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Enquête sur Jul, le petit prince du rap français.

Publié le 02 décembre 2016 par Edelit @TransacEDHEC

Enquête sur Jul, le petit prince du rap français.

Une fois n’est pas coutume, le Délit va s’intéresser au monde du rap. Aujourd’hui nous parlerons du rappeur Jul. Rappeur clivant, il est considéré par certains comme le petit prince du rap français, alors que pour d’autres il n’est qu’un génie d’Auto-Tune… Quoi qu’il en soit, Jul est un véritable phénomène commercial !

Jul, le rappeur le plus indépendant de l’histoire du rap.

Alors que l’univers de la vente de disques est traditionnellement régi par des passages obligés dans les studios de télévision et de radio, le rappeur phénomène Jul adopte une tout autre stratégie pour la promotion de ses albums. Jul, qui se définit lui-même comme celui qui « nique le game en claquette », a en effet réalisé un véritable pied de nez au système de l’Entertainment musical. Adieu les samedi soir chez Ruquier et les nocturnes dans les radios, Jul préfère passer ses soirées à verser du « Jack miel » dans le Coca, d’autant plus qu’il a trouvé un modèle de vente tout aussi efficace sans sortir de sa belle cité phocéenne. Et oui, rien de sert de courir les plateaux télé, il faut avoir une TeamJul ! Grâce à celle-ci, il atteint ainsi le chiffre hallucinant de près de 1 300 000 000 de vues au total sur Youtube, générant ainsi plus d’un million d’euros de revenus sur Youtube, sans compter les plus de 13 millions de chiffre d’affaires issus de la vente d’albums.

Enquête sur Jul, le petit prince du rap français.

Une innovation importante dans le modèle marketing de Jul fut son choix de produire avec un petit label indépendant. À l’époque de « sort le cross volé » (31 millions de vues, de quoi « fumer des pétards en billet violet ») ce fut le label Liga One Industry et ce choix lui a permis de garder une entière indépendance de création. C’est pour cette raison qu’a été produit un rap aussi cru, un rap aussi brut, qui – s’il est raillé pour son manque d’élaboration – connaît un grand succès grâce à son aspect prosaïque. Et à l’heure de la séparation avec le label, Jul a bien compris que l’indépendance est un élément essentiel de la réussite. C’est pourquoi il choisit de fonder son propre label : D’or et de platine. Il est important de noter que le conflit avec son ancien label vient du fait que le rappeur n’a pas perçu un seul centime sur ses quatre premiers albums !

Un rappeur fort de ses soutiens.

Avec son propre label et en s’appuyant sur une solide base militante (la TeamJul), Jul va encore accroître sa logique marketing. T-shirts, casquettes, sweats : Jul commercialise son nom comme il vend des albums. « Jul » en devient une marque à part entière qui lui appartient définitivement suite à une décision de justice. Ainsi le rappeur, Julien Mari de son vrai nom, gère cette marque comme un chef d’entreprise. Pour la publicité, aucun souci : il suffit d’inviter des joueurs de foot de l’olympique de Marseille à s’exhiber dans ses clips ou à son anniversaire puis de laisser faire le buzz. Ce buzz lui permet ainsi d’atteindre aujourd’hui les 2 millions d’abonnés sur sa chaîne Youtube.

Enquête sur Jul, le petit prince du rap français.

L’autre aspect essentiel dans la réussite de Jul est sa proximité avec les fans. Avec Jul pas question d’une communication policée produite sur les réseaux sociaux par un community manager. Jul gère lui-même sa page Facebook qui avoisine les 1 000 000 de « j’aime ». Alors bien sûr, une telle démarche de communication directe du rappeur provoque son lot de fautes de syntaxe et d’orthographe, mais c’est aussi ce qui fait son charme auprès d’un public qui se reconnaît en lui. Cette force lui a ainsi permis de refuser de gros contrats comme celui qu’Universal Music lui proposait. En effet, il aurait refusé de signer un contrat pour un montant encore inconnu mais de l’ordre de plusieurs centaines de milliers d’euros.

Une démarche de co-création.

Que ce soit en fin de soirée avec Benjamin Mendy, ou en live sur Periscope, Jul adopte définitivement une démarche de co-création s’inscrivant parfaitement dans son modèle marketing. En effet il aime faire partager ses sons, et le meilleur moyen de partager un son c’est de le concevoir en équipe.

La légende veut qu’une froide nuit de décembre, Jul se replonge dans les travaux du chercheur C. K. Prahalad sur la co-création de valeur et aboutit à la conclusion qu’il n’est plus possible d’amener simplement aux consommateurs des sons qu’ils n’ont plus qu’à écouter. Et c’est ainsi que Jul se lance dans la création d’un morceau avec l’aide de la TeamJul dans le but de faire définitivement tomber le 4ème mur qui se dresse entre l’artiste et son public.

Après s’être branché sur Periscope, le rappeur montre à ses fans sa manière de travailler, et se met à composer un morceau. La TeamJul peut alors prendre part à l’élaboration du son. En live, les internautes donnent leurs avis et leurs propositions via cette application. Lyrics, beat, tout passe devant l’œil critique des fans, et ça marche ! Aujourd’hui le titre nommé tout simplement En live sur Periscope comptabilise presque 9 millions de vues sur Youtube.

Des ventes à en faire pâlir les plus grands.

Dans les bacs et sur la toile, Jul est un prince. Il multiplie les récompenses, et on peut désormais affirmer sans mauvais jeu de mots que tous ses albums sont disque d’or ou de platine. Il faut savoir qu’un disque de platine, c’est 100 000 albums vendus. Étant donné la nature jeune du public, plutôt habitué à télécharger illégalement, cela est considéré comme une prouesse dans le milieu du rap. Avec toutes ces ventes d’albums Jul rejoint ainsi ses confrères Michel Sardou et Johny Halliday en tant que monstre sacré de la musique hexagonale.

Parmi ses albums, on compte déjà de nombreux records. On peut mettre en avant la rapidité avec laquelle le petit dernier, Emotions, a été couronné disque d’or (aujourd’hui double disque de platine). Mais le record le plus marquant, c’est sans doute le prochain disque de diamant que Jul va sûrement atteindre avec l’album My World. Un disque de diamant équivaut en effet à 500 000 albums vendus. À titre de comparaison, ce sont des rappeurs comme Drake ou Kendrick Lamar qui ont eux aussi réussi à décrocher le diamant.

Enquête sur Jul, le petit prince du rap français.

Vous l’aurez compris, le rappeur phocéen est une véritable machine à sortir des clips et à vendre des albums. Tout cela lui permet aujourd’hui de vivre confortablement, et il a ainsi pu « quitter le quartier ». 800 millions de vues sur la chaîne Youtube D’or et de platine, c’est environ 800 000 euros de rapportés, auxquels peuvent venir s’ajouter les revenus des 700 000 albums vendus par son label représentant un chiffre d’affaires de plus de 8 millions d’euros. Et encore, on ignore les revenus issus des produits dérivés (casquettes, tee-shirts, pulls), Jul et son label restant très discrets sur la question.


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