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Courte histoire de gemmologie

Par Nicolas Tranchant @NTranchant

On arrive rarement à la gemmologie par hasard ou par défaut et les gemmologues ont la chance d’exercer leurs compétences dans un domaine qui les passionne.

La gemmologie c’est en fait la science des pierres gemmes.

Elle consiste en l’étude de toutes matières d’origine minérale (cristaux, roches) ou organique (ambre, perles, coraux, ivoire…) susceptibles d’être utilisées en joaillerie ou pour la fabrications d’objets ornementaux, généralement précieux.

On connaît les termes de pierres précieuses, semi-précieuses, fines ou ornementales sans bien souvent savoir quelles pierres se cachent derrières ces appellations et je ne m’étendrai pas sur ce point car depuis plusieurs années et en dépit de la persistance de ces dénominations génériques devenues illégales pour la plupart, on parle désormais plus globalement de pierres gemmes.

Pierres précieuses ou pierres gemmes ?...

La raison de ce changement est bien simple et parfaitement légitime.

Etaient considérées comme pierres précieuses les seuls diamants, rubis, émeraudes et saphirs (bleus uniquement, alors que le saphir existe dans toutes les couleurs), or sur quelle base se reposait-on pour justifier le terme précieux ?

La rareté ?

La tanzanite est infiniment plus rare que le saphir.

L’éclat ?

La titanite possède des feux bien supérieurs à ceux du diamant.

Le prix ?

L’alexandrite et la toumaline paraïba peuvent dépasser largement le prix du rubis.

La dureté et la tenacité?

La topaze est plus dure que l’émeraude et le grenat tsavorite plus plus solide, plus rare et plus éclatant.

Il ne s’agit que de quelques exemples erratiques mais la réalité, la diversité et la complexité des pierres montrent avec évidence qu’il était profondément injuste de donner la part belle à 4 pierres quand bien d’autres étaient en capacité de leur tenir la dragée haute avec des arguments esthétiques et physiques de premier ordre.

La conséquence de cette survalorisation sémantique de 4 pierres (ou dévalorisation des autres) aura été que la part du lion dans le marché des pierres en joailleries fut attribuée pendant des décennies à ces 4 pierres reléguant toutes les autres fort injustement à des pièces de second ordre.

Que sont les pierres gemmes ?

On estime à ce jour à environ 300 le nombre de types de pierres gemmes qui toutes sans exception existent dans des qualités et des gammes de prix très variables et de nouvelles pierres sont encore découvertes à l’instar de l’aquaprase qui a fait son apparition sur le marché en 2016.

En réalité derrière le nom d’une gemme se cache souvent une appellation commerciale qui différencie par la seule couleur des pierres pourtant de même nature d’un point de vu strictement scientifique.

Par exemple saphirs et rubis sont des termes qui cachent une seule et même matière : le corindon. Emeraudes, aigues-marine, héliodores ou morganites sont des béryls.

Améthystes, citrines, amétrines, quartz fumés, quartz lemon, prasiolites, cristaux de roche et calcédoines, cornalines, chrysoprases sont des quartz mono ou polycristallins etc…

Ce sont les éléments chromogènes (éléments qui donnent la couleur) qui déterminent généralement le nom commercial des pierres de même structure moléculaire.

Pour autant chaque couleur ne donne pas nécessairement un nouveau nom. Par exemple pour le corindon la règle est la suivante : s’il est rouge (coloré par l’élément chrome) on doit l’appeler rubis, s’il est bleu (coloré par les éléments titane et fer) son nom est saphir, s’il est incolore on parle de leucosaphir, s’il présente à la fois du rose et du orange il s’appelle saphir padparadsha.

Pour toutes les autres couleurs de corindon on emploie le terme saphir auquel on adjoint l’adjectif qui caractérise sa couleur (ex : saphir vert, saphir violet, saphir jaune, saphir rose etc…).

Certaines pierres possèdent plusieurs noms comme la titanite qui s’appelle également sphène, la cordiérite aussi dénommée iolite ou dichroïte, le grenat spessartite ou spessartine, le péridot ou olivine etc…

A noter que certaines dénominations sont strictement interdites car sources de confusions comme le terme de saphir d’eau pour la cordiérite ou rubis balais pour le spinelle rouge.

L’expertise du gemmologue

Pour autant on ne peut se fier exclusivement à la couleur pour déterminer la nature d’une pierre, car rien ne ressemble plus pour l’œil du profane (et souvent du professionnel aussi compétent soit-il) à un rubis naturel, qu’un spinelle rouge, une tourmaline rubellite, un grenat pyrope, un morceau de verre au plomb teinté de rouge, un rubis de synthèse (fabriqué en laboratoire) ou même une pierre composite tel un doublet composé d’une fine couche de grenat (pour l’éclat) et une épaisse couche de verre (pour la couleur et le volume).

