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Mojave, en vidéo depuis le 21 novembre

Par Vance @Great_Wenceslas
Mojave, en vidéo depuis le 21 novembre

Voilà un film curieux, sortant des sentiers battus - et du circuit de distribution habituel. Pourtant, bien qu'indépendant, il n'a pas été financé par une obscure société éphémère mais par A24, qui a distribué précédemment A most violent yearet , tous deux déjà avec Oscar Isaac, tiens, tiens...

Le casting est d'ailleurs à l'image du métrage, étrange et disparate. Pour un film indépendant au budget réduit, on a la surprise de trouver des pointures comme comme Mark Wahlberg, des seconds rôles précieux comme Walton Goggins et... la petite Frenchie Louise Bourgoin. Pour peu qu'on n'ait pas assisté à la bande-annonce (comme c'était mon cas), on sera forcément surpris par le déroulé du script, les thèmes abordés et l'interprétation, avec une mise en scène sans esbroufe mais lancinante signée du scénariste des de Scorsese. Grâce encore à une bienveillante opération DVD Trafic, j'ai pu me faire une idée de cette œuvre conceptuelle à l'atmosphère déroutante, disponible en vidé depuis le 21 novembre 2016 chez Metropolitan, parmi les bons thrillers sortis cette année.

Mojave, en vidéo depuis le 21 novembre

, c'est d'abord le nom de ce désert californien dans lequel décide de se perdre le personnage principal, un scénariste renommé qui couche avec l'actrice principale de son dernier film pendant que sa famille est en vacances. Tom est désoeuvré et, comme il le dit lui-même, " Quand on a tout ce qu'on veut, qu'est-ce qu'on veut d'autre ? " Il quitte donc sa magnifique villa et laisse sa starlette dans son lit pour s'aventurer dans une contrée aussi hostile que déserte. On sent bien que ce n'est pas sa première fois et il ne semble pas se laisser démonter par de menus incidents. Ce qu'il veut, sans doute, c'est vivre un peu quelque chose d'authentique et quitter les fastes illusoires d'une Hollywood fantasmée. Le problème, c'est qu'il va faire une mauvaise rencontre. Un certain Jack, qui désire partager un peu de la chaleur de son feu de camp nocturne. Volubile mais malsain, ce vagabond arrive armé d'un fusil. Tom ne s'en laissera pas conter et parviendra à se débarrasser de cet importun moralisateur. Le problème est que ce démon d'homme ne le lâchera pas d'une semelle, jusqu'à ce qu'il soit témoin d'un drame dont Tom est responsable. Ce dernier décide alors de retourner à la civilisation, porteur d'un lourd secret qu'il s'évertue à cacher. Sauf qu'il ne se doute pas que Jack le noir, le fourbe, ne tarde pas à retrouver sa trace et à s'immiscer dans sa vie douillette de star du système.

Mojave, en vidéo depuis le 21 novembre

La réalisation joue constamment de l'atmosphère délétère des lendemains d'orgies désabusés et de la splendide vacuité du désert. Même si on ne peut pas s'émerveiller devant le travail du photographe, on sera parfois happé par la puissance de certains plans. Une certaine poésie du spleen se dégage de cette errance dont le rythme s'accélère alors que notre homme cherche à se dégager de l'emprise létale de son persécuteur. On n'est jamais loin des symboles et d'une dualité faustienne dans ce film qui aurait pu n'être qu'un intéressant essai sur l'existence sans l'interprétation d'Oscar Isaac, qui confère au personnage de Jack une perversité équivoque - on sent qu'il se régale de certaines de ses tirades à double sens, et il use plus que de coutume de grimaces graveleuses et d'œillades entendues. Tout le contraire d'un Garett Hedlund assez monolithique, tout en dents serrées et cheveux filasses.

Mojave, en vidéo depuis le 21 novembre

Sans être à proprement parler passionnant, l'intérêt du film n'est pas

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dans une quelconque dénonciation d'un système corrompu ou d'un mode de vie couvert de paillettes, mais dans cette écriture tendue qui met en exergue la malignité d'un être sans scrupules face à quelqu'un qui a tout à perdre - mais qui ne manque pas, heureusement pour l'intrigue, de ressources. Il y a dans l'aisance criminelle avec laquelle Jack se fraie un chemin dans Hollywood une fascination morbide qui noie les séquences parallèles (celles avec Milly, l'actrice française jouée par une Louise Bourgoin empruntée, ou avec Norman/Mark Wahlberg, l'exubérant producteur dont les accointances mafieuses lui joueront des tours). La quête existentielle de l'un finira presque forcément par un simple règlement de comptes, un duel en bonne et due forme qui plonge le film dans un contexte éminemment western.

Déroutant donc, mais très intéressant. J'espère avoir réussi à vous persuader qu'il fera partie des films à voir pour l'année 2017 .

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