Magazine Handicap

Handicaps visibles et invisibles

Publié le 24 juin 2008 par Philippe Barraqué

Vous ne le saviez-pas? Il y a des handicaps visibles et invisibles. C'est pareil que pour les minorités. Tu es plus noir que noir: tu es super visible. Tu crèves de faim, tu es noir: question faim, tu es dans les minorités invisibles, question couleur de peau, la société te voit, te reconnait. Pour les handicaps, c'est pareil. Des sociologues, des psychologues cliniciens, des chercheurs ont décidé de créer une nouvelle forme de déficience : le handicap invisible. Ils sont des plus variés : tu es allergique au gluten, aux acariens, à la foule, aux ascenseurs, aux araignées..., tu as un handicap invisible. Forcément, tu râles car ton handicap n'est pas reconnu. Tu en viendrais presque à envier le tétraplégique dans son coursier électrique flambant neuf, la claudiquante épanouie, l'aveugle qui a reçu la Grâce. Quant aux handicapés visibles, ils comptent parmi eux des intermittents, comme pour les artistes du spectacle. Il y a les faux handicapés venus des pays de l'Est qui s'entraînent à claudiquer le soir au fond des bois de Bobigny ou de Bondy. Ils en rajoutent : un peu de delirium, de tremblements, de regards de chiens battus. Puis ils repartent dans leur caravane, marchant comme vous et moi, mais un peu ankylosés - station debout pénible. Ce sont des handicapés intermittents.  S'en viennent également quémander quelque piécette, de vrais handicapés des pays de l'Est : corps mutilés, déformés, désordonnés. Ils sont pourtant bien visibles sur les Champs à Paris ou dans les beaux quartiers, mais curieusement ils sont dans la catégorie des handicaps invisibles. La gente policière passe sans un regard, les associations passent, sans une action (faut dire que ces "gens-là" ne payent pas de cotisation!). Leurs rabatteurs ne sont pas bien loin à les surveiller et la piécette que vous donnerez tombera dans leur poche, pas dans celle du pauvre bougre qui retourne le soir dans sa caravane bien planquée entre les bois de Bobigny et de Bondy. Et puis, bien sûr, je ne peux m'empêcher de mentionner d'autres handicaps invisibles : ceux des minorités silencieuses qui n'ont jamais droit à la parole, ceux du cœur qui n'ont jamais été aussi nombreux, ceux des banlieues qui passent des heures dans les transports, et puis tous ceux qui ne se sont pas encore découverts une forme de handicap, mais qui, après la lecture de cet article bien visible, vont y réfléchir sérieusement!

Philippe Barraqué

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