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Split

Par Tinalakiller

réalisé par M. Night Shyamalan

avec James McAvoy, Anya Taylor-Joy, Betty Buckley, Haley Lu Richardson, Jessica Sula, Brad William Henke, Sebastian Arcelus, Neal Huff, M. Night Shyamalan...

Thriller, épouvante-horreur américain. 1h57. 2017.

sortie française : 22 février 2017

interdit aux moins de 12 ans
Split

Kevin a déjà révélé 23 personnalités, avec des attributs physiques différents pour chacune, à sa psychiatre dévouée, la docteure Fletcher, mais l'une d'elles reste enfouie au plus profond de lui. Elle va bientôt se manifester et prendre le pas sur toutes les autres. Poussé à kidnapper trois adolescentes, dont la jeune Casey, aussi déterminée que perspicace, Kevin devient dans son âme et sa chair, le foyer d'une guerre que se livrent ses multiples personnalités, alors que les divisions qui régnaient jusqu'alors dans son subconscient volent en éclats.

Split

Décidément, depuis le surprenant , M. Night Shyamalan confirme bien qu'il est de retour après une mauvaise période qu'on tente tous d'oublier. Collaborer avec le producteur Jason Blum (vous savez, c'est le type qui produit ces daubasses de Paranormal Activity) aurait pu être un poids et bousiller de nouveau la carrière du réalisateur de Sixième Sens. Au contraire, cela marque la renaissance du cinéaste. Avec un petit budget, M. Night Shyamalan s'en sort à merveille avec son dernier long-métrage, Split, qui serait inspiré d'une histoire vraie : celle de Billy Milligan, arrêté pour viol à la fin des années 1970 et jugé non responsable de ses crimes en raison de son trouble associatif de l'identité. A partir de cette histoire, Shyamalan s'est interrogé sur le lien entre le corps et l'esprit : si un individu souhaite devenir une entité qui pourrait dépassement tout ce qu'on peut imaginer (quelque chose qui n'a rien d'humain par exemple), la force de l'esprit peut-elle être à l'origine d'une métamorphose ? James McAvoy incarne donc Kevin (qu'on verra finalement très peu sous cette véritable identité) qui vit avec 23 entités cohabitant et interférant entre elles : le pervers Dennis, la sophistiquée Patricia, le petit Hedwig, Barry le fou de mode etc... Ce sont ces entités qui poussent Kevin à kidnapper trois jeunes filles. Parmi elles, on va surtout s'intéresser à Casey, une adolescente renfermée et qui fait tout pour être recevoir des heures de colle à l'école. Elle se différencie de ses camarades. Casey a beau être la victime, elle partage beaucoup de points communs avec Kevin. Tous les deux ont souffert et doivent apprendre à vivre avec des traumatismes d'enfance. Chacun aussi a su développé une carapace pour se protéger. Ils partagent aussi un autre point commun : l'animalité. D'un côté, les flashback montrent l'histoire familiale de Casey, cette dernière apprenant enfant à chasser. De l'autre, Kevin a un comportement de plus en plus animal (le nom de la vingt-quatrième étant très explicite). L'instinct de survie est au coeur de ce long-métrage, avec ses bons et mauvais côtés. Par ailleurs, le lieu de l'intrigue (dans un zoo) est plutôt significatif.

