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Tina: 30 ans et toujours aussi pute!

Publié le 24 juin 2008 par Dagrouik

TINA, c'est There is no alternative : Il n'y a pas de politique alternative à ce que vous subissez. On l'entend dans la bouche de l'UMP et certains à gauche se sont fait intoxiquer dans les années 80 ou 90. Retour sur 30 ans de mensonges, d'intox toujours d'actualités. Tout cela sous un faux air de pragmatisme qui cache une idéologie ringarde.

Voilà ce qu'on trouve sur Wikipedia au sujet de Tina.

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In economics, politics, and political economy, the acronym TINA refers to a slogan attributed to Margaret Thatcher, once prime minister of Britain, i.e., that "There Is No Alternative" to global free-market capitalism. This is the central slogan of economic liberalism, arguing that free markets, free trade, and capitalist globalization are the only way in which modern societies can go.

Susan George, a prominent critic of neoliberal globalization disagrees by saying "TATA!" (There Are Thousands of Alternatives), which also refers to the main political slogan of the alter-globalization movement: "another world is possible".

Thatcher a pris le pouvoir en Grande-Bretagne en 1975 et a rapidement expliqué que sa politique était la seule possible. Que seul le marché libre permettait de vivre en démocratie. A l'époque nous vivions la fin de guerre froide. Et elle se plaisait à comparer les idées de ses adversaires au système soviétique.

Maintenant voyons les gros mythes qu'on nous a fait gober avec contre-exemples, attention, ça m'a pris du temps et je ne suis pas sûr d'avoir trouvé tous les contre-exemples européens. Il faut dire que Maggy nous a donné de quoi illustrer ce billet.

Il faut privatiser pour rendre l'économie plus compétitive

Tout cela part du principe que la puissance publique forcément étatique ( on oublie les régions et les municipalités bien sûr) est forcément inefficace et incapable d'innover et gaspille l'argent des citoyens. Il faut donc pour les zélés serviteurs de TINA faire la promotion des libéralisations et des privatisations.
En UK, cela a été poussé jusqu'à servir de modèle pour les libéraux: Le secteur de l'énergie et du transport ferroviaire ont été libéralisés pour parait-il booster la concurrence et donc faire baisser les prix. Tout cela selon le mythe voulant que le privé est plus efficace que le public pour gérer ces choses là. Dans le même genre de délire, on a lancé la construction du tunnel sous la manche avec des fonds privés et concession à une entreprise privée. Vous êtes au courant de ce qui s'est produit dans ce dernier cas.L'Etat Anglais (Blair) a du re-investir dans British Energy qui était tombé en cessation de paiement et a du dès 2002 lui affecter des fonds spéciaux. Tout ça par ce que cette entreprise privée avait voulu racheter ses concurrents sans investir dans le réseau. Dans le domaine du transport ferré, c'est un schéma voisin qui s'est produit. Railtrack en cessation de paiement a du être de nouveau placée sous contrôle public.
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Petit rappel, cela montre aussi que Tony Blair n'a pas fait que des conneries.
Là encore, pour maximaliser les profits, on avait oublié de moderniser le réseau. Retards, baisse de qualité du service, problèmes et accidents mortels ont vite accéléré le mouvement. On voit bien avec ces deux exemples, que les entreprises privées ne peuvent pas gérer efficacement des monopoles liés à un réseau physique avec une infrastructure essentielle. Cela empêche de facto toute concurrence (sauf à recopier l'infrastructure, donc avec un coût énorme) et les marchés financiers ne peuvent être satisfait en terme de rentabilité. On le voit, ces exemples montrent des expériences non satisfaisante avec risques pour les usagers et gaspillage d'argent public qui a du être ré-injecté dans l'ancien monopole.
Le seul cas où la privatisation a été en apparence un succès est celui des télécommunications. Mais cela n'a été rendu possible que grâce aux technologies numériques qui permettent de faire circuler sur un même réseau physique des communications d'opérateurs différents et ce en toute concurrence.
Et bien sûr on ne s'inquiète pas des contraintes géo-stratégiques en privatisant le secteur de l'énergie. Alors que tout le monde sait que le coût de l'énergie (fossile) va exploser, des états comme le notre abandonnent au privé des monopoles stratégiques comme l'énergie et son transport. D'ici quelques années, les citoyens risquent de se réveiller trop tard: le coût de l'électricité risque d'exploser pour satisfaire les marchés financiers.
Chez nous, la libéralisation du marché de l'énergie conduit à l'apparition de pseudo-opérateurs d'énergie comme Poweo qui ne produisent pas grand chose et a qui EDF est obligé de vendre de l'électricité à bas prix pour qu'existe une fausse concurrence. Une taxe est même prélevée sur le chiffre d'affaire d'EDF pour financer ces ectoplasmes.

