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Dans un café

Publié le 22 février 2017 par Paulo Lobo
Dans un café
La tombée malhabile du soir éveillait en lui un sentiment de gêne et de tristesse.
Chaque fin de jour était une page tournée avec regret. Il aimait sa vie, craignait de la perdre, la perdait déjà un peu à mesure que son être se délitait. Il s'agrippait très fortement à ses souvenirs, mais son passé, tout ce qu'il avait vécu, tous ceux qu'il avait connus, tout ce qu'il avait été, s'évanouissait dans un abîme profond.
Alors il prenait ses livres, ceux qu'il avait lus bien des années auparavant, feuilletait leurs pages jaunies, lisait ici ou là une phrase, un paragraphe, laissait remonter en lui des effluves fragiles, qui soudainement se faisaient coups de flash, ça durait un millième de seconde, il en avait le vertige, n'arrivait pas à fixer l'image mais il savait qu'elle contenait du réel, que le voyage dans le temps avait bien eu lieu.
La nuit, son esprit prenait le relais, l'emportait dans des rêves extraordinaires, d'un réalisme stupéfiant, il se voyait jeune, fougueux, bête et immortel, il volait, sautait, courait, échappait à mille dangers, captivait cœurs et corps, se dorait au soleil et plongeait dans le grand bleu, nageait nageait nageait sans virgule sans point sans peine.
Puis le matin survenait, comme une promesse de renouveau. La lumière à travers les fentes de la fenêtre réchauffait son âme et lui disait bouge-toi, dehors les gens, les trottoirs, les miroitements, l'odeur du café, la jeunesse et les rires, bouge-toi bouge-toi ton souffle dernier n'est pas encore arrivé.

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