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Exposition “La convergence des antipodes” | Mécènes du Sud – Montpellier

Publié le 24 mars 2017 par Philippe Cadu

Du 17 mars au 16 juin 2017

http://www.mecenesdusud.fr/

Avec : Pauline Bastard, Vincent Beaurin, Anne-Valérie Gasc, Cari Gonzalez-Casanova, Pierre Malphettes, Stéphanie Nava, Marie Reinert, Karine Rougier, Moussa Sarr, Alexander Schellow.

Cette première exposition propose, par un parcours d'oeuvres, l'image du mécénat estampillé "Mécènes du sud" comme une " convergence des antipodes " : c'est-à-dire l'association de deux opposés qui ici s'attirent : le monde de l'entreprise, qui habituellement cherche la productivité et le gain, devient donateur ; et l'artiste peut, le temps de ce soutien voire d'une collaboration plus intense (par exemple avec une résidence en entreprise), s'autoriser un temps de travail dénué de toute commande.
Cette convergence des antipodes, nous l'avons imaginée comme une expédition, une odyssée qui ne s'arrête pas ici, bien au contraire ; en naissant une seconde fois à Montpellier-Sète, notre action de mécénat prouve sa nature expérimentale qui lui permet de se bonifier, de s'agrandir sans cesser d'explorer.

"Ceux qui dansaient furent considérés comme fous par ceux qui ne pouvaient entendre la musique."
Nietzsche
En 1874, l'Académie des sciences envoya en Nouvelle-Zélande Anatole Bouquet de La Grye, ingénieur hydrographe, pour observer le passage de Vénus. Son apparition fut malheureusement compromise par un ennuagement préjudiciable à l'observation.

L'expédition partit de Marseille. Campbell, le nom de l'île où l'équipage accosta et séjourna, est celui de la compagnie maritime australienne qui l'aborda pour la première fois en 1810. Dans l'imaginaire collectif, ce nom rencontre forcément aujourd'hui celui de Warhol à travers l'appropriation qu'il en fit dans ses sérigraphies de boîtes de soupe homonymes, la plus populaire aux États-Unis.

L'évocation d'un équipage guettant l'irruption de Vénus fait resurgir l'image d'une déesse nue à la beauté insolente sortant des flots. Mais la Vénus vers laquelle convergeait le regard de toutes les grandes nations, était céleste, un phénomène attendu depuis 105 ans à l'époque qui devait permettre de mesurer la distance entre terre et soleil.

Ce défi scientifique, dans lequel l'apparition de la photographie joua plus tard son rôle, semble pourtant insignifiant aujourd'hui. La compétition internationale qui en résulta, dans laquelle la fierté des états était en jeu, illustre combien la confiance dans l'incertitude du résultat permet audace et prise de risque. La même qui donne à l'art sinon sa fortune, du moins sa vitalité.

En 2003, à Marseille, s'imagina une forme d'aventure liée à la quête de l'art. La question posée par Duchamp " Peut-on faire des oeuvres qui ne soient pas d'art ? " avait depuis longtemps remplacé celle de la beauté. Des entreprises, dont l'horizon était le réenchantement de leur territoire à travers le soutien à des projets artistiques, ont éveillé leur propre générosité. En le formulant collectivement, elles ont eu l'espoir de récolter un capital de sens. Celui qui, précieux pour elles, stimule l'observation, l'introspection, la coopération et l'intelligence collective. Dès lors on ne s'étonnera pas de l'intrusion du don dans ces organisations rationnelles où la normalisation est la règle pour produire plus et accroître la productivité.

Si la quête de l'art est une histoire intime, son expérience peut se partager. Sans questionnement collectif il n'y a pas d'art, tant sa reconnaissance relève d'une forme de consensus. Et si les civilisations meurent, les oeuvres restent comme le fabuleux témoignage de la connaissance et de la conscience que les artistes en avaient. Parce que les oeuvres produites aujourd'hui portent
la trace de celles qui les ont précédées, nous y rencontrons notre humanité.

Ainsi entre les artistes dont la nature de la production exclut toute valeur d'usage et ces entreprises qui défient leur logique marchande plane l'esprit du " qui perd gagne ". Cette convergence des antipodes serait-elle le symptôme d'un mécénat " à la folie " ou sa quintessence ?
Bénédicte Chevallier, déléguée générale de Mécènes du sud Aix-Marseille

Mécènes du Sud - 13 rue des Balances - 34000 Montpellier Tél 04 34 40 78 00

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