Les outils du gemmologue sont d’une part ses connaissances sur les propriétés physiques et optiques des pierres, une batterie d’appareils de mesure et d’observation qui lui permettent de procéder par élimination et enfin une loupe gemmologique couplée à un sens de l’observation qui en première intention, et à la condition de connaitre les inclusions spécifiques à chaque pierre, sont souvent déterminants dans le verdict final.

Ainsi, pour filer l’exemple de notre pierre rouge envisagée ci-dessus, si je peux déterminer qu’elle réagit au polariscope j’ai en ma possession une pierre dite anisotrope ce qui me permet d’éliminer le grenat, le verre au plomb, le doublet grenat / verre et le spinelle qui eux sont isotropes.

Si au réfractomètre je relève un indice de réfraction compatible avec celui du corindon je peux éliminer la tourmaline rubellite et donc supposer un rubis.

Enfin si j’arrive à apercevoir à la loupe ou au binoculaire des aiguilles de rutile j’ai bien un rubis naturel.

Si en revanche je vois des bulles je n’ai qu’un rubis synthétique. Voilà de façon extrêmement schématisée et simplifiée le travail du gemmologue qui n’a toujours que pour certitude ce que la pierre n’est pas plutôt que ce qu’elle est.

Le gemmologue pose donc son diagnostic par élimination en tenant compte de son observation minutieuse et de tout un tas de mesures telles que la densité, l’isotropie, l’indice de réfraction, le pléochroïsme, la spectroscopie etc…

L’expertise du laboratoire

Il est rare de ne pouvoir déterminer la nature précise d’une pierre, en revanche, dans la cas d’une pierre parfaitement limpide et sans inclusion décelable avec le matériel de base du gemmologue, une analyse de laboratoire s’impose pour déterminer son caractère naturel ou synthétique car on l’imagine, la valeur marchande d’une gemme naturelle est bien supérieure à celle d’une pierre synthétique aux qualités équivalentes.

Les laboratoires procèdent de la même façon mais avec un matériel bien plus pointu permettant une analyse approfondie et également la détection éventuelle de traitement.

Comment acheter une pierre en confiance ?

Acheter une pierre en dehors du cadre rassurant d’une bijouterie est souvent source de stress et d’hésitation car on craint de se faire avoir (et malheureusement on a raison de le craindre).

Mon conseil en la matière est de choisir un marchand qui est en mesure d’apporter certaines garanties en matière de compétences gemmologiques. N’hésitez pas à poser des questions sur la pierre, son origine, les traitements subits, la raison de son prix qui peut vous sembler étrangement bas ou élevé etc...

Posez des questions même si vous connaissez les réponses, cela permet de confirmer ou d’infirmer une impression sur le vendeur. Méfiez-vous des prix trop bas pour être vrais car n’oublions pas que ce qui est rare est cher et les pierres aux qualités optimales naturellement sont elles extrêmement rares.

Avant de vous être proposée à la vente, la pierre a probablement déjà fait le tour du monde et est passée entre les mains d’une dizaine de professionnels qui connaissent parfaitement la valeur de ce qu’ils ont en leur possession et la façon d’en tirer le meilleur prix.

Au risque de briser quelques rêves, aucune chance de faire l’affaire du siècle dans l’achat de pierres gemmes derrière votre ordinateur ou au coin d’une rue de Jaïpur, Bangkok ou Colombo sans de solides connaissances.

Toutefois il est toujours possible de trouver des prix raisonnables auprès de professionnels responsables et notamment sur toutes les pierres autres que diamants, saphirs, rubis et émeraudes dont le cours reste invariablement excessivement élevé.

Enfin, acheter a des professionnels enregistrés en France garantit la soumission du vendeur à une réglementation précise et stricte en matière d’informations, de conseils et de garanties sur les pierres gemmes proposées et permet ainsi à l’acheteur de se retourner vers la justice en cas de litige.

Faire le choix d’acheter une pierre pour réaliser un bijou plutôt que d’acheter un bijou tout prêt c’est la certitude d’avoir au final une pièce unique et parfaitement à son goût pour souvent un prix très inférieur à celui des collections toutes prêtes.

Aucun de mes clients n’a regretté ce choix, alors à bientôt j’espère sur WWW.AGEMMES.COM

Merci à Mr Arnaud Gruselle de nous faire partage sa passion des gemmes au travers de cet article passionnant.

Pour aller plus loin:


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