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Clerks

Par Tinalakiller

réalisé par Kevin Smith

avec Brian O'Halloran, Jeff Anderson, Jason Mewes, Kevin Smith, Marilyn Ghigliotti, Lisa Spoonauer...

Comédie américaine. 1h32. 1994.

sortie française : 9 novembre 1994

Movie Challenge 2017 : Un premier film
Clerks

Dante est caissier dans une épicerie du New Jersey. Randal est employé dans le vidéo-club voisin. Les deux amis débattent regulièrement des sujets les plus divers. Et parfois, la routine laisse place à des journées pour le moins étonnantes...

Clerks

Clerks (en VF Clerks - Les Employés Modèles) est le premier long-métrage de Kevin Smith (de lui, je n'avais vu que Dogma dont je garde plutôt un bon souvenir) qui marque aussi le premier opus du View Askewniverse : il s'agit de l'univers crée par Smith lui-même, donnant ainsi une continuité entre la plupart de ses œuvres. On retrouve alors certains points communs entre la plupart des longs-métrages de Kevin Smith, notamment en ce qui concerne certains personnages clés, comme Jay et Silent Bob, qui dealent de la drogue devant le Quick Stop, une petite épicerie se situant dans le New Jersey. Clerks met en scène deux employés de cette épicerie, Dante Hicks et Randal Graves. Il s'agit d'un film fauché (ce qui explique principalement l'utilisation du noir et blanc, pas forcément là à l'origine pour des raisons esthétiques) où, pour la petite anecdote, la bande-originale a coûté plus cher que le film lui-même (fait assez rare voire même exceptionnel dans l'histoire du cinéma). Il faut aussi savoir que Kevin Smith travaillait dans le fameux Quick Stop du film pendant le tournage (il tournait les scènes de 22h30 à 5h30). Même si ça n'excuse pas tout, loin de là, ce côté très simple, fait artisanalement, entre potes, rend Clerks très sympathique. Il n'y a pas que ça qui rend ce film sympathique : il l'est, tout simplement, par son ton, ses personnages qui sont de véritables losers (et leurs interprètes, pas nécessairement très connus, surtout à la sortie du film, sont également très bons). Je ne sais pas trop pourquoi mais cela m'a fait penser par moments aux films de Tarantino, surtout à ses débuts. Cela dit, je ne parviens pas à comprendre le statut culte de Clerks (qui a même eu droit à sa suite en 2006) qui me semble un peu surestimé. Certes, l'humour reste toujours quelque chose de discutable et surtout de très personnel. J'ai conscience que je ne suis peut-être pas sensible de base à un humour assez gras, pour ne pas dire lourd et/ou vulgaire. Ca m'a parfois fait rire, parfois (et surtout sourire) mais ce n'est pas pour moi la comédie la plus drôle que j'ai pu voir de tous les temps ni plus généralement la plus réussie. Clerks, qui a quelque chose de grunge par moments (ça doit être lié à son époque), est un film multipliant les références de la culture geek (ce qui peut expliquer en partie de ce statut de film culte). Surtout, et étonnamment, la plus grande référence à retenir est celle à la Divine Comédie de Dante : un des personnages principaux se prénomme donc Dante (comme vous l'aurez constaté) et le film est construit en neuf scènes, en parallèle des neuf cercles de l'Enfer, du texte de Dante.

Clerks

Le scénario est donc faussement construit à partir de cette structure dantesque (le quotidien de ces deux employés est aussi un enfer mais d'une grande et banale médiocrité) en réalité il manque cruellement de consistance, l'écriture paraît alors bancale. Il s'agit plus d'une succession de scènes sans réels liens entre elles (en tout cas il s'agit de mon impression générale), on peut même parler par moments de films à sketchs (même si ce n'est pas tout à fait le cas techniquement parlant mais en tout cas il n'y a pas réellement d'intrigue). Du coup, par moments, j'étais " perdue " dans le sens où je ne réussissais pas réellement à m'intéresser au sort des personnages, à leurs problèmes (ou non-problèmes dans un sens). Il y a même des moments où j'oubliais que l'intrigue se déroulait sur une seule journée ! Je ne me suis ennuyée mais le rythme n'est pas non très soutenu, ce qui ne m'a pas non plus aidée à apprécier pleinement ce film qui se veut anecdotique. La mise en scène, même si elle paraît simple, est finalement plus efficace et réussie que le scénario pourtant tant vanté, surtout par ces quelques scènes clés assez marquantes. Ce qui saute aux yeux ? Les nombreux plans fixes. Kevin Smith (qui incarne donc le fameux Silent Bob) parvient bien à montrer un certain malaise chez les personnages, littéralement immobiles et qui ne comptent pas se sortir de cette situation misérable. On est finalement loin du côté geek cool comme on a tendance à le voir un peu partout depuis (que ce soit au cinéma ou à la télé) maintenant pas mal d'années : les situations ont beau être cocasse, les personnages présentés sont assez réalistes, voire même assez fatalistes. Quelque part, j'ai même envie de dire que j'ai davantage retenu cette noirceur que tous les procédés comiques, même si j'imagine, en me mettant dans la peau d'un fan, que c'est justement cette combinaison entre la culture geek et la noirceur qui sont à l'origine du succès de ce long-métrage. Le noir et blanc n'avait peut-être pas à l'origine d'intérêt esthétique, il faut pourtant constater qu'il est aussi à l'origine de ce malaise présent tout le long. Clerks a certainement ses qualités, qui fait son petit effet (j'imagine qu'il n'aurait pas rencontré ce succès), pas déplaisant en ce qui me concerne mais je ne suis pas non plus totalement emballée par le résultat final même si certains éléments de mon ressenti trouvent leur place dans ce qu'a voulu raconter Kevin Smith dans ce petit long-métrage qui a le mérite d'être sans prétention.

Clerks

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