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Paterson, film de Jim Jarmusch

Publié le 06 janvier 2017 par Onarretetout

Paterson

Une vie réglée comme des horaires de bus dont le conducteur (Adam Driver - le réalisateur a-t-il choisi cet acteur pour son nom ?), ne laissant presque rien paraître sur son visage, écoute les conversations, regarde les gens, les murs de briques, les arches, les chutes d’eau… Et écrit dans un carnet secret. Il ne dit pas de lui qu’il est poète : c’est sa femme (Golshifteh Farahani) qui le lui répète chaque jour, lui demandant de promettre d’envoyer ses poèmes secrets à un éditeur. La poésie qu’il veut bien lire ou dire est celle des autres, de William Carlos Williams, par exemple, qui a vécu à Paterson (dont il a fait le titre d’un de ses recueils), ou celle d’une petite fille rencontrée près des usines. Paterson, c’est son nom et le nom de la ville qui a vu passer de nombreuses personnalités, dont les photos tapissent le mur du bar où il vient chaque soir, laissant son chien sur le trottoir. Il y parle avec le patron des cupcakes que sa femme Laura va vendre samedi au marché et du concours d’échecs, il y côtoie des gens, Everett raide dingue d’une Marie qui n’en veut pas… Il vit en poésie. Laura est le prénom de l’aimée d’un certain Pétrarque. Laura se réveille chaque matin au frôlement d’un baiser de son homme et lui dit le rêve qu’elle était en train de faire et qu’elle voit comme un oracle. Chaque jour, pour elle, est une nouvelle aventure : de nouveaux rideaux, une guitare, tout en noir et blanc. C’est elle qui accroche une image de la chute d’eau où, chaque jour, Paterson vient écrire quelques lignes dans son carnet secret. Paterson lui-même n’écrit pas à ce propos mais ses vers sont pleins de son quotidien banal : le fait qu’il les écrive sort le quotidien de la banalité, de sa répétition. Il y a de la fluidité dans ce film, celle de la circulation dans laquelle le bus s’engage chaque matin, celle des aiguilles d’une montre, celle des mots qui s’affichent sur l’écran.

Et on rencontre dans ce film les noms d’Abbott et Costello, deux acteurs burlesques des années 1940-1950 (dont la phrase « Who's on First ? », Who étant le nom d'un personnage d'un de leurs films, est reprise ici) qui sont passés par Paterson, et dont la photo est collée sur le mur du bar. Or, Abbott et Costello sont les noms que Louise Banks et Ian Donnelly donnent aux extraterrestres dans le film « Premier contact »…


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