elle sait que la France possède les talents pour réussir dans le monde qui vient : un monde de sciences et d'idées ; un monde où le génie français, ingénieur et créatif, peut et doit réussir. Une société qui a besoin de volontaires pragmatiques et non de réactionnaires. ".
NKM et la révolution numérique
Parmi les propositions très intéressantes et très cohérentes que Nathalie Kosciusko-Morizet suggère pour réformer la France, j'en cite sept qui montrent sa grande capacité d'innovation et de concret.
1. Une Chambre des Citoyens
Reprenant l'intuition de " démocratie participative" de Ségolène Royal, l'idée est de profiter de l'Internet pour permettre à chaque Français de proposer directement aux parlementaires une réforme.
NKM constate : " Dans son travail, (...) les processus de décision sont toujours plus collectifs, collaboratifs, interactifs. Hier, c'était descendant, vertical. Aujourd'hui, le monde est circulaire, le partage obligatoire, l'intelligence collective, l'interaction permanente. Partout... sauf dans notre démocratie ! Les changements du monde semblent s'être arrêtés aux frontières de nos institutions et de nos pratiques politiques. Résultat : les électeurs se détournent des politiques, l'abstention grimpe et les extrêmes gagnent du terrain. ".
Et de proposer ainsi : " Au-dessus de 500 000 signatures en ligne (1% du corps électoral), la Chambre des Citoyens, représentée par les Français ayant participé à l'élaboration de la proposition de texte, présente le projet de réforme au gouvernement et au parlement qui est tenu de débattre le texte. ".
2. Un statut unique et avantageux pour le travailleur indépendant
Le constat : " Oui, l'ubérisation de l'économie est en marche ! Elle ne sera pas forcément universelle et elle ne touchera pas tous les secteurs, mais la mise en relation directe entre consommateur et producteur, via des plates-formes digitales, va continuer de croître. Et il nous appartient d'en faire une force et une solution, plutôt qu'un problème. ".
NKM pressent ainsi que le principe de l'emploi sous forme de contrat à durée indéterminée (CDI) ne sera plus la norme dans les prochaines années, parce qu'il empêche la souplesse structurelle des entreprises dans un environnement qui évolue beaucoup trop vite. Elle pressent que le mode de contrat sera plutôt de la prestation personnelle, à l'instar de l'auto-entrepreneur. Elle veut accompagner cette évolution qu'elle considère inéluctable en protégeant mieux les travailleurs indépendants pour retrouver les mêmes droits qu'un salarié "classique".
3. L'écologie pour tous
Seule véritable candidate "écologiste" de la primaire LR (qui en parle d'autre qu'elle ?), NKM veut que tout soit conçu et réalisé selon cette attention portée à l'environnement : " Encourager l'écologie de proximité en généralisant les circuits courts (alimentaire, télétravail, autoproduction énergétique). ".
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Pour mettre en place ces nouveaux circuits, il ne faut pas avoir une motivation seulement morale : " Pragmatique, c'est constater qu'agir pour l'environnement, ce n'est pas qu'une question d'éthique vis-à-vis de notre qualité de vie ou de l'avenir de nos enfants, mais c'est d'abord une question de rentabilité individuelle et collective, et donc, d'incitations économiques et de champs d'innovations incroyables. L'écologie pour tous, ça rapporte ! ".
4. L'accompagnement de la dépendance
Le constat : " Nous vivons tous ce moment d'hébétement face à la violence et à la complexité de cette situation. Comment aider ses parents à rester à domicile dignement ? Comment garantir une prise en charge nuit et jour ? Comment trouver une place dans un établissement spécialisé, qui regorge de demandes et de files d'attente ? Nous en parlons peu, sans doute par pudeur, mais c'est une blessure que de voir qu'on ne peut pas offrir à nos aînés ou aux personnes en situation de handicap un cadre sûr, rassurant et garanti. ".
Et d'ajouter : " Il faut sortir ce sujet du secret des familles et y apporter des solutions de financement et d'accompagnement à grande échelle. Ce sont autant de questions et de difficultés qui justifient que la dépendance soit pour moi le chantier prioritaire du quinquennat. ".
Nicolas Sarkozy voulait introduire en 2011 un cinquième pilier à la protection sociale pour financer la dépendance. Il n'a pas pu le faire à cause de la crise de l'euro. Chaque personne peut être touchée de près ou de loin par une personne qui n'est plus capable de vivre de manière autonome. La dépendance coûte "cher" (en argent, énergie, temps) aux aidants qui sont 8,3 millions de personnes en France, soit 13% des salariés, 20% des plus de 40 ans.
NKM veut garantir à tous les Français un accompagnement. Pour cela, NKM propose la création d'un "Ministère de l'accompagnement de la vie", en charge du handicap et de la dépendance, son financement par une contribution obligatoire sur les contrats d'assurance multirisques (majoration de 5%), ce qui serait acceptable pour les ménages (environ 30 euros par an supplémentaires) et dégagerait environ 3 milliards d'euros qui seraient versés non pas aux personnes dépendantes mais à l'organisme qui les accueillerait ou assurerait leur accompagnement pour financer le salaire des accompagnants, leur formation, et les éventuels aménagements matériels.
