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Les inoubliables de Jean-Marc Parisis

Par Artemissia Gold @SongeD1NuitDete

⭐ Les inoubliables de Jean-Marc Parisis

Les inoubliables de Jean-Marc ParisisNombre de pages : 242 pages Éditeur : J'ai lu Date de sortie : 4 janvier 2017 Langue : Français ISBN-10 : 2290130087 ISBN-13 : 978-2290130087 Prix Éditeur : 7,10
Disponible sur Liseuse : Oui

Son résumé :

Une photo trouvée par hasard : cinq enfants juifs réfugiés à La Bachellerie pendant la guerre, arrêtés par les Allemands puis déportés avec leur mère après l'exécution de leur père. Ce beau village en Dordogne, l'auteur le connaît bien pour y avoir passé de longues vacances chez ses grands-parents, des années plus tard. Des jours de joie cernés d'un silence : on ne lui avait rien raconté de cette rafle de mars 1944, de ces hommes fusillés au village, de ce château incendié cachant des toiles de maîtres, mystérieusement disparues. Jean-Marc Parisis revient alors sur les lieux, enquête et retrouve Benjamin Schupack. À quatorze ans, Benjamin a pu échapper à la tragédie qui emporta sa mère, son frère cadet et une grande partie de sa famille. De cette rencontre essentielle naît un récit croisant l'Histoire et l'introspection, doublé d'une réflexion sur ce qui lie les êtres et les lieux dans le temps.

Comme beaucoup d'entre vous qui avez cliqué sur cette chronique, sans doute attirés par la photo de ces cinq enfants, ma première découverte de ce livre a été sa couverture. Intrigante. Une photo en noir et blanc sur fond rouge. Et puis le résumé nous en dit un peu plus sur qui ils sont. Nous apprenons ainsi qu'ils sont juifs, qu'ils vivaient dans un petit village de Dordogne à une période où il ne faisait pas bon être juif en France.

Vous vous êtes peut-être déjà demandé comment vos grands-parents et/ou arrières-grands-parents avaient vécu cette période sombre ? Vous vous êtes peut-être déjà demandé ce qui s'était passé dans leurs villages ? On vous a peut-être déjà raconté ? Ou peut-être pas. Les grands-parents paternels de l'auteur vivaient dans un petit village en Dordogne, vous savez, un de ces petits villages où on garde nos souvenirs de vacances d'enfants, à jouer avec nos frères et soeurs ou nos cousins. De l' Occupation on ne lui avait jamais rien raconté, il savait juste que des résistants et des juifs avaient été fusillés en haut du village par des allemands et que ces mêmes allemands avaient mis le feu au château de Rastignac à côté, pas de détails, rien de plus que ces quelques mots qui ne peuvent pas faire sens dans la tête d'un enfant mais qui restent gravés quelque part.

Et puis un jour en faisant des recherches sur les déportés, Jean-Marc Parisis trouve cette photo. Cinq frères et soeurs nés à Strasbourg et arrêtés à La Bachellerie. Le village de son enfance mais le leur aussi. Il entreprend alors un voyage dans le passé pour comprendre et retracer la route de ceux qui l'ont précédés, ceux qui ont couru avant lui dans les rues du village et qui ont joué là-bas. C'est un autre enfant de l'époque, Benjamin Schupack, qui va l'aider à lever le voile. Basé sur son témoignage ainsi que celui d'autres anciens habitants et sur ses très nombreuses documentations, Jean-Marc Parisis nous offre dans Les inoubliables un bout de leur histoire et de celles de La Bachellerie et plus généralement de la Dordogne, des alsaciens réfugiés loin de chez eux, des natifs accueillant ces étrangers.

J'ai ouvert Les inoubliables sans savoir que j'allais en apprendre autant et j'ai été impressionnée par la quantité d'information que l'auteur est parvenu à rassembler. Il nous livre ici les faits tels qu'ils se sont produits ou tels qu'on pense qu'ils se sont produits, s'appuyant notamment sur des documents officiels. Le témoignage de Benjamin est le fil conducteur du récit et il a parfaitement réussi à le mettre en forme pour que le tout soit fluide. Alors oui, il m'est arrivé parfois d'être submergée de détails mais l'ensemble est extrêmement bien construit. Il est impossible de rester stoïque pendant la lecture, la plume de l'auteur est à la fois poétique et percutante.

" Apprenti en analogies, je bricolais des images sans toujours les noter, tel ce vers tombé du ciel un soir que je mélancolisais devant les étables aux brebis : " Le vent, la nuit, c'est l'haleine des étoiles. " Quarante-ans après, c'est la première fois que je l'écris noir sur blanc. Les premières phrases, comme le premier amour, on s'en souvient toujours. "

" La semaine suivante, l'école reprendrait à La Bachellerie, une fleur fichée dans l'encrier des enfants absents. "

" [...] Au bout de chaque petite peur de l'enfance se profile, tapie dans le noir, la grande peur de mourir. [...] Parfois j'avais peur, et quand la peur était trop forte, je l'avouais, et l'on me répondait : " Rassure-toi, il ne va rien t'arriver ". Et en effet, il n'arrivait rien, le danger n'était jamais vécu, seulement imaginé. [...] Ma peur n'était rien, la leur était tout. [...] Ils ont vécu la mort avant de mourir, ils sont morts avant d'être assassinés. "

Vous l'aurez sans doute compris, si je ne peux pas dire que j'ai " adoré " ma lecture comme je ne peux pas non plus dire que c'est un " coup de cœur ", car on ne peut pas " adorer " un sujet si lourd, je peux en tout cas vous assurer qu' il m'a donné un coup au cœur. Evidemment je vous le recommande chaudement.

Les inoubliables de Jean-Marc Parisis

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