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Le mauvais calcul de Christian Estrosi sur les fermetures d’usines

Publié le 18 février 2014 par Marie38

Christian Estrosi, le 29 janvier à Paris (AFP/Fred Dufour)

Invité de France Info mardi 18 février, Christian Estrosi a vanté son bilan de ministre de l’industrie et a pour cela utilisé des chiffres à la véracité douteuse.

Ce qu’il a dit

« Quand une usine fermait, il y avait une autre usine qui se créait lorsque j’étais en charge de l’industrie [entre juin 2009 et novembre 2010]. Aujourd’hui, lorsqu’il y a une usine qui ouvre, il y a deux usines qui ferment. »

Pourquoi c’est faux ?

Défendre le bilan de son parti au pouvoir et attaquer la gauche, tel est le double objectif de M. Estrosi avec cette phrase. Le problème est qu’elle est factuellement fausse.

Le député UMP des Alpes-Maritimes et maire de Nice explique qu’à l’époque où il était ministre de l’industrie, soit entre juin 2009 et novembre 2010, à chaque usine fermée correspondait une usine ouverte. Autrement dit, que le nombre d’usines est resté stable sur cette période, tandis qu’il décroît fortement depuis l’élection de François Hollande en 2012.

Le problème est qu’en économie on ne compte pas des « usines », mais des établissements, qu’on classe selon leur activité.

Prenons les chiffres de l’Institut national de la statistique et des études économiques (Insee) sur le nombre d’établissements exerçant leur activité dans l’industrie manufacturière ou extractive, ce qui correspond à l’industrie, donc aux usines.

Sur les fermetures d’usines depuis l’arrivée au pouvoir de M. Hollande, il n’existe pas de chiffres de l’Insee. Un institut indépendant, Trendeo, qui comptabilise les destructions d’emplois à partir des informations données dans la presse, notamment locale, évoquait pour sa part 263 fermetures de sites industriels de plus de 10 salariés en 2013, contre 124 créations. Soit 2,12 usines détruites pour une créée. Jusqu’ici, le député des Alpes-Maritimes et maire de Nice n’a pas tort.

Davantage de suppressions que de créations d’usines entre 2009 et 2011

Mais regardons du côté de la dynamique entre 2009 et 2011, période au cours de laquelle Christian Estrosi était ministre. Au 1er janvier 2009, on comptait 226 633 établissements industriels, selon l’Insee. Deux ans plus tard, il y en avait 13 821 de plus, soit 243 615 au total. Sur ce seul critère, M. Estrosi a donc raison.

Mais ce chiffre compte tant les établissements sans aucun employé que ceux ayant plus de 2 000 salariés. Or une usine est, par définition, un endroit où l’on trouve des ouvriers, donc au moins un salarié.

Si l’on s’appuie sur ce critère et que l’on ne retient que les établissements ayant au moins un salarié, la réalité n’est plus la même : on passe de 130 327 établissements au 1er janvier 2009 à 122 734 deux ans plus tard, soit 7 593 de moins (– 5,83 %).

L’institut Trendeo, lui, adopte un critère encore différent : il considère qu’une usine est un établissement industriel de plus de dix salariés. Avec ce critère, on passe de 40 440 établissements en 2009 à 37 721 en 2011, soit 2 719 usines de moins en deux ans (– 6,7 %). Et donc pas du tout « une usine ouverte pour une fermée », comme l’affirme M. Estrosi.

On peut d’ailleurs aussi évoquer le solde net (ouvertures moins fermetures) des fermetures d’usines, qui est, pour l’année 2013, négatif de 139 selon Trendeo. Or, toujours selon Trendeo, ce solde était en 2009 de 258 fermetures, soit le double ! En 2010, il était de 75 fermetures et, en 2011, de 196. Loin de la stabilisation annoncée par M. Estrosi.

Samuel Laurent et Alexandre Pouchard


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