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Campagne prévention sida : "On vit une époque formidable !" (tribune pour Marianne.fr)

Publié le 27 novembre 2016 par Jeanlucromero

Quelle formidable image que les politiques peuvent se donner quelques fois ! Une image d’ouverture aux autres, de progrès, de promotion du vivre-ensemble. C’est fou. C’est vrai que censurer une campagne d’information sur le VIH/sida destinée aux HSH (hommes ayant des relations sexuelles avec d’autres hommes), c’est tellement jubilatoire…
Déplorable, ahurissant, dramatique, tout a été dit ces derniers jours et pourtant ces énergumènes continuent à se draper dans ce manteau confortable de la défense de la famille (Laquelle ? Homoparentale ? Monoparentale ?).
Je vais vous dire ce que j’en pense, de manière fort objective :
Ces élus sont coupables de non-assistance à personnes en danger. Quand on refuse volontairement d’informer une partie de ses concitoyens sur les outils mis à leur disposition pour éviter de s’infecter au VIH alors qu’on les sait exposer, c’est de non-assistance à personnes en danger. Pour rappel, les HSH, ce sont plus de 40% des nouvelles infectons à VIH chaque année.
Ces élus sont complètement inconscients des réalités. Quand on connait la surreprésentation des tentatives de suicide chez les jeunes gays (de quatre à sept fois plus que pour un jeune hétérosexuel), on peut se poser la question de l’impact de ces décisions pour un jeune gay qui voit son orientation sexuelle considérée comme une déviance et une menace pour les enfants. Tellement facile de se construire et de bien vivre après ça ….
Ah mais pardon, j’exagère, ce n’est pas de l’homophobie ! Suis-je bête… ces élus auraient agi de la sorte pour tout autre cause, avec la même vigueur et la même rapidité. Je ne sais pour vous mais moi, quand je me balade dans la rue, j’en vois plein des photos de femmes en lingerie, des photos suggestives, des images sexistes, à la limite dégradante. Qui s’en insurge ? Otez-moi d’un doute ... Je crois n’avoir que rarement entendu le maire d’Aulnay-sous-Bois faire la « une » des médias demandant le retrait de publicités sexistes sur le territoire communal … Mais c’est sûr que ça, cela n’a pas d’impact sur les enfants et la construction de leurs représentations !
Aujourd’hui, très sincèrement, je suis inquiet et en colère. Je suis élu de la région Île-de-France, c’est-à-dire élu d’une région où plus de 40% des nouvelles découvertes de séropositivité sont réalisées. En juin dernier, la région a décidé de lancer un ambitieux plan « Pour une Île-de-France sans sida » et je me demande, comment, au vue de l’absence de condamnation officielle, nous allons pouvoir travailler ensemble ? Ce type de campagne, centré sur les populations clés, les HSH, les migrants, il en faut beaucoup et pour ne pas que le plan « Pour une Île-de-France sans sida » soit un flop retentissant, il faut que la région se range dans le camp de celles et ceux qui luttent contre le sida, pas de celles et ceux qui, par un moralisme et un dogmatisme affligeant et dangereux, font tout pour freiner ces efforts.
Alors que la science nous a prouvé que l’on pouvait réellement en finir avec le sida, je suis également inquiet et en colère de l’attitude de certains politiques. Regardez le débat sur les primaires à droite. Je ne demande pas qu’on passe une heure sur le VIH/sida mais quand même ! C’est un silence assourdissant qu’on peut constater sur cette question. Elles sont où les prises de position volontariste ? Il est où l’engagement pour mener la France vers le chemin d’un contrôle de l’épidémie ? Elles sont où les condamnations claires et sans ambages des élus ayant censurés une campagne de prévention ? Il est où le courage politique ? François Fillon assume le coté brutal de sa campagne, grand bien lui fasse, mais il est où l’engagement dans la lutte contre le sida et vers la fin du sida. A un moment, et rapidement, il faudra choisir son camp.


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