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Philosophie, politique, arts, danse, foi...: noblesse de l'acte créateur. Entretien avec Roger Garaudy

Par Roger Garaudy A Contre-Nuit

Philosophie, politique, arts, danse, foi...: noblesse de l'acte créateur. Entretien avec Roger Garaudy

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roger garaudy :
noblesse
de l'acte créateur Entretien avec Sylvio ACATOS
Revue suisse «Construire» No 9 du 26 février 1975 «pOUR moi, être un homme, c'est participer à la réalisation d'un projet qui me dépasse. Je suis alors sauvé, au sens vrai du mot:- Sinon, je suis damné. Je n'ai pas lutté contre la mort. Je disparais tout entier si je me suis enfermé, durant ma vie, dans les limites de ma propre.peau. Quand je parle d'un projet me dépassant, je n'envisage nullement une conception élitiste. Je ne-pense pas que seuls les grands créateurs aient la possibilité d'accéder à cette «immortalité». Dès que je transcende mes intérêts' immédiats, égoïstes, soit dans, une oeuvre d'art, une Recherche scientifique ou technique, soit dans le moindre sacrifice personnel, ce que j'ai fait s'inscrit pour toujours dans la grande aventure de l'espèce. Je me suis exprimé dans le domaine de la philosophie, de la politique, de la danse, de l'art. A mes yeux, ce ne sont pas des activités différentes. Ce qui caractérise l'homme du point de vue de son intériorité, c'est le Centre de jaillissement, le centre dé création, ce que j'ai appelé ailleurs l’émergence poétique de l'homme. Je le répète, la création peut se traduire par une réflexion philosophique, un combat politique, une réflexion esthétique - j'entends par esthétique non une métaphysique du beau mais une réflexion sur l'acte créateur. Je crois que la création artistique sera finalement le prototype de la création politique
dans la mesure où l’on donne au mot «politique»
son sens noble, c’est-à-dire : la politique
n’est pas simplement l’ensemble des
moyens qui permettent de gouverner,
mais d’abord une reflexion sur les fins de l’homme.
Il ne faut pas que je sois seulement
la résultante ou le produit des conditions qui m'ont engendré. Par mon acte, je serai autre chose et quelque chose de plus. Il me semble que nous vivons une seule et même réalité humaine: justement ce jaillissement de création. Je ne crois pas qu'on puisse dire: «je crée», mais «la création se fait en moi». De même, le monde se pense en moi. L'autre s'aime en moi. Voyez - vous, c'est le contraire d'une perspective individualiste. Nous sommes d'autant plus humains que nous ressemblons davantage aux autres. Le"grand péché de la civilisation occidentale, surtout depuis la Renaissance, a été d'avoir trop cultivé cette notion de l'individu dans sa différence. De ce point de vue le « Je pense, donc je suis» de Descartes est l'une des plus grandes perles du sottisier occidental. Comme si tout commençait par «je»! Le «je» ne peut s'affirmer qu'au terme. D’un long effort pour émerger du «nous».,Et que signifie «je pense»? La pensée n'apparaît pas sous une forme personnelle, que je sache. Et puis elle n'est pas la seule activité de l'homme. Essayez de tirer une esthétique de l'oeuvre de Descartes. C'est impossible. L'acte créateur, n'a pas sa. place dans cette pensée purement conceptuelle. Voulez-vous trouver une compréhension de l'amour? Vous devez vous rabattre sur ce traité de mécanique qui s'intitule curieusement: «Le traité des passions de l'âme». Ce n'est pas l'homme que nous avons là, mais une caricature.»
«La liberté, c'est l'amour ... la création … Toute autre définition me semble une pure abstraction. La liberté telle que la conçoit par exemple Sartre, c'est-à-dire le pouvoir de l'homme de dire non, ne m'intéresse pas. Pour moi, la liberté ce n’est pas un refus, mais une adhésion, une création. Il n'y a pas de liberté sans l'acte de se dépasser. Etre prêt à faire le sacrifice de son action, de son être, au profit de l'autre... Cet amour est l'expression de la réalité la plus profonde de nous-mêmes. Cette «Le militant syndical qui cherche à. sortir de ses intérêts égoïstes je l'appelle créateur.»
