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Des galeries d’art sous l’Occupation : dialogue entre une chercheuse et un galeriste

Publié le 08 février 2017 par Marcel & Simone @MarceletSimone
Des galeries d’art sous l’Occupation : dialogue entre une chercheuse et un galeriste

Un article du Journal des Arts nous rappelle les 20 ans de la mission d'étude sur la spoliation des Juifs de France, dite « Mission Mattéoli », installée en mars 1997 par Alain Juppé. Les journalistes présentent le rôle de la Commission d’Indemnisation des Victimes de Spoliations (CIVS), héritière de la Mission Mattéoli, mais aussi d’autres instituions travaillant sur les spoliations comme les musées ou les archives publiques. On y (re)découvre aussi l’implication des chercheurs indépendants qui parcourent les archives françaises et internationales.

Ces archives sont au cœur du travail d’Emmanuelle Polack, historienne, chargée de mission à l’INHA et chercheuse pour la Taskforce Gurlitt. Cette chercheuse de provenance s’intéresse particulièrement au marché de l’art sous l’Occupation. Frank Elbaz, acteur du marché de l’art contemporain, s’est aussi interrogé sur la poursuite de l’activité des marchands de tableaux durant cette période sombre.

Le dialogue entre la chercheuse et le galeriste prendra la forme d’une exposition. Moyen d’expression naturel du galeriste, le chercheur est moins habitué à diffuser ses recherches par ce media. Cependant, l’effet visuel des archives est sous-estimé. Quoi de plus parlant que ces caricatures antisémites pour comprendre l’atmosphère de l’époque ? Quoi de plus frappant que ces édits privant petit à petit les Juifs de leurs droits ?

Des galeries d’art sous l’Occupation. Une histoire de l’Histoire de l’art, exhibition view, galerie frank elbaz, Paris. Photo Raphael Fanelli

Des galeries d’art sous l’Occupation. Une histoire de l’Histoire de l’art, exhibition view, galerie frank elbaz, Paris. Photo Raphael Fanelli

L’exposition questionne l’activité des galeries pendant l’Occupation. Certaines galeries sont «aryanisées», c’est-à-dire placées sous l’autorité d’un administrateur provisoire aryen qui gère l’entreprise à la place du marchand, qui prend souvent la fuite.

Un focus est proposé sur plusieurs galeries, dont celle de Paul Rosenberg. Les documents d’archives présentés complètent parfaitement l’exposition sur sa collection 21 rue de la Boétie encore à Liège puis au musée Maillol à partir du mois de mars. Un inventaire du coffre de Libourne, où il cache une partie de ses œuvres avant d’être dénoncé, montre l’importance de cette collection.

On découvre aussi le parcours du marchand René Gimpel obligé de fuir vers la Côte d’Azur mais se battant pour continuer son activité, tout en intégrant la Résistance. Autres documents d’archives, plus personnels, les lettres qu’il écrit à sa femme lors de sa première incarcération. Plus loin, une lettre écrite par ses proches après sa mort nous donne le nom du délateur qui l’enverra à la mort au camp de Neuengamme.

 Des galeries d’art sous l’Occupation. Une histoire de l’Histoire de l’art, exhibition view, galerie frank elbaz, Paris.Photo Raphael Fanelli

Des galeries d’art sous l’Occupation. Une histoire de l’Histoire de l’art, exhibition view, galerie frank elbaz, Paris.Photo Raphael Fanelli

Que se passe-t-il à l’Hôtel Drouot pendant ce temps-là ? Le marché de l’art est prospère et les Allemands, favorisés par un Deutsche Mark fort et courtisés par les marchands et les experts peu regardants, achètent beaucoup. Placardées à l’entrée de cette célèbre salle de vente, des affiches proclament « Par ordre du Commissariat général aux questions juives, l’entrée des Juifs dans les salles de l’Hôtel des Ventes est interdite de manière absolue ».

À ne pas manquer, un article de Jean Dutour dans le quotidien Action en 1945, saisissant, vous éclairera sur la manière dont le marché fonctionne, « Maître Etienne Ader avait fait de l’Hôtel Drouot un véritable salon franco-nazi ».

 Des galeries d’art sous l’Occupation. Une histoire de l’Histoire de l’art, exhibition view, galerie frank elbaz, Paris.Photo Raphael Fanelli

Des galeries d’art sous l’Occupation. Une histoire de l’Histoire de l’art, exhibition view, galerie frank elbaz, Paris.Photo Raphael Fanelli

Des cartes, des photographies, des documents officiels, des lettres, des catalogues de vente ou encore des extraits de films sont présentés dans l’exposition. Cette multiplicité et cette diversité de documents, mis en valeur par la scénographe Enora Prioul, permettent au visiteur de mieux comprendre cette période trouble, mais également de mieux appréhender le travail des chercheurs.

Galerie Frank Elbaz
Des galeries d’art sous l’Occupation

Une histoire de l’Histoire de l’art
4 février – 11 mars, 2017

ouvert du mardi au samedi

11h - 19h

66 rue de Turenne
75003 Paris – France


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