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10, 20, 30, 40, 50 : la classe 7 en chansons

Publié le 01 janvier 2017 par Storiagiovanna @StoriaGiovanna

Pour le premier article de 2017 – que je commence le 30 décembre 2016 à 23h02, preuve que j’ai vraiment envie que 2016 s’arrête –, je ne déroge pas à la règle que je me suis imposée depuis 3 ans. Je rejoins ainsi cette veine nostalgique qui a fait dire au DJ qui a animé mon mariage : Nom de Dieu, quel âge a la mariée ?

J’en profite également pour vous souhaiter mes meilleurs vœux pour cette nouvelle année. Qu’elle soit prospère malgré les difficultés, et que vos vies ne dépendent pas davantage des influences politiques qui vont s’opérer cette année en France. Qu’elle soit aussi musicale que je le voudrais pour moi-même, que vous assumiez ce que vous écoutez, même si c’est le dernier album de Tal. Oui, valorisez Tal au lieu de la prendre pour un plaisir coupable, j’ose espérer que c’est à ce prix qu’elle évoluera dans son processus musical.

Cette classe 7 est d’autant plus importante que j’en ai deux membres dans ma famille. En effet, un de mes cousins va fêter ses 30 ans et ma grand-mère ses 90 ans si Dieu veut. J’aurais pu commencer mon exploration de la classe 7 par 1927 pour lui rendre hommage, mais je n’ai pas la nostalgie assez développée pour ça. Par contre, mon cousin est prévenu, il aura sa playlist de 30 chansons de 1987. Comme d’habitude, on verra dans ces préconisations la patte du Mari, mais je n’aurais jamais dû le consulter pour les années 1967 et 1977. Je sens qu’il va me pourrir pour le choix que je vais faire, mais pour ces deux années, le choix est suffisamment cornélien pour provoquer des scènes de ménage à la maison.

C’est parti mon kiki.

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1967 : 50 ans après

10, 20, 30, 40, 50 : la classe 7 en chansons

Chansons écoutables

Version française : Claude Nougaro, Toulouse

Non seulement parce que j’ai appris à aimer la Ville Rose et à en avoir la nostalgie ces dernières années, mais surtout parce que j’estime que ma jeunesse a été un rendez-vous manqué avec le répertoire de Claude Nougaro. J’aimerais donc lui rendre hommage ainsi en préconisant cette chanson tellement intemporelle et sans âge que je n’aurais jamais cru qu’elle avait déjà 50 ans.

Version internationale : The Jimi Hendrix Experience, Purple Haze

Are You Experienced ? a tellement marqué nos adolescences communes qu’il fait partie des albums que nous retrouvons en double dans notre foyer. Et pourtant, comme pour l’année 1966, le choix fut cornélien quant à la préconisation d’une seule chanson. En effet, entre Magical Mistery Tour et Sergent Pepper… des Beatles, Smile des Beach Boys, Their Satanic Majesties Request des Rolling Stones, l’album éponyme des Doors, My Back Pages par les Byrds…, pour ne citer que les références les plus connues, 1967 nous aura donné de sacrés documents d’archives exploitables 50 ans après pour la variété internationale.

Chansons inécoutables

Version française : Sheila, Le kilt

En 1967, les yéyés sévissaient encore en France et Sheila est encore sous influence musicale de Petula Clarke. Le problème est que, ce qui est charmant en langue anglaise devient vite tartignole en langue française, et le ring-a-ding à la Petula Clarke ne fait pas exception à la règle. Si Sheila nous raconte en plus ses voyages en Ecosse en nous dansant la gigue, on touche le fond.

Version internationale : The Beach Boys, Heroes and Villains

   «Mais qu’est-ce que tu n’aimes pas avec Heroes and Villains ?

  • J’ai l’impression en l’écoutant qu’un pervers me suit dans le noir dans la rue… J’aime pas l’ambiance, elle est malsaine…
  • C’est bien. Tu commences 2016 avec Smile, tu finis l’année avec…
  • Ta gueule !
  • Je ne te fais pas écouter Smiley Smile, parce que ta réaction sur cette chanson me donne de l’appréhension sur la réaction que tu pourrais avoir… »

La preuve que j’ai réussi mon éducation : en 3 ans et demi de relation, le Mari a appris la pitié.