Philosophie, politique, arts, danse, foi...: noblesse de l'acte créateur. Entretien avec Roger Garaudy
réalité qui, justement, ne permet pas de dire: «je pense» mais «nous aimons». C'est ainsi que tout commence, D'ailleurs, je Crois que l'amour et la création sont une seule et même chose. N'y a-t-il pas création lorsque je sors de moi-même pour aller vers l'autre? Par conséquent si l'amour est la réalité première, la création n'est qu'un aspect de cet amour.»
«Je considère que 1'homme n'est véritablement homme que dans le dialogue avec le dieu-poète, Je refuse un dieu extérieur à nous, qui se définirait par concepts. Dieu fait. Il est une source, un acte en nous.. Je dis que ce dieu se manifeste chaque fois que quelque chose de neuf apparaît au sein de l’humanité, que ce soit unevrévolution, un acte d’amour, une oeuvre d'art, une invention scientifique. Chaque fois que quelque chose
ne résulte pas du passé.
C’est le dieu-poète qui crée, aime en moi. Si vous voulez, il est la dimension
fondamentale de l'homme.
Foi en l’homme
ou foi en Dieu: c'est la même. Bien sûr, c'est une idée très chrétienne de dire que Dieu est amour et qu'une vie réellement humaine a nécessairement cette mesure divine, c'est-à-dire: aucun de mes actes créateurs ne peut s'expliquer simplement à partir des causes ou des conditions déjà existantes. La transcendance n'est pas un événement miraculeux. Elle appartient au quotidien.»
«Souvent ce que nous appelons réalité a reposé sur sa conception positiviste, dans laquelle le possible ne faisait pas partie du réel, parce que l'homme n'y avait pas sa place. On négligeait l'action humaine. Les sciences nous ont montré que nous ne pouvions pas définir une réalité sans l'homme qui la pense ou la regarde. En physique, impossible de décrire un noyau atomique indépendamment de l'observateur. Voyez le cosmos, par exemple. Nous en avons eu des visions si différentes que je serais bien en peine de le définir dans son en-soi. Je ne peux essayer de le définir, qu'à travers la série de représentations que les hommes s'en sont fait au cours des siècles. Réintégrez l'homme dans la nature, avec ses projets et ses modèles, vous avez alors un fourmillement de possibles d'où émergera un seul réel. La réalité, c'est l'ensemble des possibles et de ce qu'il est convenu d'appeler le réel N'oublions jamais ceci : cette réalité n'a un sens unique que lorsque nous considérons le passé. Quand nous envisageons l'avenir, nous avons un éventail de possibles. Si nous voulons défataliser l'avenir, c'est-à-dire refuser- de croire que nous sommes soumis à un destin unique, si nous recherchons les responsabilités, il faut d’abord défataliser l'Histoire, et prendre conscience que cette Histoire unique a émergé, elle aussi, d'une multiplicité de possibles. L'Histoire à toujours été écrite par les vainqueurs. Ils ont toujours cherché à démontrer que leurs victoires étaient fonction de leur supériorité culturelle. Et vous avez l’impression d’une nécessité. Mais il n’y a pas plus contingent qu’une
hégémonie. Le massacre des civilisations
précolombiennes par les Espagnols
ne s’explique pas par la grandeur
d'une culture mais.par la possession du cheval et d’une arme à feu. La possession, d'une arme est une pure contingence. Hîroshima est une contingence historique, non la preuve d'une suprématie intellectuelle.»
Nous ne sommes pas programmés pour l'éternité. Cependant, lorsque je me tourne vers le passé, que j'observe le cheminement de l’homme,
je lui trouve en effet un déroulement
cohérent, mais à partir d’une série d’actions
contingentes. Cohérent ne signifie pas
unilinéaire. L’Histoire a des reculs, des zigzags.
J’ignore où nous allons. Sinon, je vous
ramènerais au destin. Nous pouvons
aller vers l’anéantissement. Nous en avons les moyens, techniques à l'heure actuelle. Il n'est pas exclu que l'épopée humaine commencée il y a des millions d’années prenne fin brutalement Mais ceci ne priverait pas de sens notre histoire. Rien ne peut faire qu'elle n'a pas été.» Ce que je retiens dans le marxisme,
c’est la liaison entre la théorie et la pratique

Nous assistons aujourd’hui à la faillite
des prétentions de Descartes et
de Faust. Descartes nous a parlé d'une science qui nous rendrait possesseurs de la nature. Cette nature, nous l'avons détruite. Et là nature de l'homme elle-même a été transformée par la manipulation
psychologique des mass-media.
