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Cacophonie...

Publié le 02 mars 2017 par Vindex @BloggActualite
Gros coup de gueule. Je ne sors pas de ma torpeur pour une bonne raison mais à cause de la cacophonie qui règne sur les élections présidentielles. Mon expérience politique n'est pas la plus longue qu'il soit mais il semble que ces élections resteront dans l'histoire de la Vème République comme les plus mauvaises jamais observées. Seules comptent la visibilité, les sondages, la stratégie, les idées et le débats étant relégués au second plan, à l'annexe, voire à l'optionnel. Bref aperçu de ce qui s'annonce comme le scrutin le plus crade de l'histoire. 

A gauche : les petites personnes

La gauche n'y est pas pour grand chose dans tout ce bazar. Elle apparaît même comme la plus proche d'une campagne classique, même si elle ne peut être exempte de tout reproche. Résumons. La gauche était encore récemment représentée par trois forces principales : Benoît Hamon, Jean-Luc Mélenchon et Yannick Jadot. Deux des trois représentent des partis ayant participé au dernier quinquennat : Hollande leur laisse donc une situation difficile et même un statut de non-outsider. Tout est donc à construire pour la gauche : la présence au second tour comme la victoire finale. En ce sens, ce qui se passe à gauche n'a rien que de très classique : ralliement de Yannick Jadot en faveur de Benoît Hamon et discussion entre ce dernier et Jean-Luc Mélenchon. Etant très gauche au sein du PS, le vainqueur surprise de la Primaire Citoyenne tend en tout bon sens la main à celui qui veut pourtant sa mort. Le refus assez probable (c'est un secret de polichinelle) du leader de la "France insoumise" est tout autant compréhensible : pourquoi retirer sa candidature alors qu'il s'est déjà présenté en 2012 et qu'il entretient des différences encore très clivantes avec le PS ? Certains pourront toutefois leur reprocher une chose : s'isoler et s'assurer la défaite. En somme, de faire passer leur ego avant la gauche, de penser à leur personne avant leurs idées et leurs convictions. Pas anormal quand on sait ce que pèsent vraiment ces candidats. La campagne de la gauche est donc pour l'instant classique, mais Benoît Hamon n'est pas au bout de ses peines car la rive droite de son parti pourrait peut-être bientôt lui faire défaut. 

Macron : la quintessence de l'opportunisme

Déportons nous un peu plus à droite. Plus on avance et plus il est évident que Macron n'est pas un homme de gauche mais un candidat centriste, plutôt libéral et progressiste. Se parant très tôt des habits de l'anti-système, il cultive une image quelque peu jeuniste et souhaite incarner un renouveau. Mais que cela sonne faux ! Le produit même du système qu'il est a enchaîné les mois sans réel programme, profitant d'un créneau peu occupé (et encore moins depuis la victoire de Hamon) et d'une sympathie des médias. Les sondages ont entretenu cette poussée qui le porte actuellement virtuellement au second tour. L'émergence de cette surprise faussement neuve n'a pas amélioré la qualité de cette campagne : entre un programme qui vient seulement de sortir (moins de deux mois avant les élections), les envolées criardes, les faux sujets comme celui de la colonisation et les affaires (un peu moins sulfureuses et éventées que d'autres), sa campagne est également à ranger dans les déceptions. Mais c'est en fait le coeur de sa stratégie : profiter d'un élan, d'un boulevard lui étant ouvert et bouffer à tous les râteliers. Force est de constater que cela fonctionne, malheureusement pour la politique avec un grand P. Divers hommes politiques de l'aile droite du PS l'avaient déjà rejoint depuis pas mal de temps, comme Gérard Colomb. Mais dernièrement, les choses se sont accélérées : François Bayrou s'est rallié, l'UDI pourrait réfléchir à la question et même Robert Hue  fait un appel du pied au candidat d'En Marche. Le candidat du Mouvement des Progressistes (parti de l'ancien communiste) Sebastien Nadot, a même décidé de soutenir Emmanuel Macron. Deux choses doivent toutefois être rappelées avant de passer au comble de ce cirque électoral : Emmanuel Macron a le mérite de saper le système que le FN appelait avant l'UMPS. Cependant, sa stratégie opportuniste d'open-bar va probablement s'estomper avec le clarification de son programme. Par ailleurs, il est aussi possible que ce candidat profite d'un bulle, de l'attrait de la nouveauté, un peu à la manière de Bayrou en 2007. Et une bulle, monsieur le banquier le sait plus que tout le monde, ça éclate... 

