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Santé : les mueslis non bio sont bourrés de pesticides

Publié le 15 novembre 2016 par Bioaddict @bioaddict
Un rapport de l'association Générations Futures montre que les mueslis non bio contiennent en moyenne 9,4 pesticides par échantillon ! Un cocktail de produits potentiellement cancérigènes et de perturbateurs endocriniens dont les effets peuvent être néfastes pour la santé à des doses très faibles.

Non, l'alimentation bio n'est pas une question d'idéologie comme le clament ses détracteurs mais une question de santé publique ! Des analyses des mueslis bio et non bio, réalisé par un laboratoire agréé, en apportent une nouvelle preuve. Les résultats sont clairs : Alors que les mueslis bio sont exempts de résidus de pesticides, 100% des non bio en contiennent. Et même beaucoup ! Pour être précis : un total de 141 résidus a été retrouvé dans les 15 échantillons non bio testés, dont 81 sont suspectés d'être des perturbateurs endocriniens (PE). Tous les mueslis non bio contenaient au moins un de ces perturbateurs.

Pesticides dans les mueslis non bio : 354 fois la concentration maximale tolérée dans l'eau de boisson

Dans l'ensemble des échantillons, le laboratoire a détecté 30 molécules différentes à l'origine de ces résidus dont 19 sont suspectées d'être des PE.

Plus grave : la concentration moyenne de pesticides quantifiés par échantillon atteint 0,177 mg/kg, "soit 354 fois la concentration maximale admissible (CMA) tolérée dans l'eau de boisson pour l'ensemble des pesticides", alerte Générations Futures. La concentration en PE est quant à elle évaluée à 0,139 mg/kg "soit 278 fois la concentration maximale admissible dans l'eau de boisson pour l'ensemble des pesticides", poursuit l'association.

D'autres molécules inquiétantes ont été détectées : le pyriméthanil, fongicide classé cancérigène possible par l'US-EPA aux Etats-Unis présent dans 100% des échantillons non bio, et le Pipéronyl butoxide (toxique mais non considéré comme un pesticide) présent dans 53% des échantillons et classé comme synergisant de nombreux pesticides (ce qui signifie qu'il en multiplie les effets néfastes).

Les enfants et les femmes enceintes particulièrement exposés

Les enfants, grands consommateurs de mueslis, sont fortement exposés aux pesticides et aux PE alors qu'ils sont plus sensibles que les adultes. "Le consensus scientifique est clairement établi : les perturbateurs endocriniens présents dans d'innombrables produits de consommation courante sont toxiques même à très faible dose, en particulier pour les populations vulnérables comme les femmes enceintes, les enfants et les adolescents", informe un rapport parlementaire de février 2014*.

Quels risques pour la santé ?

Les PE peuvent interférer avec le fonctionnement du système endocrinien et induire de nombreux effets néfastes sur la fertilité ou la croissance.

"Les cancers hormonaux-dépendants (prostate, testicule, sein), les perturbations du métabolisme (obésité, diabète), de la reproduction (diminution de la fertilité, puberté précoce chez les filles), les problèmes cardiovasculaires mais aussi les troubles mentaux et du comportement, sont tous des effets potentiels des PE" précise Générations Futures.

Il faut savoir que les modes d'action des PE sont particuliers. Ainsi, de faibles doses sont parfois plus actives que des doses plus fortes. Les effets des PE peuvent aussi se répercuter dans la descendance d'un individu, 2 à 3 générations ou plus après son exposition. C'est ce qu'on appelle les effets transgénérationnels.

Quelle protection pour les consommateurs ?

Malgré tous ces risques, la Commission européenne veut abaisser la protection des consommateurs. Pressée depuis 2014 par le Parlement et le Conseil européens de définir des critères pour identifier les perturbateurs endocriniens dans les pesticides et biocides à partir des études scientifiques existantes, la Commission européenne a rendu sa copie en 2016 seulement, après une condamnation de la Cour de justice européenne pour inaction fautive. Et son texte serait illégal, selon l'ONG écologiste ClientEarth. Car la Commission ne respecte pas les règlements sur les pesticides adoptés en 2009 par le Parlement et le Conseil, ce qu'elle n'est pas habilitée à faire.

En effet, ces règlements prévoient qu'une substance "pouvant" avoir un effet néfaste ne peut être autorisée. La Commission propose elle d'interdire les perturbateurs endocriniens ayant des effets néfastes "avérés". Au-delà de contredire un règlement voté, cela revient à ignorer le principe de précaution et obligerait les consommateurs à apporter la preuve des effets PE. La Commission remet également en cause le principe d'exposition des populations retenu pour les dérogations. Alors qu'en l'état actuel, une dérogation n'est possible que si l'"exposition" est négligeable, la Commission propose qu'un PE soit autorisé si le "risque" est négligeable. "Un risque négligeable permettrait une exposition sans limite claire", s'insurge ClientEarth.

En toile de fonds, les traités CETA et TAFTA

"Les industriels américains se sont déchaînés contre Bruxelles pour infléchir la rédaction du texte. C'est à mettre en regard avec les traités commerciaux en négociation (TAFTA et CETA ndlr). Mais si l'UE recule, le combat est perdu", estime François Veillerette.

Il est cependant probable que le texte de Commission soit attaqué si elle ne le modifie pas.
Heureusement, la France semble plus déterminée que l'UE à lutter contre les PE. A la suite du rapport EXPPERT 7, le sénateur écologiste Joël Labbé a interpellé la ministre de la Santé Marisol Touraine sur le sujet. Celle-ci a n'a pas éludé la question et a même répondu qu'elle souhaite une limite globale pour tous les pesticides présents dans les aliments, limite qui n'existe pas aujourd'hui. Reste à savoir si cette déclaration en période pré-electorale sera suivi d'effet.

"L'omniprésence des cocktails de perturbateurs endocriniens dans notre environnement est confirmée par ce rapport. Cela doit impérativement être pris en compte par la Commission européenne qui doit revoir ses critères pour les rendre réellement protecteurs" clame aujourd'hui F. Veillerette, porte-parole de Générations Futures.

Anne-Françoise Roger

* Rapport d'information de la Commission des affaires européennes sur la stratégie européenne relative aux perturbateurs endocriniens (février 2014).


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