Les rapports de l'homme avec la nature, avec autrui, avec son avenir ont été, à mon avis. falsifiés par une certaine conception de la science qui en réalitén'est pas la science, mais la science occidentale. De nos jours, nous avons besoin d'une sagesse plus générale qui définisse de nouveaux rapports. Des rapports avec la nature, non de conquérants mais d'amoureux; avec l'homme, non individualistes ni totalitaires, mais communautaires. Des rapports qui ne soient pas extrapolation mais création. Pour cela, ta philosophie occidentale ne suffit plus. Nous devons rechercher le' dialogue avec les civilisations.»
«La raisonJ est toujours le résidu
d’une imagination qui peu à peu a créé
des formes de plue en plus riches de
raison. Le syllogisme, la mesquine
logique formelle, puis la conception dialectique
de cette logique, ensuite la dialectique au sens
où l'entendait Bachelard...
Nous avons une évolution de la raison. En réalité, la raison n'est que le bilan provisoire des conquêtes de la rationalité. Lorsque les jeunes en mai 1968 scandaient: «l'imagination au pouvoir», ils employaient le maître-mot de l'homme. L'imagination, c'est la création de l'utopie. Dès que vous perdez l'utopie, vous devenez conservateur. Ces Messieurs de la Sorbonne qui ont fondé des chaires de politologie veulent faire de la politique scientifique; ce n'est qu'une apologétique du pouvoir établi. Rappelez- vous Auguste Comte: ordre et progrès. Quel minable rationalisme! La raison ne sert qu'à justifier un ordre. On parle de socialisme scientifique. Qu'entend-on par là? Un socialisme qui serait scientifique dans ses fins et non seulement dans ses moyens? On demande
alors à la science ce qu'elle ne
peut nous donner, c'est-à-dire des finalîtés.
Car il y a un choix qui doit se
faire, un risque à prendre, c'est là qu'intervient l'imagination, l'utopie. J'entends par utopie un modèle qui nous permet de déterminer le présent à partir de l'avenir, alors que d'ordinaire nous faisons l'inverse. Je donne au mot utopie son sens noble. Il ne s'agit nullement de cette utopie abstraite, celle qui ne cherche pas les conditions de sa
réalisation. Marx par exemple n’a jamais
condamné l’utopie, c’est-à-dire
l'utopie concrète qui est simplement
l’anticipation créatrice de l’homme,
à partir de laquelle il va déduire les
moyens de lui apporter la vie. Ainsi, le programme Apollo: le projet d'aller sur la lune a été conçu a priori, à un moment où aucune condition n'existait pour le réaliser. Eh! bien, on a commencé par le futur, on a créé les conditions
nécessaires. Vous voyez que
l'utopie n'a rien d'irréaliste. Elle appartient au réel. L'homme fait le réel. Il invente le futur à coups d'utopies. Autrement dit, la vérité-de demain, c'est la folie d'aujourd'hui.»
«L'art répond au besoin le plus généraL
celui de l'homme dé s'affirmer
comme homme, être transcendant. L'oeuvre d'art me renvoie mon image de créateur. «L'art est le plus court chemin d'un homme à un autre.» Cette belle formule
est de Claude Roy. Le concept
vous fait toujours passer par le détour d'une chose. Il ne sert qu'à raconter, qu'à expliquer les choses. Je n'aime pas un art qui se veut démonstratif, propagandiste. Si je désire me renseigner sur la reddition de Bréda, je peux lire le; plus médiocre des historiens, il m'en apprendra davantage que le célèbre tableau de Vélasquez. Mais Vélasquez m'apporte quelque chose d'irremplaçable
qu'aucun historien, même génial, ne
saurait me donner: le sentiment direct d'une humiliation, d'une grandeur. Evidemment, cela exige que nous ne considérions plus que tout ce qui n'est pas réductible au concept n'existe pas. Ce qui est le postulat maléfique depuis Socrate, cet être anormal, depuis Platon,
cet homme maudit, depuis Descartes,
cette catastrophe des temps modernes.
