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Mon récit d’accouchement en siège

Publié le 12 avril 2017 par Bullesetbottillons @BlogueBetB
Mon récit d’accouchement en siège

Demain, ça fera déjà un mois que Clara est officiellement arrivée dans notre vie. On commence à s'adapter à la vie avec un nouveau-né et j'ai un petit peu de temps pour écrire pendant qu'elle dort et j'ai eu envie de vous partager mon accouchement. Ça allait de soi puisque j'ai toujours pas mal tout partagé ici - alors la journée la plus intense de ma vie a certainement sa place! Et aussi, pour la portion "en siège", je me dis que ça peut peut-être rassurer et encourager d'autres femmes qui seront dans la même situation que moi.

D'abord, Clara a été en siège tout le long de la grossesse. J'ai fait de l'acuponcture, de l'ostéopathie et le médecin a tenté deux versions, rien n'y a fait. Mademoiselle était bien comme ça.

Avant

J'ai commencé à avoir des contractions le 8 mars (j'étais due pour le 28 mars en passant). Celles que je sentais étaient environ aux 20-25 minutes, mais un suivi à l'hôpital nous a montré que j'en avais en fait beaucoup plus, que je ne sentais pas. La latence était officiellement commencée!

Chaque jour, les contractions se rapprochaient un peu, mais n'étaient jamais à moins de 10 minutes d'intervalle. Le 10 mars, ma doula est venue à la maison pour notre dernier rendez-vous avant l'accouchement. C'était maintenant clair que Clara resterait en siège, alors on a discuté des scénarios possible. Elle était certaine que l'accouchement serait pour bientôt, alors elle nous a parlé, si on le voulait et si on se sentait prêts, des petits trucs pour déclencher le travail.

J'ai donné un dernier blitz pour terminer le travail (j'avais prévu finir le 17 mars), mais j'ai comme eu une urgence de tout terminer LÀ LÀ. Le 11 en après-midi, je finissais ma dernière tâche, YAY! Stan et moi on a profité de cette journée et soirée pour la passer en amoureux, sans nos ordis. On s'est fait un bon souper, on a fait un rituel de pleine lune, on a beaucoup parlé. Ensemble et à Clara. De comment on se sentait, de nos dernières peurs, de nos interrogations, de comment on imaginait la vie avec elle. On avait comme un feeling que ça allait se passer cette nuit.

La nuit passe, aucun changement. Même qu'au matin, je trouvais que mes contractions avaient ralenties. On était un peu déçus et surpris, mais on a lâché prise. "Elle n'est pas encore prête à arriver, c'est tout. C'est correct." Ma doula est surprise aussi. J'en suis à mon 5e jour de latence, elle croit que les choses risquent de se passer. On va prendre une longue marche, Stan me refait un massage de chevilles, juste pour. Mais on n'y croit pas trop. Je me sens bizarre cette journée là, je suis irritable. Stan aussi. On sait pas trop pourquoi. Au souper je suis de mauvaise humeur et j'ai juste envie de manger de la junk. Notre dernier repas de couple aura donc été composé de frites curly et de bâtonnets de fromage, avec de la tarte au sucre en dessert. T'sais, faire le plein de bonne énergie avant d'accoucher! #not

Et comme deux crétins, on s'est couchés à 1 : 00 du matin. Mais évidemment, on ne savait pas ce qui s'en venait! Et bizarrement, une fois couchés, on jasait justement de "hé ben han, je me demande quand ça va arriver! On lâche prise, ça sera quand ça sera!".

Et 15 minutes plus tard... BAM. Je perds les eaux.

En passant, ce n'est vraiment pas comme dans les films, genre immense splash qui sort d'un coup. Dans mon cas, ça a été en continu (avec des pauses) pendant tout le travail. Tu as un peu l'impression de faire pipi dans ta culotte chaque fois! Je criais à tout bout de champ "OMG ça coule!!" en riant genre mon dieu que c'est bizarre! (J'ai fini par en revenir).

On ramasse les derniers trucs qu'il manquait pour l'hôpital et on part pour Ste-Justine. L'avantage de perdre ses eaux en pleine nuit c'est qu'on a eu zéro trafic (c'était un de nos stress, genre qu'on doive se rendre en pleine heure de pointe, alors qu'on est à 1 h de route, sans trafic.)