La Droite à l'agonie

Vient maintenant le plus aberrant et le plus révoltant : les casseroles de Monsieur Fillon. Je n'aurais probablement pas dit ça dès les premières révélations et le tribunal médiatique ne doit pas remplacer la Justice. Cependant, la défense d'abord hésitante, et le jusqu'au boutisme d'hier sont intolérables. En reniant sa parole, en s'accrochant ainsi à une candidature de moins en moins crédible et qui s'écroule, François Fillon trahit la promesse d'une alternance qui était si forte et ambitieuse à sa victoire éclatante des primaires ouvertes de la Droite et du Centre. C'est d'autant pire que le candidat se voulait droit, exigeant, radical et sans concession dans son programme et ses idées. On ne compte plus maintenant les tweets qui sonnent faux et les déclarations en décalage profond avec sa situation actuelle. Alors que la droite devait être le fer de lance du débat d'idée à cette campagne (son candidat l'avait été pour la primaire), elle devient petit à petit le second non-outsider. Que faut-il à Monsieur Fillon pour accepter un plan B et sauver les chances de son camp plutôt que les siennes ? Rien semble-t-il, la cohérence de sa droiture bornée le mènera au bout. 

Le Front National confirme le "tous pourris"

Passons au Front à présent. Jamais très loin lorsqu'on entend un "tous pourris", il n'est ici pas le dernier à le confirmer... à son détriment. On peut y voir la confirmation que ce parti est devenu grand, s'est installé dans un nouveau système à trois et qu'il a la capacité de prendre le pouvoir. Mais la volonté d'une "trêve judiciaire" est dérangeante alors que des affaires touchent aussi la candidate nationaliste. Peut-on d'un côté critiquer les élites et leur tambouille tout en étant soupçonné d'avoir glissé sa main dans le pot de confiture ? Difficile. Mais ce qui change par rapport au cas Fillon, c'est que Marine Le Pen souffrira moins de ces affaires électoralement : toujours au coude-à-coude avec Emmanuel Macron dans les sondages, elle profite d'un ras-le-bol plus profond des français, d'un ancrage de plus en plus solide et étendu, et de l'affaiblissement de la candidature de François Fillon. 


Justice, médias : les grands méchants loups ? 

Il paraît que dimanche il y a marche populaire. Pas pour Charlie ou contre le Mariage pour Tous, mais en soutien à François Fillon. L'assassiné tente de briser les chaînes médiatico-judiciaires, il s'en remet au vote des Français. Depuis la multiplication des affaires ces dernières semaines, une vraie question peut-être posée : le scrutin est-il en train d'être volée ? Car pour que des "vieilles" affaires sortent à un tel moment, on ne peut s'empêcher de penser à un coup politique et médiatique provenant du camp adverse. Probablement. Et alors ? Faut-il pour autant la "trêve judiciaire" ? Il est évident que non et que les demandes des candidats concernés est indéfendable ! Faut-il rappeler que la Justice est une institution dont-il faut assurer la permanence ? Le principe même de la Justice peut-il souffrir de l'arrivée d'un scrutin dont celui qui sort vainqueur "gagne" l'immunité ? Est-il moral qu'une personne mise en examen ou concernée par des affaires bénéficie d'un traitement de faveur ? François Fillon dit qu'il n'est pas traité comme un justiciable comme les autres. Mais en est-il seulement un ? La tentation est de répondre non au regard de la fonction qu'il prétend incarner à partir de début mai prochain, celle de président de la République, garant de nos institutions, dont celle en question ici. On peut donc trouver cela logique que la justice s'empresse de démêler le vrai du faux au sujet des affaires du candidat de la droite, ne serait-ce que parce qu'une démocratie doit exiger la connaissance de la vérité nécessaire au bon jugement. Pour la Justice comme pour le déferlement médiatique, il est bon de ne pas tout mélanger. Oui, les médias informent et orientent (ce dont tout le monde a conscience). La Justice est une composante de notre démocratie et la mettre en cause ne sied guère à la volonté de gouverner notre pays dans peu de temps. Si la tournure des événements et le résultat final ne plaisent pas à certains, c'est aussi peut-être qu'il y a en eux quelque chose de rédhibitoire. Malheureusement, j'ai bien l'impression que la cacophonie ambiante et incarnée par à peu près par tous les "gros" candidats ne peut rien donner de bon pour notre République en souffrance. Mais ce ne sont pas des débats à 5 ou 6 sur TF1 qui changeront quoique ce soit. 




Vin DEX

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