Je me méfie terriblement de la logique, de la raison. Le concept ne permet pas l'accès à l'homme.»
- Mais vous êtes un penseur. Non. un peintre par exemple… - Je ne suis pas peintre, je le regrette.. C'est pour cela que je réfléchis sur la peinture des autres. - Vous utilisez beaucoup le concept - Oui, mais c'est une infirmité, Althussèr considère le concept comme une loi, cela m'exaspère. On ne s'en vante pas quand on est l'homme du concept. C'est comme si l'on se vantait d'être cul-de-jatte, . - Vous auriez voulu être un artiste? - Bien sûr... Je l'ai souvent dit: quand on ne peut être ni peintre, ni musicien, ni danseur, alors on se fait philosophe et on analyse les créations d'autrui. Ce qui m'effraie, c'est cette prétention à la philosophie dite rigoureuse, Rien n'est plus absurde. Spinoza, un- des hommes que j'admire le plus, nous expose avec minutie sa philosophie: théorème, corollaire, démonstration, lemme. etc. Qu'est-ce qui a le plus vieilli ? C’est justement cette forme prétendue rigoureuse. Qu'est ce qui reste? Le poème, cette vision merveilleuse de l’homme qui se saisit à l'intérieur du tout. Un philosophe n'est grand que dans la mesure où il est poète. - Et Marx, c'est un poète? - Mieux, c'est un prophète.Il n'a utilisé le concept qu'au niveau des «L'homme fait partie du réel,
donc le possible fait partie du réel »
moyens. Je ne le conteste plus alors. Qu'on ne fasse pas de moi l'ennemi des sciences et des techniques. Marx a dit clairement que ses démonstrations
n'auraient de valeur que
jusqu'à une époque déterminée. Plus tard, lorsque certaines conditions se seraient réalisées, elles seraient caduques. Sans doute -son économie politique est-elle dépassée, sauf, bien sûr, si vous voulez étudier l'histoire de l'économie anglaise au 19e siècle. L'essentîel est de s'apercevoir qu'elle était la vérité de cette époque. Mais elle n'est plus la vérité de la nôtre. Répéter Marx, c'est être dogmatique. Pendant 50 ans, on a continué d'analyser le capitalisme de la même manière. Mais les contradictions changent! Ce qui fait de Marx un homme de génie, ce n'est pas qu'il ait parlé pour l'éternité, mais qu'il ait compris son temps comme personne d'autre. Essayons de comprendre aussi bien le nôtre. En chaque moment, Lénine reconstruisait sa conception de la Révolution en fonction des rapports de force instables. En cinq mois, entre avril et octobre 1917, il a développé cinq points différents. On a l'impression qu'il se contredit. Mais non! Il savait répondre à des problèmes différents. Il savait se dépasser. Il y a ceux qui se réfèrent sans cesse à l'évangile: Jésus a dit... mais quand? Pourquoi? Dans quelle situation? Si nous affirmons que l'évangile a une valeur éternelle d'éveil, c'est parce que nous ne répétons pas ses formules, mais que nous tâchons de revivre dans la vie d'aujourd'hui ce qui a été vécu autrefois. Jésus est un homme d'éternité car il a ouvert une brèche dans l'Histoire. Il nous a enseigné comment l'ouvrir dans la nôtre. C'est cela être chrétien. 1 faut revivre non l'expérience créatrice des autres, mais le mouvement qui les a portés. i «La vérité... Elle n'est pas la copie d'une réalité déjà existante. Je crois que la vérité, c'est ce qui résulte d'une initiative de l'homme, d'un projet .humain, et de sa rencontre avec un certain nombre de résistances. Toute vérité est liée à une hypothèse. L’histoire des sciences montre qu'il en est ainsi. Considérons les théories de la lumière: Lucrèce a élaboré la théorie de l'émission; elle explique un certain nombre de faits, par exemple l'ombre portée. Passent quelques siècles. On s'aperçoit que la théorie de Lucrèce n'élucide pas le phénomène des interférences.
