François Pourtaud m’a invité à regarder le montage de photos projeté sur un écran avant de visiter l’exposition. « Forainde » en est le titre : mélange de forain et d’Inde. Rapprochant des photographies prises en Inde (sur la partie droite de l’écran) de photographies prises sur des fêtes foraines (sur la partie gauche de l’écran), il en révèle les couleurs similaires, de l’ordre de la joie, d’une riche apparence masquant parfois le dénuement (comme dans une chanson de Gaston Couté : « Tiens, p’tit gars, v’là deux sous pour ton assemblée / Tiens, p’tit gars, v’là deux sous mais les dépense pas »). Comme le font parfois les fêtes, rites de jouissance éphémère, et d’assemblée réconfortante. « Nous d’eux » était affiché à l’entrée : ce n’est pas un simple accouplement, c’est bien que nous existons à partir de ces autres ici réunis, ici éclairés, ici donnant naissance à la société. L’assemblage des matières qui forment des sortes d’ex-voto accrochés aux murs donne d’abord une image d’artifice mais les couleurs obligent à s’arrêter un temps, pour en approfondir le sens.
Le temps de rêver est bien court
Que faut-il faire de mes jours
Que faut-il faire de mes nuits
Je n'avais amour ni demeure
Nulle part où je vive ou meure
Je passais comme la rumeur
Je m'endormais comme le bruit
Ces vers d’Aragon m’ont rattrapé quand je quittais l’exposition encore ébloui par les petites lumières qui tournaient au pied des totems dressés dans la grande salle. Piqués en haut des bâtons, des masques, des cravates, des perles, des cheveux m’avaient fait penser à des installations d’Annette Messager. Et tout autour, des lumières rouges me rappelaient ces veilleuses qui brûlent dans les églises. Pourtant il n’y avait rien de religieux si ce n’est dans le sens étymologique qui évoque le rassemblement, la réunion et ses rites.
J'ai vu cette exposition, à son dernier jour, à l'Espace Camille Lambert, à Juvisy (91)
Jeu de briques
Snake
Pacman
Bubble