Jacynthe, notre merveilleuse doula, nous rejoint là-bas. Elle a une seconde d'hésitation en me voyant avec le gros sourire aux lèvres. J'étais ben énervée et je n'avais pas trop l'air d'une fille en train d'accoucher! À ce moment-là, c'était easy breezy. J'avais des contractions aux 5 minutes, vraiment gérables, je placotais, j'étais à 3 cm de dilatation, la vie était belle.

On arrive dans notre chambre. OMG vous devriez voir les chambres à Ste-Justine! Vraiment fantastiques. Il y a fait tout ce qu'il fallait (même un bain, direct dans notre chambre privée), tous les ballons et accessoires possible, c'était vraiment super. L'infirmier qui va être avec nous pour les premières heures, Emmanuel, est la personne la plus sweet de la terre. On est comme sur un petit nuage de "mon Dieu c'est dont ben parfait tout ça" (inquiétez-vous pas, ça commence à brasser plus loin ahah!).

On installe de notre sep-up de hippies : j'ai mes cristaux préférés qui prennent place à côté de moi, on diffuse des huiles essentielles, on éteint tout et allume des bougies (à batteries) en guise de lumières, je médite un peu et on met notre playlist d'accouchement (composée majoritairement de chansons en Sanskrit, mais aussi de choses un peu random - mais que j'adore et qui me font du bien - genre des chansons d'Amélie Poulain, de la mélodie du bonheur et des ballades irlandaises.) Y'a pas à dire : on est les hippies de la place ahah!

Mon récit d’accouchement en siège

Le staff est vraiment génial. Tout le monde comprend immédiatement l'ambiance qu'on recherche : les gens chuchotent, essaient de ne pas trop me sortir de ma bulle. On rencontre le médecin de garde qui va nous accoucher. On a vraiment de la chance, il a l'habitude des accouchements en siège et nous encourage vraiment dans cette démarche (YAY!). On avait été prévenus à notre dernier rendez-vous que c'est le médecin de garde qui déciderait si on pouvait ou pas, parce qu'ils ne sont pas tous à l'aise à le faire.

Le docteur prend le temps de nous expliquer les particularités de l'accouchement en siège. En gros, le travail ne doit pas trop ralentir. Si l'équipe juge que ça ralentit trop, ils vont alors me brancher sur le pytocin (?) une hormone synthétique qui accélère et augmente l'intensité des contractions. Et si ça n'accélère pas, césarienne d'urgence. La poussée se fera en salle d'opération, au cas où, et ne peut pas dépasser une heure. Si c'est le cas, hop, en césarienne d'urgence. La journée a donc deux issues possible : un accouchement naturel ou une césarienne d'urgence. Je préfère DE LOIN la première option, alors je vais tout faire pour que ça se passe (même si, je sais, j'ai genre aucun contrôle là-dessus). Et finalement, le coeur du bébé doit être monitoré en tout temps. Crotte. Moi qui voulait marcher, prendre des bains, changer de position le plus possible. Ils nous disent finalement que si tout va bien, je pourrai prendre des breaks de moniteur toutes les 30 minutes. Alright!

Tout va vraiment bien jusqu'à midi environ. Les contractions augmentent en intensité, mais ça se gère encore bien. Je prends des bain, je vais marcher, je médite, je respire (beaucoup) et je fais des drôles de bruits graves quand ça fait plus mal. Sérieux, je vous le dis, à ce moment-là, je me pense ben bonne à tout gérer ça comme une championne de même. Je suis fière de moi et je me dis que câline, ça va bien aller.

Mon récit d’accouchement en siège

Vers 13 : 00 je crois, l'équipe juge que le travail a trop ralentit. Je suis encore seulement à 5 ou 6 cm, alors que ça fait 12 heures que je suis en travail actif. En temps normal, ils laisseraient les choses aller, mais pas en siège. On me branche donc sur le redouté pytocin.

ALL HELL BREAK LOOSE.

D'abord, je ne peux plus rien faire puisque j'ai le soluté dans le bras et le moniteur pour bébé à temps plein maintenant. Je peux me promener dans un rayon de genre 1 mètre, incluant mon lit.