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1977 : 40 ans après

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Chansons écoutables

Version française : Francis Cabrel, Les murs de poussière

Vous connaissez mon amour infini pour Francis Cabrel. Il se trouve que ma chanson préférée du troubadour d’Astaffort n’est même pas une chanson d’amour, mais une chanson à morale qui lui a valu le surnom de grand-mère à moustache par les Guignols. Malgré tout, il a su trouver les mots justes pour parler de ces élans de jeunesse qui nous poussent à parcourir la terre pour voir que ce qu’on cherchait se situait juste à côté. Tellement brillant qu’il a supplanté le Rockollection de Laurent Voulzy (bordel, 40 ans aussi) pour lequel je ressens un amour aussi conséquent, en témoigne ma crise d’hystérie au Zénith en décembre 2015.

Version internationale : David Bowie, Heroes

Avouez : me connaissant, vous auriez attendu que je poste We Are The Champions de Queen. Sauf que j’ai décidé de mettre à l’honneur une chanson que je ne peux plus désormais écouter sans ma larmichette, étant donné le contexte de 2016. Parce que cette chanson symbolise davantage la galvanisation qu’il faut parfois puiser en soi-même pour avancer dans la vie. Parce que cette chanson est parfaite dans sa structure mélodique et orchestrale, et surtout dans son propos. Il n’y a aucune faute de goût dans ces 6 minutes de bonheur.

Chansons inécoutables

Version française : Mireille Mathieu, Mille colombes

Alias la chanson pacifiste qui me donne envie de tout brûler sur mon passage. Vous allez croire que je m’acharne assez durement contre Mireille Mathieu, et vous avez sûrement raison. La chose étant que je ne supporte pas ce succédané d’Edith Piaf aussi raté que François Valéry l’est de Claude François. Qu’elle reste en Russie et qu’on arrête de faire chier la France avec, ce n’est même pas rendre un hommage honorable à Avignon que de l’évoquer.

Version internationale : Ringo Starr, Drowning In The Sea Of Love

Vous prenez le Beatle qui a le moins de charisme des quatre, dans une période où il est à la fois alcoolique et criblé de dettes, et vous obtenez ce machin aussi nanardesque qu’une copie philippine de James Bond. Quand Paulo se contente de chanter son moulin écossais, quand Quiet George se contente de produire les Rutles, quand Johnny se contente de pouponner le petit dernier, mon Ringo ne semble pas suivre la voie de l’apaisement de ses trois copains et va à contre-courant. Pour notre plus grand malheur…

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1987 : 30 ans après

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Version française : Gold, Laissez-nous chanter

J’ai une tendresse particulière pour Gold, bien que ça reste kitschissime et que ça a très mal vieilli. D’une part, ça me rappellera toujours mes journées chez ma tante et mon parrain avec ma cousine jumelle et nos copines, comme une madeleine de Proust. D’autre part, je trouve que Gold souffre d’une cruelle injustice. Je reste persuadée que le groupe toulousain a fait des chansons géniales, mais mal produites et mal orchestrées. A mon sens, si la production avait eu lieu dans une autre décennie que les années 1980, on n’aurait déjà pas eu ces claviers dégoulinants. Je remarque même avec Laissez-nous chanter un net progrès en la matière, parce qu’ils ont osé mettre des guitares électriques plus en avant dans la production, ce qui aurait déjà été pas mal pour un titre tel que Un peu plus près des étoiles.

Version internationale : U2, I Still Haven’t Found What I’m Looking For

Je préconise cette chanson trente ans après pour diverses raisons. Premièrement, elle est issue de The Joshua Tree, que beaucoup de fans considèrent à juste titre comme le meilleur album du groupe irlandais. Deuxièmement, elle est devenue au fur et à mesure de ma vie d’adulte la chanson de mon chemin de foi à la lumière de l’enseignement que m’a donné en 2005 l’évêque de mon diocèse d’origine. Lors d’une consécration d’église à laquelle j’assistais, il est venu vers moi et m’a dit : Tu sais, j’ai 71 ans et je n’ai pas encore trouvé ce que je recherchais. Continue sur ce chemin… Cela me poursuivra toute ma vie.

Chansons inécoutables

Version française : Francis Lalanne, On se retrouvera

Vous savez ce qu’il y a de plus casse-bonbons qu’une chanteuse à voix ? Un mec qui se prend pour une chanteuse à voix. Et Francis Lalanne, qui a basé sa carrière sur sa sensibilité et son accent de cagole, surpasse Hélène Ségara dans le registre de la meuf du Sud à voix « exceptionnelle » qui me fout les nerfs quand elle tire les larmes de la plupart des auditeurs tolérants. Bref, Francis, toi et moi, c’est juste pas possible.

