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Les fleurs fanent dans les musées

Par Balndorn
Les fleurs fanent dans les musées
« Ah le jardin ! Ce monument vivant, éphémère et changeant, n’est-il pas l’objet d’une exposition impossible ?Impossible n’est pas le Grand Palais ! »L’exposition Jardins entend concilier art des jardins et scénographie muséale. L’idée est bonne. La pratique désastreuse.
La nature en tableaux
Pour faire entrer un art de l’espace et de l’extérieur dans le lieu clos du musée, fallait-il vraiment réduire les jardins à une série de tableaux et autres œuvres d’art ? L’institution muséale ne peut-elle accepter en son sein que des créations formatées pour ses salles obscures ?
Certes, nous voyons tout du long du parcours de belles pièces. Les tableaux de Klimt, Dubuffet, Morisot ; les fleurs, fruits et légumes en céramique ; les délicates photographies de pistils et corolles. Mais aussi belles soient ces œuvres, y compris les plans et dessins de jardins, elles ne sont que des fragments de l’ensemble jardin. Décomposer un art de l’unité et de la synthèse, c’est le tuer.  
Paradoxalement, en voulant légitimer un art peu institutionnel, le Grand Palais l’assassine au nom des catégories artistiques classiques : ne serait artistiquement légitime que les œuvres finies, où seule compte la main de l’homme. « Éphémère et changeant », « monument vivant », le jardin ne peut y entrer que cadenassé dans des médiums reconnus.

Le discours du sensible  
De l’art des jardins nous n’avons donc que des représentations. On aurait pourtant pu espérer un parcours autrement plus ambitieux, d’autant que le Grand Palais a le goût des métamorphoses. Puisqu’il peut servir à la fois de patinoire en hiver et de foire pour Hermès, ne pourrait-il accueillir un jardin sous sa grande nef, à l’occasion transformée en immense serre ?
Au lieu d’une véritable adéquation entre forme et fond, la scénographie se retranche sur ce qu’elle connaît le mieux : les panneaux didactiques. À défaut d’une réelle sensibilité émergeant des œuvres, le public se coltine quantité de panneaux chargés d’expliquer pourquoi telle œuvre est belle, celle-ci intéressante… En somme, la sensibilité reste un tabou. Pour ces vieux musées peu innovants, on ne peut que parlerde sensibilité, et non la vivre.
Les fleurs meurent dans les musées. Les musées meurent par manque de fleurs.

Jardins, au Grand Palais jusqu’au 24 juillet 2017Maxime

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