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Des kimonos pour le bonheur des dames au Musée Guimet

Publié le 12 mars 2017 par Miss Acacia @GrainedAcacia

Des kimonos pour le bonheur des dames au Musée Guimet

Jusqu'au 22 mai 2017, l'exposition " Kimono, au bonheur des dames " nous fait voyager au coeur du Japon traditionnel. Le musée Guimet présente 150 kimonos datant de la fin du 15e siècle au milieu du 19e, venus pour la première fois du Japon.

Quand le kimono nous raconte l'histoire de la culture japonaise

Pour la première fois hors du Japon sont exposées en France les plus belles pièces textiles de la collection de la célèbre maison Matsuzakaya, fondée en 1611. À travers ces kimonos exceptionnels est porté un regard inédit sur l'évolution de la mode au Japon depuis l'époque d'Edo (1603-1868) jusqu'à nos jours.

L'exposition traite de l'évolution de ce vêtement et de ses accessoires et montre leurs réinterprétations dans la mode japonaise et française contemporaine.

Le kimono (de kiru : porter et mono : chose) fut tout d'abord un vêtement d'intérieur porté par l'aristocratie avant que la classe des samouraïs n'en fasse un vêtement d'extérieur et qu'il ne devienne un vêtement usuel. Enfin, à partir du 20e siècle, il a inspiré des créateurs de haute-couture français tels que Jean-Paul Gaultier, Yves Saint Laurent, John Galliano, Franck Sorbier mais également des créateurs japonais tels que Kenzo Takada, Issey Miyake ou Yohji Yamamoto. C'est toute cette évolution que nous raconte l'exposition du Musée Guimet.

Le nom de l'exposition, " Kimono, au bonheur des dames ", fait un clin d'oeil au roman d'Emile Zola à juste titre. En effet, les kimonos exposés ici proviennent (en majorité) de la collection de la maison Matsuzakaya, l'un des plus importants grands magasins du Japon fondé en 1611 et qui a joué un rôle prépondérant dans la diffusion du kimono auprès de différentes classes sociales au Japon (la noblesse militaire, l'aristocratie, la bourgeoise marchande).

Du kosode au kimono

Grâce à cette exposition j'ai appris des tas de choses sur le kimono et sur son histoire. Comme je le disais plus haut, j'ai découvert son évolution pendant 4 siècles. Saviez-vous qu'à l'origine on appelait ce vêtement " kosode " et que le terme " kimono " n'est apparu qu'au 19e siècle ?

Le kimono est de la même forme pour les hommes et pour les femmes quel que soit leur statut dans la société. Les larges bandes de tissus rectangulaires sont cousues ensemble en forme de T pour créer un vêtement unisexe qui ne suit pas les courbes du corps. Ce sont les matières utilisées, les couleurs, les décors et les broderies qui permettent de différencier le sexe, la caste et la position sociale de la personne qui le porte. Ainsi, les kimonos les plus dépouillés étaient ceux portés à la cour, avec seulement quelques motifs floraux dans la partie inférieure. Les plus chargés en motifs étaient les kimonos des femmes de la classe guerrière. Les kimonos les plus luxueux sont ceux des mariées sur lesquels on ne brode pas n'importe quoi. Les papillons, les grues et fleurs de pruniers sont de rigueurs, car ces symboles sont considérés comme des porte-bonheur pour le jeune couple.

Si en France nous portons le kimono très souple comme vêtement d'intérieur, au Japon il est loin d'être aussi confortable (quand on le porte selon la tradition bien sûr...). Le obi (ceinture du kimono) qui entoure la taille mesure 5 mètres de long et 35 cm de large. Il est lourd à porter et maintient la silhouette tel un corset. Les mouvements de la femme sont entravés et très mesurés. Elle doit marcher à petits pas en se tenant très droite et s'accroupir demande un véritable entraînement ! Selon la période de l'année, le nœud de obi est plus ou moins complexe et il est noué devant chez les prostituées...

Le kimono, une oeuvre d'art

Tous les kimonos exposés au Musée Guimet sont de véritables oeuvres d'art. On ne se lasse pas d'admirer les pièces prêtées par la maison Matsuzakaya. On retrouve toute la subtilité de la culture japonaise dans la finesse du trait des teintures ou des broderies. Les couleurs des tissus ou des fils à broder sont magnifiques. On imagine les heures de travail que représente la fabrication de chaque pièce. Quand on entre, on embrasse tout d'abord la salle du regard, découvrant les kimonos. Puis on s'approche pour découvrir chaque oeuvre avant de venir au plus près pour découvrir d'incroyables détails comme on le ferait avec des tableaux de grands peintres. D'ailleurs, aujourd'hui, seuls quelques maîtres artisans sont encore capables de faire des kimonos selon la tradition.

La dernière salle est consacrée aux kimonos imaginés par des créateurs de haute-couture. Chacun nous offre sa propre relecture du vêtement traditionnel, qu'ils soient français (Jean-Paul Gaultier, Yves Saint Laurent, John Galliano, Franck Sorbier) ou japonais (Kenzo Takada, Issey Miyak, Yohji Yamamoto). Et là encore nous sommes devant de véritables oeuvres d'art.

Enfin, pour clore l'exposition, le Musée Guimet nous propose un film qui donne la parole à toutes les personnes qui ont contribué à la mise en place de l'exposition (Iwao Nagasaki (conservateur, professeur en arts du textile, Université pour femmes de Kyoritsu), Aurélie Samuel (conservatrice, directrice des collections, Fondation Pierre Bergé - Yves Saint Laurent) ou encore Sophie Makariou (conservatrice générale, présidente du musée Guimet) mais également à des créateurs de haute-couture tels que Kenzo Takada et Yohji Yamamoto. On y apprend encore plein de choses et il me semble incontournable de consacrer quelques minutes à le regarder (même s'il n'est pas facile d'avoir une place assise).

Les kimonos anciens prêtés par la maison Matsuzakaya sont particulièrement fragiles et devront donc être intégralement remplacés en cours d'exposition, début avril. Une occasion de revenir faire un petit tour dans le coin !

Kimono, au bonheur des dames en images

Pour le plaisir des yeux (et pour vous donner envie d'y aller), voici quelques photos de l'expo ici, juste en dessous, ou encore là Kimono, au bonheur des dames - Musée Guimet

Musée national des arts asiatiques - Guimet
6, place d'Iéna - 75116 Paris
Le musée est ouvert tous les jours sauf le mardi, de 10h à 18h

La conclusion musicale reste japonaise avec Shigeru Umebayashi, compositeur de très belles bandes originales de films.


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