Et là, la douleur arrive, POUR DE VRAI. Je réalise que tout ce que j'avais eu jusqu'à maintenant, c'était vraiment rien. Au début, ça se gère encore. J'essaie de ne surtout pas me crisper, je respire, je fais du bruit. Mais. Ça. Augmente. Sans. Cesse. Je gère ça de moins en moins comme une championne.

Au début, je dilate plus rapidement, je passe à 7 cm en peu de temps (dans ma tête en tout cas). C'est très positif! Jacynthe et Stan m'encouragent beaucoup (deux anges sérieux). Elle me dit que rendu là, tout peut débouler super vite, alors de ne surtout pas lâcher! Je m'accroche à ça, parce que honnêtement, je n'en peux plus. Je n'ai jamais rien vécu d'aussi douloureux de ma vie. Et je suis assez tough là-dessus. Du genre à lire quand je me fais tatouer, t'sais. Et les contractions arrivent tellement vite. Je n'ai pas le temps de reprendre mon souffle, de relaxer quelques secondes, qu'il y en a une autre, encore plus forte.

Après une heure comme ça, on me réexamine. Je suis encore à 7 cm. Rien n'a bougé. Pour moi, ça, ça a été le boutte de la marde comme on dit. J'en suis à 15 heures de travail, sans une minute de sommeil dans le corps, sans avoir mangé depuis le souper (de qualité ahah) de la veille. Je suis ÉPUISÉE. Et je gère pu du tout. Je commence à me crisper, à crier fort, à pleurer à chaque contraction. Pauvre Stan. C'est pas facile pour les papas de voir leur blonde se tortiller de douleur en braillant / hurlant "JE SUIS PU CAPABLE!".

Ça fait tellement mal que j'en vomis. J'ai des sueurs froides, je tremble. Je suis vraiment sur le point de m'évanouir. En tout cas, les rares fois où je me suis évanouie dans ma vie, c'était exactement comme ça. Je n'ai plus aucune énergie, aucune volonté. Et là je repense à la poussée. "Ça ne peut pas dépasser une heure madame, sinon on va en césarienne d'urgence". Fuck. Je sais pertinemment que je n'aurais jamais la force de pousser comme ça, dans cet état, pour faire ça en bas d'une heure. Surtout qu'on se fait dire qu'un premier bébé, ça prend souvent plus que ça anyway.

J'étais tellement, mais tellement décidée à ne pas prendre la péridurale. Mais à ce moment là, je savais que si je ne le faisais pas, ça se terminerait en césarienne d'urgence. Et ça, ça me tentait encore moins. Comme pour à peu près tout dans la grossesse, je laisser-aller mes idées préconçues de comment j'imaginais faire les choses. Je demande donc la péri. On me réexamine, j'approche du 8 cm. Je pense qu'en tout, ça aura peut-être pris 30 minutes, gros max, pour qu'on me l'administre et qu'elle fasse effet, mais c'est clairement le plus long 30 minutes de ma vie.

Ça a fait effet. Meilleur feeling ever. Je sens les contractions, mais elles ne font plus mal (HALLELUJAH). Je peux me reposer. J'ai même dormi un peu! Stan en profite également pour se reposer. Lui aussi il est debout depuis beaucoup trop longtemps. Pendant ce temps, Clara continue de descendre et le travail progresse bien. L'ambiance dans la chambre redevient super paisible et douce.

Mon récit d’accouchement en siège

Vers 16 h 30 (ou 17 h), le docteur revient nous voir et regarde le travail. Tout se passe tellement bien qu'il décide qu'on pourra accoucher dans notre chambre! Pas besoin d'aller en salle d'opération! On est si contents! Jacynthe et moi on pleure un peu de joie hihi.

Vers 18 h, tout le monde vient dans la chambre et on voit un changement d'attitude : quelque chose se passe! On m'annonce que c'est l'heure de pousser! Tout le monde se met en place, on essaie quelques positions (je suis quand même capable de bouger) et let's go! Ce qu'il y a de très particulier avec les accouchements en siège, c'est que personne ne peut toucher au bébé. Quand on le touche, ça déclenche ses réflexes de respiration. Et avec la tête encore dans mon corps, vous comprendrez que c'est la dernière chose qu'on veut! C'est donc un travail qui se passe entre la maman et le bébé, c'est vraiment spécial.