Le marché c'est super, génial et grandiose .

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On l'a vu , le marché et la main invisible se sont cassé les dents sur les privatisations liées à des monopoles ou des infrastructures. Pourtant, ils étaient là pour favoriser l'innovation, baisser les prix. Avec comme corollaire, la glorification de la bourse qui est devenue indispensable au fonctionnement de l'économie capitaliste. En France, les entreprises cotées en bourse ne représentent que moins de 20% de l'emploi non public. Elles sont donc à l'abri du marché. Pourtant on voit le patronat nous défendre le recours au marché et au contrat dès que possible. C'est assez incohérent de leur part , quand on voit que la plupart de font pas confiance au marché et que les plus gros d'entre eux rachètent leurs propres actions. Le marché n'est donc pas l'outil prioritaire en cas de recherche de financement de l'innovation. Dans le même esprit, on peut rappeler que les salariés-actionnaires se sont fait avoir. En déplaçant une partie de leurs revenus du salaire vers des actions obtenues par exemple dans un plan d'intéressement ou de participation on crée une dualité entre insiders et précaires, et ont rajoute de l'insécurité financière là où elle n'existait pas. Les mêmes pourront être victimes de licenciement boursiers pour satisfaire les goinfres qui veulent une rentabilité à 15%.

On nous a aussi expliqué que le marché était efficace quand il était transparent. (Vous êtes prié de ne pas exploser de rire). C'est sans doute pour cela qu'il a permis l'éclosion d'une bulle folle basée sur les NTIC à la fin des années 90 et qu'il a du ensuite se refaire une santé sur l'immobilier et financer par un gigantesque risque des crédits basés sur du vent : les subprimes. On voit les errements de la période 2000-2001 se reproduire: Trucages et maquillages des comptes et de bilans, délits d'initiés et confusion entre cabinet d'audit et management. On l'a vu avec Enron et quelques autres perles, on le voit de nouveau avec les banques européennes qui se font prendre la main dans le sac des subprimes et de la quête du profit facile.

L'économie doit être efficace avant tout, et la richesse doit être crée avant d'être partagée.

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Raté : depuis les années 80 , la part des salaires ( et cotisations) dans le PIB ou la valeur ajoutée produite par les entreprises a abandonné 11 points aux profits. La bourse à explosé : le CAC40 a triplé de valeur entre 1980 et 1990. L'inflation est passé de près de 13% à 2%. Jamais nos nations occidentales ( nation au sens large) n'ont généré autant de richesse. Signe que le capitalisme dont c'est l'objectif n'a jamais été aussi efficace.

Et que nous reste-t-il ? du chômage, de la précarité et de l'appauvrissement pendant que les revenus du dernier décile progressent sans cesse et encore plus depuis 2002. Ceux qui nous disent que la richesse doit être crée avant d'être partagée devrait s'interroger sur ce qui s'est fait depuis 1983, depuis que l'inflation a été déclarée grande cause nationale puis Européenne.

C'est depuis cette date que nous avons abandonné 11% aux profits et à la rente. Où sont les emplois promis à l'époque ? Nulle part, si ce n'est une explosion de la précarité et du temps partiel imposé. La précarité a doublé depuis les années 80, rappelez vous la droite nous parlait de "flexibilité". Alors, parlons plutôt de redistribuer les gains de productivité dans les salaires. C'est le discours de la gauche radicale certes, mais nous devons le reprendre sans honte. On voit bien que la part de la richesse nationale affectée aux salaires directs et indirects à baissé au bénéfice des profits et de la finance , tout cela pour permettre à une faible partie de la population de s'enrichir. N'oublions pas non plus que c'est la gauche qui a commencé le mouvement en 1983 !

