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Le crime était presque parfait... pour éliminer Fillon

Publié le 26 février 2017 par Francisrichard @francisrichard
Le crime était presque parfait... pour éliminer Fillon

Le crime était presque parfait est le titre français d'un célèbre film du regretté Alfred Hitchcock. Le titre anglais - Dial M for murder - me plaît davantage, parce qu'il est plus vintage... Mais il n'y a plus, hélas, de cadrans sur les appareils téléphoniques...

Quoi qu'il en soit le titre français est parfaitement adapté au scénario que le pouvoir a imaginé pour éliminer Fillon. Ce scénario n'est pas celui qui était prévu à l'origine. Ce qui confirme que l'imagination n'est au pouvoir des gens qui gouvernent la France que pour éliminer leurs concurrents et non pour assurer la sécurité de leurs concitoyens et de leurs biens.

Le but de l'actuel scénario reste toutefois le même: maintenir en place le maximum de gens parmi ceux qui sont confortablement installés dans le système depuis cinq ans, et qui font de l'argent public leur ordinaire, à défaut d'être capables de générer de l'argent privé, qu'il leur est évidemment plus facile de voler aux autres.

Un flash-back s'impose. Nous sommes en octobre 2016. La cible est alors Nicolas Sarkozy. Il faut l'éliminer pour permettre à Alain Juppé de gagner la primaire de la droite et du centre: on ressort donc, opportunément, quelques affaires du placard où elles attendaient bien au chaud l'occasion du larron.

Pourquoi soutenir Juppé? Parce que le fait qu'il ait été condamné par la justice pourra être exhumé le moment voulu afin de fragiliser sa candidature. Aussi éliminer Sarkozy est-ce faire d'une pierre deux coups, ou, en termes de billard, gagner par la bande... en n'ayant plus en lice qu'un candidat de la droite et du centre... vulnérable.

Les sondages d'octobre et de novembre 2016 rendent ce scénario plausible: Juppé devance Sarkozy et, même si l'on observe une remontée de Fillon dans la semaine qui précède le premier tour de la primaire, ce dernier occupe toujours la troisième place du tiercé. Personne ne s'en méfie, même à l'Élysée.

Patatras! Certes Sarkozy est éliminé, mais, ce qui n'était pas prévu, c'est que Fillon arrive en tête devant Juppé. Alors les attaques fusent contre le programme de cet outsider: son  programme est brutal, radical, etc. Bref le pouvoir et les médias font tout pour faire gagner Juppé, le candidat idéal pour leurs desseins.

Seulement le peuple de droite et du centre vote mal et Fillon l'emporte largement devant Juppé, le chouchou malheureux de la gauche et des médias. Décembre 2016, le tir de barrage contre Fillon se fait plus nourri et François Bayrou, déjà, hurle avec les chiens: le programme de Fillon est une horreur; il est récessif.

Ce tir de barrage est en partie efficace, d'autant que Fillon n'est pas très clair en matière de politique de santé. Les sondages qui le plaçaient encore largement en première place en décembre devant Le Pen et Macron, le placent désormais entre les deux en janvier. Mais il reste encore qualifié pour le second tour des présidentielles.

Dans la primaire de la gauche, après que Hollande a déclaré forfait, le cheval sur lequel mise le pouvoir est Manuel Valls: il est le seul à pouvoir reprendre des voix à Macron, tout en récupérant une partie des voix des frondeurs, qui seraient rendus craintifs devant l'adversité que représenterait la perspective d'un duel Fillon-Le Pen.

Là encore le scénario n'est pas celui prévu: Benoît Hamon devance Manuel Valls au premier tour de la primaire de la gauche et, aussitôt, bénéficie du soutien d'Arnaud Montebourg. Il est temps de changer de fusil d'épaule et de favoriser Macron. Avant même que le second tour de la primaire de la gauche n'ait lieu le Canard Enchaîné lance sa bombe contre Fillon.

En réalité cette bombe n'est qu'un pétard mouillé. Le palmipède détient l'info depuis trois semaines. Il n'attend que le moment opportun pour la lancer en prenant bien soin, dans sa présentation, de grossir le trait pour scandaliser le pékin: totaliser quinze ans de rémunération brute plutôt que d'afficher un salaire net mensuel, c'est vicieux, mais payant...

Le Parquet national financier, PNF, organisation d'exception créée en 2013, ouvre aussitôt une enquête: quelle diligence! Son patron est le Procureur Général de Paris, en l'occurrence Catherine Champrenault, nommée par le pouvoir, en 2015, c'est-à-dire par une certaine Christiane Taubira... C'est en somme le bras soi-disant judiciaire du pouvoir exécutif.

Le problème est que le PNF n'est juridiquement pas compétent en la matière; les meilleurs juristes vous le diront. Mais, comme il ne s'agit pas de justice, mais de manoeuvre purement politique, cela n'a aucune importance... La publication de l'info Fillon par le Canard n'était non plus du journalisme d'investigation mais de la délation au service du pouvoir.

Le crime était presque parfait... pour éliminer Fillon. Il aurait fonctionné si Fillon n'avait pas été aussi résilient et si ses électeurs s'étaient laissé intimider par ces manoeuvres de basse politique: ils ont compris que, comme dans Les animaux malades de la peste, ils avaient été invités à crier haro sur le seul Fillon, pour oublier le bilan désastreux du quinquennat.

Certes, dans les sondages, Macron est passé pendant un moment devant Fillon pour occuper la deuxième place derrière Le Pen. Aujourd'hui Macron (dont la vacuité se révèle de plus en plus) et Fillon sont au coude à coude dans les sondages, en dépit des piqûres de rappel du PNF: pas de classement sans suite le 16 février, ouverture d'une information le 24.

Pourquoi le pouvoir ne peut-il plus rien faire contre Fillon? Parce que les citoyens comprennent peu à peu qu'il est suspect de ne s'attaquer qu'au seul Fillon sous prétexte qu'il est candidat à la présidentielle. Cela contredit l'affirmation selon laquelle personne n'est au-dessus des lois: les parlementaires qui sont dans le même cas que lui le seraient-ils, eux, au-dessus des lois?

Cela dit, il y a encore du travail pour faire éclater la vérité sur la manipulation de l'opinion. A plusieurs reprises, ce week-end, à Paris, j'ai entendu dire dans le métro, dans le RER, au café, des gens qui, parlant de Fillon, répétaient comme des perroquets qu'il était empêtré dans les affaires. Je ne sais qui a lancé cette expression, pur produit de désinformation, mais elle fait florès...

Joseph Goebbels, ministre de la propagande nazi, disait, en 1940: Mentez, mentez, il en restera toujours quelque chose...

Francis Richard

PS

Dans mon article Courage Fillon! du 6 février, j'ai dit tout ce qui me sépare du projet Fillon, mais je reste persuadé que ce projet est un tout premier pas vers la libération du pays, qui sans cela n'évitera pas la faillite.


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