Maxwell développe alors la théorie
ondulatoire ; tout l’acquis ancien est intégré
dans cette deuxième théorie. Cependant d’autres
phénomènes restent inexplicables,
en particulier la discontinuité dans
la propagation de la lumière. Naît une
troisième théorie, celle des quanta, dans
laquelle se retrouvent tous les éléments des
deux théories précédentes plus, évidemment,
les nouvelles découvertes.
La vérité est un cimetière d’hypothèses.
Une vérité c’est une hypothèse provisoirement
vérifiée. Il n’y a pas de vérité définitive.
Personne ne détient la vérité. Personne n’est
un fonctionnaire de l’absolu

«Depuis des siècles, l’homme oublie son corps... Encore Descartes. A la suite des Grecs, il a établi de manière radicale, la séparation de l'âme et du corps. La danse, c'est 1a réhabilitation du corps. Platon méprisait le Corps.Le christianisme a abondé dans ce sens avec la théorie de l’immortalité de l'âme. Allons, cette vie-là n'a pas tellement d'importance, l'essentiel se jouera ailleurs, négligeons le corps, cette guenille «La foi n'est possible que dans la mesure où vous avez le sentiment que les concept» ne suffisent pas. » une autre vie nous attend, Mais c'est réduire à néant la vie terrestre, c'est la dévaluer, c'est la résignation, la source du conservatisme, de la déshumanisation... Par la danse l’homme retrouve sa plénitude. Il est une totalité. La danse incarne un rapport nouveau avec la nature. Le corps ne fait plus qu'un avec ce qui l’entoure. A la limite, c'est la nature; entière qui est mon corps. La danse signifie aussi
un rapport fondamental avec les autres
hommes. Je n’analyse pas. Je regarde
danser. Et j'éprouve directement dans mon corps ce que le danseur ou la danseuse veut me dire . Je ne raisonne pas. La danse ne nous manipule pas, elle nous entraîne. A une célébration. La danse se pratique souvent en groupe. On voit bien alors que la technique reste secondaire, elle n'est plus qu'un moyen, eue est à sa juste place, elle ne prétend pas ce substituer, aux fins. Nos gestes ne sont pas commandés du dehors, ils viennent du plus profond de nous-mêmes. Enfin, la danse est on nouveau rapport avec le «acre. J'imagine mal une danse qui ne serait pas à la fois érotique et mystique, c'est-à-dire qui ne soit pas seulement la forme la plus sensible de mon rapport avec l'autre, mais aussi de mon rapport avec tous les autres. Dans toute danse, à mon avis, il y a toujours un commencement de liturgie... même si c'est la liturgie de l'amour individuel, l'amour au sens religieux du terme comme réalité fondamentale du monde. Danser sa vie... c'est surmonter ses aliénations. Voilà pourquoi la danse, pour moi, est une morale. Je suis persuadé que l'art prendra la relève de la morale, lorsque la morale ne consistera plus à obéir à des règles pour les' appliquer, mais à inventer les règles. De ce point de vue, la danse invente la règle-de l'acte. Actuellement, la danse dite classique est contestée. Nous avons là quelque chose d'intermédiaire entre la technique et l'art. Certains gestes sont préfabriqués. Je ne dis pas que ce soit mauvais ... à condition que la technique demeure conçue comme telle. Dans la danse, la technique pour la technique, c'est la mortification de la danse.»

Philosophie, politique, arts, danse, foi...: noblesse de l'acte créateur. Entretien avec Roger Garaudy

Chez lui en octobre 1979. Photo J.A. Pavlovsky/Sygma


«Aurais-je dansé ma vie?... Oui, je crois... Je ne me suis pas trop laissa influencer... Il n'y a pas de quoi être fier d’une vie... Disons que j'en suis content... J'ai eu la chance de faire à peu près toujours ce qui me plaisait. Même en prison. Si l'on mesure la réussite d'une vie par les joies qu'on en a retirées, je n'ai pas à me plaindre... Je peux m'en aller du banquet en remerciant mes hôtes. J'ai bien mangé, j'ai bien bu.»
Sylvio Acatos
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Migras, Zurich Rédaction:
Charlotte Hng, rédactrice en chef
Gabriel BoUlat - Louis Bcwey
Maurice L. Wettriy
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