Oh la belle courbe !

Quel dommage que je n'ai pas eu le temps de trouver la même courbe jusqu'à 2007. En tout cas vous voyez qu'étrangement les investissements ont baissé, que le taux de marge à grimpé, et que le profit non investi ( qui part dans les poches des actionnaires) grimpe de la même façon que le chômage. C'est donc le capital qui se rémunère, investit moins ( coucou les libéraux, vous avez mal au cul là?) et qui fait grimper le chômage.

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Le chomage au plus bas niveau historique ? Grâce aux réformes libérales ?

Un beau mensonge, on ne regarde plus que l'évolution du nombre des chômeurs de type 1 c'est à dire ceux qui cherchent un contrat de type CDI à temps plein, soit moins de 2 millions en France. Mais il y a 2 autres millions de chômeurs dans les 6 autres catégories. Cela fait donc 4 millions de chômeurs. Les autres nations européennes sont dans des cas voisins avec des traitement statistiques qui vont partout dans le même sens: le camouflage des chômeurs. 1 millions de handicapés du travail en Grande-Bretagne ou aux Pays-Bas. 1 million de pré-retraités au Danemark. En Allemagne, la réforme Haartz 4 a déplacé 6 millions d'allemands vers la pauvreté en lançant un mouvement de baisse des salaires par pression sur les chômeurs qui doivent accepter des emplois moins bien payés sous peine de perte d'indemnité chômage. Ca ne vous rappelle pas une idée géniale ? Sarkozy a dit "nous on va faire tout pareil" aux Allemands. On a créé chez nous des emplois de service à la personne ( le grand dada de Raffarin avant la canicule) , mais ceux-ci ne couvrent en moyenne que 12 heures par semaine et proposent des salaires mensuels inférieurs à 400 euros.

12% des salariés ont un salaire inférieur au SMIC car ils sont à temps partiel et 17% sont a temps plein payé au SMIC ou à un niveau très proche contre 8% 12 ans plus tôt : Cela fait donc près de 30% des salariés qui sont dans des niches à bas salaire. Ce nombre ne cesse de croître du fait des politiques d'exonération de cotisations. Elles coûtent 65 milliards d'Euros à l'Etat, provoquent des déficits sociaux. Dans le même temps, ce mouvement de baisse des salaires conduit à la paupérisation d'un nombre important de citoyens et au final un manque de ressources fiscales pour l'état. Ce qui permet alors de continuer à baisser sa voilure et d'accentuer les réformes anti-sociales.

Les charges sociales doivent être baissées !

Et bien sûr, dans le cadre de TINA on confond cotisations sociales et donc système d'assurance collectives contre la maladie, le chômage et la vieillesse avec des charges et impôts. Tout ça c'est le cauchemar des libéraux et de leur complices: rendez vous compte, la santé des gens gérée par des systèmes collectivistes. Certaines folles font même des blogs pour quitter la sécu et comparent le tout à des soviets.

Même s'ils ne devaient payer qu'un seul euro de cotisation, vous trouverez toujours des petits (et gros) patrons capables de couiner contre ce système. Et leur amis politiques de favoriser baisse de cotisations et dé-remboursement de concerts. Car les deux mouvements sont liés. Tout d'abord la France n'est pas le champion du monde des prélèvements obligatoires. C'est un mythe entretenu par des crétins. Ce sont les mêmes qui ignorent que nous sommes parmi les plus productifs au monde, et que nous sommes le 3 ou 4e en terme de qualité de soins et d'offre globale de santé. Aux Etats-Unis où les "charges" sont moindres, le volume global des dépenses de santé est bien plus important que chez nous, et 47 millions d'américains n'ont plus les moyens de se soigner correctement. On voit bien que ces cotisations sont des avances de salaire et participent à l'efficacité du système. Des salariés en bonne santé sont plus productifs et plus inventifs.

Mais tout ce système de baisse de cotisation et de déshabillage du système collectif cache des intérêts privés : Guillaume Sarkozy , frère du président, est à l'oeuvre pour ramasser les bénéfices dans le monde des assurances complémentaires.


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