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« Passeur de sciences » a cinq ans

Publié le 01 décembre 2016 par Annegaellerico
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© electricnude.

JAMAIS je n’aurais pensé aller jusque là mais il faut bien se rendre à l’évidence, en ce 1er décembre 2016, ce blog, « Passeur de sciences », fête ses cinq ans d’existence. Si je suis étonné, c’est parce que mes blogs précédents n’avaient vécu que quelques mois ou, pour le plus persévérant d’entre eux, qu’une grosse année. Parce que je m’étais toujours figuré cet exercice comme une sorte de performance éphémère, un sprint journalistique mais jamais comme un marathon. Je craignais la lassitude, la mienne mais aussi celle du public. Et si « Passeur de sciences », dont vous lisez le 668e billet, est toujours au rendez-vous au bout de ce lustre, c’est avant tout grâce à vous. Un titre de presse, qu’il soit fait de papier, « pure player » ou simple blog, ne vit que par et pour ses lecteurs. Et force est de constater que vous êtes toujours là… Un immense merci, donc.

Toujours là et toujours plus nombreux d’année en année ! Au cours des douze derniers mois, « Passeur de sciences » a totalisé un peu plus de 13 millions de pages lues, contre 12,3 l’année précédente, ce alors que j’ai écrit moins de billets en 2016 qu’en 2015. Je constate aussi que la manière de consulter ce blog est en pleine évolution. Il y a cinq ans vous me lisiez essentiellement sur ordinateur. Pour la première fois, vous m’avez majoritairement lu sur ce que l’on appelle les écrans mobiles, c’est-à-dire ceux des tablettes et des téléphones portables. Et, pour en finir avec les chiffres, j’ajoute que, l’été dernier, « Passeur de sciences » a passé la barre symbolique des 50 millions des pages lues depuis sa naissance.

Sa naissance, parlons-en un instant. En 2011, j’étais journaliste indépendant et je tenais sur Slate.fr un blog, « Globule et télescope », rédigé sur une tonalité un peu plus légère et qui « marchait » bien. C’est à ce moment que Le Monde a lancé son supplément scientifique hebdomadaire et m’a proposé d’y tenir une chronique – la chronique de science improbable. La logique a voulu que je mette tous mes bateaux sous le même pavillon et que, à l’invitation de Jérôme Fenoglio (à l’époque rédacteur en chef du Monde.fr et désormais directeur du Monde), mon blog passe sous la fameuse bannière en lettres gothiques, ce qui a offert à mes petits travaux de vulgarisation une audience encore plus importante.

La culture de l’honnête homme

J’avais à l’époque ouvert le bal avec un billet intitulé « Prologue » où j’écrivais que je me battais depuis quinze ans pour faire comprendre aux élites médiatiques « qu’au même titre que la politique, l’économie, la culture, la diplomatie, toutes matières jugées nobles dans la presse, la culture scientifique fait partie de la culture tout court de l’honnête homme et de la grille de lecture du monde que les médias lui tendent chaque jour, qui dans leurs postes de télévision, qui dans leurs radios, qui dans leurs journaux ».

J’ajoutais que « dans une société où les graines de la science germent de plus en plus chaque jour, via les avancées technologiques, nos démocraties ne sauront pas trancher de manière juste dans les débats de notre XXIe siècle sans un minimum d’information et de vulgarisation scientifiques. Nous aurons – nous avons déjà – des choix à faire sur le réchauffement climatique, sur les organismes génétiquement modifiés et leur utilisation pour nourrir une population mondiale toujours plus nombreuse, sur l’avenir du nucléaire, sur l’utilisation des nanotechnologies par l’industrie, sur l’invasion de la chimie dans notre quotidien, sur la sécurité sanitaire, etc. Autant de débats qu’il serait, pour certains lobbies industriels et technocratiques, tentant et commode de confisquer au public en ne l’informant pas sur ce que la science dit. »

Quand je vois ce qui se passe aux Etats-Unis avec l’arrivée au pouvoir d’un climato-sceptique (et sans doute aussi vaccino-sceptique), grand partisan des énergies fossiles et flanqué d’un vice-président créationniste, quand je vois que, dans l’Union européenne, des lobbies ferraillent pour affaiblir ou retarder les réglementations sur des produits dangereux pour la santé animale ou humaine comme les néonicotinoïdes ou les perturbateurs endocriniens, ce au mépris des constats scientifiques, quand je vois que la méfiance de la population française vis-à-vis des vaccins n’a jamais été aussi grande, j’en conclus que je n’ai malheureusement rien à changer à ce texte si ce n’est que mon combat a désormais vieilli de cinq années supplémentaires… Je n’aurais jamais pensé que ce blog atteindrait l’âge de cinq ans mais je me dis que j’ai toutes les raisons pour continuer à avancer, à informer, à défricher sans cesse ce continent fantastique qu’est la science. Avec vous, j’espère.

Pierre Barthélémy (suivez-moi ici sur Twitter ou bien là sur Facebook)


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