Notre médecin est vraiment génial. Super relax, positif, il fait des petites blagues, détend l'ambiance et explique que les accouchements en siège sont pour lui une superbe leçon d'humilité. "Une fois qu'on sait qu'on ne peut rien faire, on l'accepte et on s'assoit sur nos mains."

La péri a été super bien faite, parce que je sens les contractions, je sais quand pousser. Toute l'équipe, Jacynthe et Stan m'encouragent comme jamais. Ça se passe tellement bien! Je pense que toutes mes années d'athlète ont porté fruit ahah, parce que je pousse vraiment fort. On me dit "Mon Dieu madame, on dirait que c'est votre 3e bébé!"

Mais Clara a le mérite là-dedans. On travaille ensemble, en harmonie. Elle descend même entre les poussées! Très rapidement, on voit ses petites fesses qui sortent. Je la sens qui sort toujours plus à chaque poussée. Je me concentre fort pour bien pousser. C'est beaucoup de travail, mais c'est tellement excitant de savoir qu'on est dans les derniers miles, qu'on va bientôt rencontrer notre fille. J'ai comme un mélange de fatigue extrême, d'énervement et d'extase.

Clara sort toujours plus. Une poussée de plus et hop, ses jambes se déplient. Une autre et tout doucement, elle sort une épaule, un bras. Puis l'autre. Je ne le vois pas, mais Jacynthe me raconte qu'elle l'a fait tout délicatement, comme pour ne pas me faire mal.

On y est. Il ne manque plus que la tête. On me dit de donner tout ce que j'ai. Je pousse, je pousse et tout le monde s'exclame. Exactement au bon moment, l'interne prend Clara et hop, on me la dépose sur le ventre.

Toute calme, toute zen. Deux grands yeux curieux qui me regardent, avec amour et douceur. Elle ne pleure pas. Elle est simplement blottie contre moi. Le temps s'arrête. Je pleure, je pleure, sans décrocher mon regard du sien. Stan pleure, essaie de parler lui aussi. Les mots nous manquent. Il me dit merci, sans cesse merci.

Jamais, je n'ai vécu quelque chose d'aussi pur, intense et débordant d'amour. Pourtant, ça aura probablement duré moins d'une minute. L'infirmer prend Clara, qui ne pleure toujours pas, pour s'assurer que tout est correct. Sans attendre, elle hurle! Il comprend le message et la replace tout de suite sur moi et elle se calme immédiatement. Elle est sur moi, peau contre peau. Tous les trois, nous sommes dans notre petite bulle.

Clara est née à 18 h 40, le 13 mars 2017. Au même moment, une maman, un papa et une famille sont également nés.

***

À toute l'équipe médicale de Ste-Justine qui nous ont assisté cette journée-là, un immense merci. Je redoutais d'accoucher dans un hôpital, mais vous avez rendu l'expérience tellement positive et sereine. Vous êtes vraiment une équipe merveilleuse! (Emmanuel, je le répète, tu es le meilleur infirmier du monde). Je ne sais pas si j'ai le droit de nommer un médecin ahah, mais docteur, merci, merci, merci.

À Jacynthe, notre merveilleuse accompagnante à la naissance, tu es une doula incroyable. Je me sens choyée que la vie t'ait mise sur notre chemin et que tu nous aies aidés à accueillir Clara comme ça. Merci pour ta douce présence constante et pour tes encouragements, ton intuition et ta personnalité tellement l'fun.

À Stan, mon chéri. Merci d'avoir été mon roc cette journée-là. Merci d'être la personne, l'amoureux et le papa que tu es. Tu es incroyable. Être parents, ça ne fait pas peur à tes côtés. Tu es le meilleur coéquipier que j'aurais pu avoir. Clara a de la chance d'avoir un père aussi présent et aussi extraordinaire que toi.

***

Si vous avez un bébé en siège, sachez que c'est tout à fait possible d'accoucher ainsi. Vous êtes capable! Je vous encourage fortement à faire appel à une accompagnante à la naissance qui vous aidera dans ce cheminement et surtout, faites vous confiance, à vous et votre bébé. N'hésitez pas si vous avez des questions et voulez en parler. Personnellement, ça m'avait beaucoup rassurée d'avoir les témoignages de beaux accouchements en siège.


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