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Rattrapage automnal anglais : Dark Angel (2016) Bilan

Publié le 29 décembre 2016 par Jfcd @enseriestv

Dark Angel est une nouvelle minisérie de deux épisodes qui a été diffusée les 31 octobre et 7 novembre sur les ondes d’ITV en Angleterre. C’est « ange noir », c’est Mary Ann Cotton (Joanne Froggatt), une jeune femme ayant vécu au milieu du XIXe siècle et qualifiée de première tueuse en série de l’histoire anglaise. Et pour cause… elle aurait commis environ 21 meurtres, dont 11 de ses 13 enfants. Fiction inspirée d’un fait réel et directement adaptée du livre Mary Ann Cotton : Britain’s First Female Serial Killer de David Wilson, au-delà d’une simple recréation des événements, c’est aussi le portrait d’une classe laborieuse épuisée, sinon désillusionnée à laquelle nous avons droit avec Dark Angel. Le talent de Joanne Froggartt, notre femme de chambre préférée dans Donwton Abbey, est indéniable, soufflant le froid et le chaud alors qu’on essaie sans succès d’éprouver ne serait-ce qu’une once de sympathie à son égard. Notre seul regret est la trop courte durée de la série.

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Vous ne boirez plus votre thé de la même façon

Au début de la série, Mary Ann est mariée à Billy Mowbray (Tom Varey) et la pauvre femme a perdu quatre enfants en bas âge en autant d’années. Vivant dans le dénuement le plus total, c’est lorsque son mari revient boiteux du travail, donc invalide et incapable de subvenir aux besoins de sa famille qu’elle craque : elle met de l’arsenic dans son thé et il meurt quelques jours plus tard. Engagée comme infirmière, c’est dans un hôpital qu’elle fait la connaissance de son second mari, George Ward (Thomas Howes), mais après tout juste un an de vie commune, lui aussi ne peut lui assurer le confort financier dont elle rêve et il meurt dans les mêmes circonstances. Dans ces deux cas, il ne s’agit pas seulement de recouvrer sa liberté : c’est qu’à chaque mort (même chose pour ses enfants), elle touche une prime d’assurance équivalant à six mois de salaires d’un ouvrier pour l’époque. Mais c’est lorsqu’elle est embauchée comme gouvernante du bourgeois James Robinson (Sam Hoare), un constructeur naval, que son destin semble changer. Le charme opère bien entendu et ils finissent par se marier, mais ses dépenses excèdent les revenus de son mari et la mésentente est totale. Elle est priée de déguerpir et se marie une quatrième fois, tout en entretenant une relation épistolaire avec son amant Joe Nattrass (Jonas Amrstrong). Par contre, les sentiments sont éphémères et plusieurs autres meurtres surviennent, toujours grâce à son fameux mélange de thé et d’arsenic.

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Ce qu’il y a de plus ahurissant avec Dark Angel, c’est la facilité avec laquelle Mary Ann perpétue ses crimes, sans jamais éveiller la suspicion de son entourage et surtout celle des assureurs. En même temps, il faut se remettre dans le contexte de l’époque. On est loin ici de la misère des riches dépeinte à la télévision récemment dans des séries se déroulant dans le passé comme Victoria ou Doctor Thorne. En pleine révolution industrielle, les mineurs (l’entourage de la protagoniste) tombent au combat comme des mouches dans des conditions de travail désarmantes. Et avec si peu de ressources, il n’est pas non plus surprennant que la mortalité infantile soit si élevée.

Va pour le fait qu’elle ne soit pas soupçonnée par la justice et dans un premier temps, Mary Ann serait presque à plaindre pour l’état de précarité dans laquelle elle et ses pairs se retrouvent. En même temps, ses maris avaient beau être pour la plupart tous fauchés, ce n’était pas pour autant des brutes dépensant tout leur pactole aux tavernes. Un trait de caractère intéressant sur lequel la série met l’accent est l’obsession de la protagoniste de s’élever socialement. Le charme opère avec James, mais elle est la seule responsable de son discrédit et cette phrase qu’elle lui lance en dit long sur sa mentalité : « No matter how hard I try, it’s never good to your sorts. » Certes, elle est avide d’argent, mais surtout de reconnaissance sociale. Par exemple, après la mort de son quatrième mari, elle devient infirmière pour un riche négociant et fait une fixation sur son imposante bibliothèque. Du même coup, elle se met à mépriser du jour au lendemain Joe, son amant de longue date, un simple mineur. Ironiquement, le négociant et James, les plus riches de ses flirts, seront les deux seuls dont elle ne viendra pas à bout!

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Une vie si remplie en si peu de temps

ITV nous a toujours divertis avec des affaires criminelles issues de faits vécus, les derniers en date étant The Secret et The Widower; la première étant composée de quatre épisodes et la seconde, trois. C’est avec ces points de comparaison que l’on regrette que Dark Angel se soit limitée à deux seulement. C’est qu’avec tous ces mariages et ses morts, la série aurait eu assez de faits saillants pour au moins doubler son nombre d’épisodes. Conséquence, on va un peu trop vite en besogne du côté du scénario si bien qu’on a l’impression parfois que celui-ci en est encore au stade du brouillon. Par exemple, entre le moment où elle rencontre son second mari et qu’elle le tue, il ne s’écoule que quelques minutes et il n’a pas le temps de dire plus de deux lignes. À son premier rapport sexuel avec Joe, c’est à peine s’ils ont fait connaissance et on doute même qu’elle connaisse son nom, ce qui est peu crédible. Et de tous ceux qui ont croisé son chemin, c’est définitivement le personnage masculin le plus intéressant et l’on regrette qu’il sorte de scène de façon tout aussi précipitée. Plus tard, la fin de relation de Mary Ann avec James nous est mal retransmise. Étant la mère de leur enfant commun, ne pourrait-elle pas exiger une réparation financière (ou essayer d’en avoir une) après leur séparation? Et une fois partie, c’est à peine si l’on évoque sa bigamie une fois remariée. Reste le procès final une fois arrêté qui est totalement éludé et qui pourtant aurait pu nous tenir en haleine pour un épisode supplémentaire. On nous dit à la toute fin que jamais elle n’a admis sa culpabilité, mais on aurait aimé voir les talents de l’actrice se déployer dans une cour d’assises, tout comme la réaction de ses proches durant toute cette période.

Malgré sa courte durée, Dark Angel aura néanmoins fasciné les téléspectateurs puisqu’ils étaient 6,77 et 6,41 millions présents en direct pour les deux diffusions, trônant au 12e et 13e rang des programmes les plus regardés de la chaîne au début novembre. Un divertissement télévisuel malgré tout : en attendant la prochain recréation criminelle d’ITV!


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