Split

Split est aussi un film qui aborde le thème des apparences. On pense évidemment aux différentes apparences prises à chaque fois qu'une entité prend place : on ne peut évidemment pas limiter les différents changements de personnalité par des accessoires vestimentaires (la voix, les répliques ou l'attitude en elle-même font notamment partie des différents éléments qui mettent en avant la transformation) mais on ne peut pas nier son existence. La question des apparences concerne aussi Casey et même les deux autres filles kidnappées avec l'héroïne. Les entités qui envahissent Kevin s'attaquent à ces filles car ces dernières ne semblent pas avoir de vécu ni de souffrance. Après avoir discuté avec la personne qui m'accompagnait, nous nous sommes étrangement d'accord sur un point : on peut le rapprocher d'une certaine façon du très récent (et excellent) film de Tom Ford, Nocturnal Animals. En effet, ces deux films, qui ont l'air a priori différents, mettent en avant l'idée suivante : le spectateur / la victime a peur d'un individu à partir de ses propres préjugés et connaissances et non pas nécessairement par ce qu'il voit réellement devant lui. Split est donc un film très réussi aussi bien sur le fond que sur la forme, les deux se complétant superbement bien. Il est extrêmement oppressant alors que sur le principe on ne voit pas grand-chose à l'écran (et cela s'applique aussi à l'histoire personnelle de Casey : le spectateur est capable de visualiser l'horreur que la jeune fille a pu vivre alors que rien n'est montré). Finalement, le spectateur et les autres personnages voient des choses, des formes notamment qui ne correspondent pas nécessairement à la réalité. Pour moi, dans un premier temps, les personnages sont dans un monde assez réaliste, c'est-à-dire concrètement le nôtre. J'ai totalement cru à l'évolution de Kevin provoquée par son esprit malade. Le fait que la psychiatre Karen Fletcher soit sans cesse présente ne fait qu'ajouter à la crédibilité même du récit : la psychiatrie peut expliquer des phénomènes qui pourraient sembler pour le commun des mortels irrationnels. Mais après tout, notamment sa fin avec son petit caméo surprise (même si le film en lui-même se suffit - beaucoup de spectateurs dans la salle n'avaient pas forcément compris le clin d'oeil), il est tout à fait envisageable d'aller plus loin dans le mystère. Si le spectateur et les personnages voient quelque chose d'irrationnel, de l'ordre du fantastique, je pense que le film leur permettent cette interprétation.

Split

Le petit budget a donc fait beaucoup de bien à Shyamalan qui a su redevenir créatif en proposant aux spectateurs une oeuvre divertissante, enrichissante, sacrément bien foutue et intelligente. Le scénario est malin voire même ludique, la mise en scène vertigineuse et le montage efficace. On ne met pas mille ans à entrer dans le récit ( Split commence avec le kidnapping des trois jeunes filles) pourtant le film prend son temps pour exposer l'histoire et notamment nous présenter la dernière entité. Plus on avance dans le film, plus la tension monte : l'effet " crescendo " fonctionne totalement. On pourra toujours reprocher à Split de ne pas nous montrer plus d'entités prendre forme à l'écran mais je me dis que ce n'est peut-être pas plus mal que ça : on a peut-être évité un bordel sans nom qui aurait finalement causé du tort au film. On pourra aussi toujours dire qu'il ne s'agit pas totalement d'un huis-clos. Cela ne m'a pourtant pas empêchée d'adorer ce film qui, selon moi, est très abouti et est encore plus complexe qu'il ne l'est déjà. James McAvoy trouve certainement ici le rôle le plus puissant de sa carrière. On pourra aligner un grand nombre d'adjectifs complimentant son incroyable performance. Il parvient à devenir chaque nouvelle personnalité en un clin d'oeil et avec finesse, mais paradoxalement, il prend aussi en compte le lien entre les différentes entités : cette cohérence entre chaque personnalité rend sa performance encore plus intense. J'ai apprécié qu'il ne s'agit pas d'un McAvoy show comme je le redoutais : cela aurait pu être le type de films où il aurait pu tirer des grimaces ou un truc de ce genre, mais ce n'est pas le cas. Le spectateur ressent à la fois la folie et la souffrance chez ce personnage. Enfin, James McAvoy a le mérite de ne pas éclipser ses très bons partenaires, que ce soit Anya Taylor-Joy, qui interprète Casey ou encore Betty Buckley (qui avait déjà travaillé avec Shymalan dans Phénomènes) qui incarne le docteur Karen Fletcher.

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