Coffee Talks reloaded : Milla Trausch

En 2010, j'ai réalisé une série de portraits que j'ai regroupés sous le titre "Coffee talks" et que j'ai présentés lors d'une exposition à l'Instituto Camões.
Pendant plus ou moins un an, je m'étais amusé à rencontrer des amis dans des bistrots/cafés/brasseries/stuffs au Luxembourg pour une petite heure de bavardage ponctuée de quelques clics photo. Le principe des portraits était tout simple : 50 mm, noir et blanc, cadrage frontal, pas de flash, un minimum de poses. Le but était de saisir quelques clichés du face-à-face, d'esquisser un portrait-miroir mêlant deux images, celle de l'interlocuteur et la mienne qui se réfléchissait, peut-être, dans sa façon de me regarder. Enfin, il s'agissait surtout de passer d'agréables moments entre amis autour d'une tasse de café (ou d'un verre de vin). Il résulta de l'opération 40 clichés, que j'ai toujours plaisir à regarder aujourd'hui.
Pour ce qui est des invités, je les avais choisis sans réelle planification, au bonheur des jours et des envies. La plupart de mes coffee talkers étaient issus de la sphère culturelle au Luxembourg.
Ce projet qui associait un certain rituel et l'improvisation la plus totale m'a apporté énormément de satisfaction; il me permettait de me retrouver régulièrement dans des ambiances de café la nuit ou en fin de journée.
Comme la vie est courte et les bonheurs éphémères, j'ai décidé de renouveler l'expérience.
Ainsi, depuis récemment (quelques mois-semaines), j'ai repris le fil de mes aventures caféinées (ou avinées ou gustatives). Et c'est avec un plaisir non dissimulé que je vous en ferai part sur mon blog paulolobo.blogspot.com ainsi que sur la page Facebook www.facebook.com/CoffeeTalksLux
Mes premières nouvelles conversations de café ont donc déjà eu lieu. Et je vous invite d'ores et déjà à en découvrir les portraits-souvenirs ainsi que les petites notes de carnet.
J'aimerais donc vous dévoiler mon premier portrait estampillé "Coffee Talk Reloaded" : celui de Milla Trausch, actrice, metteur en scène, pédagogue de théâtre et cofondatrice de la compagnie Traverse, spécialisée dans la création de spectacles pour jeunes publics.
La rencontre a eu lieu au Bouneweger Stuff.
J'avais prévu d'enregistrer la conversation car je voulais poser plein de questions à Milla sur plusieurs de ses projets que j’avais eu la chance de suivre depuis début 2016 :
- le projet participatif « Hello, Goodbye, Comeback » (ateliers de théâtre avec des jeunes réfugiés et luxembourgeois)
- la pièce pluridisciplinaire « Home Sweet Home », créée par des comédiens professionnels sur le sujet des réfugiés et qui incluait la participation d’un chœur composé de réfugiés et de non-réfugiés.
Nous avons bel et bien parlé de ces sujets, Milla m'a raconté la genèse et le déroulement des projets, l'enthousiasme et la bonne volonté des participants, le magnifique élan d'espoir qui animait les jeunes réfugiés issus de différents centres d'accueil, leur sourire, leur force intérieure et leur gratitude. Milla m'a raconté tout cela, et bien davantage.
Mais, la technique étant ce qu'elle est, il se trouve que l'enregistrement, que je pensais enclenché sur mon portable, ne l'était en fait pas du tout. Du coup, il m'est surtout resté le souvenir du regard interrogateur et incisif de Milla, de ses yeux indicibles comme l'azur du ciel, de sa simplicité et de l'émotion avec laquelle elle me parlait de tous ces hommes et femmes qu'elle avait connus, Syriens, Afghans, Iraquiens, Érythréens, et qui l'avaient si profondément marquée. Je me rappelle que j'étais impressionné par la personne et l'artiste en face de moi - j'ai toujours ressenti une immense admiration pour les artistes - mais aussi par le fait que la facette créative, intellectuelle, de Milla était doublée d'un véritable engagement humain.
En cours de conversation je prenais quelques photos, et il me semblait que rien n'était forcé, que la pose était directe et non apprêtée, peut-être un peu sauvage, mais aussi vulnérable.