Version internationale : Mötley Crüe, Girls, Girls, Girls

La chanson n’est pas mauvaise en soi, mais avec le clip, elle est symptomatique de ce que je reprocherai en partie à l’imagerie métal des années 1980 : ça joue les grosses queues à la gratte, et ça chouine quand ça loupe son régé chez Alfredo. Laissez chanter vos meufs, les mecs, elles au moins comprennent le métal.

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1997 : 20 ans après

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Chansons écoutables

Jean-Jacques Goldman, Le coureur

Outre des accents cabréliens dans cette chanson, je trouve qu’En passant est le meilleur album de Jean-Jacques Goldman. L’homme est en crise personnelle, mais l’artiste en profite pour un album qui sort du côté moralisateur gnan-gnan qui a fait sa popularité chez les scouts. Un album très personnel, avec des mots et des mélodies simples, comme pour exorciser cette douleur qui le tiraillait. Je ne reconnais pas d’autre album de JJG avec ce tel génie.

Version internationale : Björk, Bachelorette

On peut traiter Björk de folle, de bonne à enfermer, tout ce que vous voulez, mais il fut un temps où elle avait la grâce des fées et l’inspiration des conteurs. Alliée à la science de l’image de Michel Gondry, Bachelorette est à la fois une chanson onirique et une histoire filmée des plus étranges. C’est pour cette raison que je la préconise bien plus que des hits de la brit-pop tels que Bittersweet Symphony de The Verve ou D’You Know What I Mean ? de Oasis.

Chansons inécoutables

Version française : Poetic Lover, Prenons notre temps

Je me suis déjà expliquée dessus à plusieurs reprises. Il y a quelque chose que je ne comprends toujours pas, c’est : pourquoi les mecs se sentent obligés de plagier les Boyz II Men jusqu’à leur prononciation de mots français ? Sérieux, il y a un accent spécifique à Noisy-Le-Sec où, si tu ne prononces pas sucreÿ, tu te prends une balle dans la tête ? C’est quoi le projet ? Prévenez-moi que je n’y passe plus en 143 ! Bref, un grand moment entre la rigolade et la circonspection.

Version internationale : Spice Girls, Stop

Je n’aime vraiment RIEN des Spice Girls. Cette chanson est tellement… affligeante qu’elle ne mérite même pas la nationalité anglaise. Stop, c’est ce que j’ai dit dès l’introduction.

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2007 : 10 ans après

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Chansons écoutables

Version française : Zazie, Je suis un homme

Non seulement parce que Zazie sait écrire des chansons au top, mais surtout parce qu’elle a réussi à émouvoir le chef d’une tribu reculée de Papouasie-Nouvelle Guinée qui a avoué ne rien comprendre aux paroles, mais qu’il avait compris une dimension émouvante dans la chanson. Bref, le meilleur alliage entre la force mélodique et la frappe des mots.

Version internationale : M.I.A, Boyz

J’ai découvert Kala à retardement – en gros, grâce à Ladies Room, soit deux ans après sa sortie –, mais il est vite devenu un de mes albums lorsque j’évoluais sans entraves sur le bitume parisien. Même si j’ai moins suivi ce qu’elle a fait après M /\ Y /\ (2010), M.I.A. fait que je reste nostalgique d’une certaine époque, quand je sautillais dans la rue.

Chansons inécoutables

Version française : Koxie, Garçon

Certes, c’est la première chanson qui nous a sensibilisées au harcèlement de rue, mais 10 ans après, j’ai l’impression que Laure Cohen de son vrai nom a voulu jouer à qui pissait le plus loin. D’où l’aspect agaçant de la chanson que je dénonçais déjà à l’époque. Bref, elle a bien fait d’abandonner le rap game pour se lancer dans la matinale format ado sur Virgin.

Version internationale : Mika, Grace Kelly

Ceux qui disent que le chanteur libano-américain avait le potentiel pour devenir aussi énorme que Freddie Mercury ont raison, vraiment. Sauf que, dès le début de sa carrière, il a gâché son potentiel en faisant par exemple ce genre de sucrerie. D’autre part, je pète un plomb dès que j’écoute Life in Cartoon Motion pour cause d’écoute répétée et intempestive au sein d’une collocation rennaise en mai 2007. J’avais l’impression que les filles qui m’accueillaient n’avaient qu’un seul disque qui tournait toute la journée. Agaçant.

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Bref, bonne année 2017, qu’elle puisse vous apporter la santé (car c’est important, la santé) et la paix. A bientôt pour de nouvelles aventures musicales.



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