5. Une révolution fiscale
Nathalie Kosciusko-Morizet souhaite remplacer l'impôt sur le revenu, rendu complètement illisible par ses nombreuses niches fiscales, par une "flat tax" à la française : " Chaque Français doit payer des impôts justement proportionnés, dont il maîtrise l'usage, et bénéficier d'aides qui ne découragent pas le travail. ".
L'ISF, que NKM conserve (au contraire de ses concurrents de la primaire LR), serait alors affecté au financement des entreprises et contribuerait seul à la progressivité de l'impôts pour les hauts revenus.
La proportionnalité de l'impôt pour tous les revenus, y compris les plus bas, serait compensée par un " revenu de base inconditionné " d'un montant de 470 euros par mois tout Français de plus de 18 ans, revenu qui fusionnerait avec le RSA, l'ASS (l'allocation après la fin des indemnités chômage) et la prime d'activité.
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La révolution, ce serait aussi de faire un peu comme le font les entreprises pour la taxe d'apprentissage dans son principe : " Affecter 5% de son impôt chaque année au ministère de son choix (...). Ainsi, chaque Français pourra choisir de financer avec son impôt les projets qui lui semblent les plus pertinents pour l'avenir de son pays. C'est donner du sens à la fiscalité, ou plutôt, lui redonner son fondement : le consentement à l'impôt. ". Une telle réforme serait très novatrice puisqu'elle ferait directement participer chaque contribuable (donc chaque Français qui travaille) à la politique budgétaire de la France.
6. Un retour à la politique familiale
Cette révolution fiscale supprimerait le quotient familial et les allocations familiales conditionnées. Pour compenser et favoriser les familles qui ont des enfants, NKM fait donc la proposition de verser un revenu inconditionné de 200 euros par mois et par enfant, dès le premier enfant, de la naissance jusqu'à ses 18 ans (270 euros à partir de ses 14 ans). Au-delà de 18 ans, le revenu déjà proposé de 470 euros s'appliquerait.
Cela enrayerait la fin de la politique familiale de François Hollande : " Le gouvernement actuel a porté un coup fatal au principe fondamental de l'universalité de l'aide aux familles. ".
7. Oser l'Europe
Comme l'écologie, le thème européen est peu discuté et pourtant essentiel pour la France du XXI e siècle. NKM désire l'Europe en connexion avec le monde réel et avec une véritable responsabilité politique. Pour cela, elle veut une "Europe de subsidiarité" qui traiterait les sujets au niveau européen quand c'est nécessaire (comme l'immigration, le renseignement, la lutte contre le terrorisme, etc.).
Selon elle, le Parlement Européen devrait être " élu à partir de listes partisanes européennes, et non plus par pays ". Il faudrait " que le Président de la Commission soit désigné par le Parlement Européen, et soit le chef de file du parti vainqueur des élections, premier de la liste européenne unique " (ce qui fut le cas de Jean-Claude Juncker en 2014).
C'est essentiel de pouvoir désigner les responsables européens : " Nous avons besoin, en tant que citoyens, d'identifier un gouvernement, la Commission joue ce rôle, elle doit désormais asseoir sa légitimité politique. C'est par la politique et non par les normes que nous ramènerons les Européens à l'Europe. ".
Le vrai renouveau passe par NKM
Il est à peu près raisonnable de dire que Nathalie Kosciusko-Morizet ne sera pas désignée candidate "de la droite et du centre" à l'issue de la primaire LR. Mais sa démarche est prometteuse d'un véritable renouvellement de la vie politique.
Quel que soit le résultat des 20 et 27 novembre 2016, NKM comptera dans la vie politique française et saura probablement faire avancer ses vues, pas pour une ambition personnelle, certes légitime, mais pour des convictions qui, chez elle, sont d'autant plus authentiques qu'elles sont innovantes et portées par une motivation capable de déplacer quelques montagnes...
Aussi sur le blog.
Sylvain Rakotoarison (14 novembre 2016)
http://www.rakotoarison.eu
Pour aller plus loin :
L'Antignone.
Programme de NKM pour la primaire LR 2016.
Nathalie Kosciusko-Morizet.
Deuxième débat de la primaire LR 2016.
Premier débat de la primaire LR 2016.
Alain Juppé.
Nicolas Sarkozy.
François Fillon.
Jean-François Copé.
Jean-Frédéric Poisson.
Bruno Le Maire.
L'élection présidentielle 2017.
NKM et la révolution numérique
http://rakotoarison.over-blog.com/article-sr-20161016-nkm.html
http://www.agoravox.fr/actualites/politique/article/nkm-et-la-revolution-numerique-186456
http://rakotoarison.canalblog.com/archives/2016/11/14/34554421.html


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