L’Espèce fabulatrice – Nancy Huston

L'Espèce fabulatrice n'est pas un roman, c'est plutôt une succession de réflexions, un essai sur une particularité de l'espèce humaine : sa capacité à imaginer des évènements ou encore même sa propre identité. A partir de ce postulat, Nancy Huston démontre que notre espèce est gouvernée par ses mensonges. Elle aborde une multitude de thèmes comme la guerre, la haine, le racisme. Elle démontre que les comportements belliqueux sont dus à l'invention d'une identité aux moyens d'idéologies religieuses, familiales et nationalistes. L'Homme crée ses propres mythes face à la peur de l'autre. Elle en tire une phrase très belle sur ce qu'est être civilisé:

"Etre civilisé, c'est reconnaître l'identité comme une construction, s'intéresser à mille textes et, par là, apprendre à s'identifier à des êtres qui ne vous ressemblent pas."

J'ai passé un excellent moment de lecture. N'étant pas habitué à l'essai, je dois dire que Tix choisit pour la deuxième fois un essai pour le SLS après La Puissance discrète du hasard de Denis Grodzdanovitch, L'Espèce fabulatrice me laisse comme une marque indélébile sur ce qu'est être humain. Mais aussi ce qui fait que l'on tombe parfois dans des idéologies fatales:

"Plus on est squeezé, serré, écrasé, empêché, plus on a de chances de croire en l'Arché-test, construisant une réalité en noir et blanc et prônant la violence pour éliminer le noir et imposer le blanc."

Pour ce retour du Super Livre Surprise, j'ai commis l'erreur de transgresser une règle fondamentale : ne pas offrir un auteur que l'un de nous a déjà lu. Or, Mickdeca avait déjà lu Danse noire de Nancy Huston. Tant pis. Il a tout de même aimé cet essai. Et il a désormais une belle opportunité de se venger !