Magazine

Dernière minute : Jean Luc Mélenchon : "- Ma position, ce n’est pas ni, ni !"

Publié le 01 mai 2017 par Guy Deridet

Jean-Luc Mélenchon s’est exprimé publiquement sur TF1 hier soir. Après la parution de mon dernier article sur Mélenchon et le syndrome Baden Baden. Décryptage.



Après son long mutisme, suite à la publication des résultats du premier tour des législatives, Mélenchon s'est exprimé par deux fois : par une vidéo sur sa chaîne Youtube. Par une interview sur TF1, dimanche soir, 30 avril.

Ce qu'il faut retenir de cette déclaration c'est : j'irai voter, et ma position ce n'est pas ni, ni.

En clair, je ne m'abstiendrai pas, je ne voterai jamais Le Pen, je voterai donc… Macron. En effet, s'il n'est pas ni, ni cela signifie qu'il est ou, ou, sans ou !

Il s'est bien gardé de revenir et encore moins d'expliciter, son choix du ou, ou sans ou. Comme il l'a précisé, c'est aux français d'être assez intelligents pour comprendre. Mélenchon, le seul homme politique français qui fait appel à notre intelligence.

Pourquoi ne veut-il pas, cette fois-ci, indiquer clairement qu'il votera Macron, la main sur le haut-le-coeur.

Parce que, cette fois-ci, contrairement à 2002, il a derrière lui, ou plus exactement un puissant mouvement l'a porté, qui compte actuellement près de 500 000 inscrits, sans compter les sympathisants non inscrits.

Ces Insoumis, comme ils s'appellent, sont très divisés quant à la conduite à tenir, dans les isoloirs, au second tour. La direction du mouvement a d'ailleurs lancé une consultation parmi les militants dûment inscrits avant le soir des résultats du premier tour. Sur cette question, il est probable que très peu voteront Le Pen, une majorité votera Macron, le reste se partagera entre le vote blanc et l'abstention. Abstention que Mélenchon a déconseillé fortement (j'irai voter) Sur sa chaîne Youtube il a annoncé dimanche que les résultats de cette consultation feront l'objet d'une publication.

Mélenchon ne peut donc déclarer publiquement qu'il va en fait voter Macron, en désespoir de cause, c'est vraiment le cas de le dire, car en faisant cela il risque de mécontenter très fortement ceux qui refusent de “se laisser tordre le bras” en votant Macron.

Pour lui, ce qui compte, quel que soit le résultat du second tour, c'est l'unité des Insoumis et la lutte qui va s'engager dès le lendemain des résultats de l'élection présidentielle.

Il va donc voter Macron, avec plein d'états d'âme, mais pour mieux le combattre, dès le lendemain de son élection. Ce que beaucoup de ses jeunes partisans, peu habitués à ce qu'en politique il faille parfois se salir les mains, auront plus de mal à faire. Dans les élections législatives qui vont suivre l'élection présidentielle, Mélenchon présentera plusieurs centaines de candidats, partout où il a recueilli plus de 20% des voix au premier tour. C'est ce qu'il a précisé dans la vidéo de sa chaîne Youtube, après les résultats du premier tour.

Il sait très bien que l'absence de consigne de vote de sa part fait courir le risque de faire élire Le Pen, mais il ne peut pas se couper de sa base puisque pour lui tout va se jouer par la suite, avec cette base. Dans ces conditions l'unité du mouvement des Insoumis passe avant tout. Par ailleurs, chez les Insoumis, par définition, une consigne de vote aux militants passerait très mal.

Pour ce qui est du présent, les Français ont jeté les dés et avec Macron ou avec Le Pen nous sommes partis pour cinq années de lutte politique et sociale dans des conditions jamais vues en France depuis longtemps. Conditions jamais vues, en raison du fait que les deux grandes coalitions alternativement au pouvoir depuis des décennies, ainsi que leurs chefs traditionnels, ont été balayés.

La nouveauté également c'est que les Insoumis sont en majorité des jeunes.À cet égard on peut féliciter Mélenchon d'avoir redonné le pouvoir aux jeunes en politique, ce qui n'était pas arrivé en France depuis...1968 !

Mélenchon est quand même le premier homme politique français aguerri à séduire un grand nombre de jeunes, depuis très, très longtemps. Beaucoup de politiciens se plaignaient naguère de la désaffection des jeunes par rapport à la politique. Il semble qu'ils ne savaient pas leur parler, ou plutôt que ce qu'ils leur disaient ne les a jamais intéressés.

Si Mélenchon ne donne pas de consignes de vote claires c'est surtout parce que ces jeunes sont révulsés à l'idée de devoir choisir entre la peste et le choléra. C'est tout le problème des scrutins majoritaires à deux tours, fondement de la 5eme République. C'est pourquoi les Insoumis veulent en premier lieu changer de Constitution et rétablir la proportionnelle.À cet égard, à l'attention de tous ceux qui ont connu la haine du Général de Gaulle et de ses successeurs envers "le régime des partis", je rappelle qu'en Europe actuellement 26 pays sur 28 ont adopté la représentation proportionnelle. Les deux exceptions étant la France et...le Royaume Uni !

Au demeurant, il est indéniable sauf pour Mélenchon lui-même, qu'il a connu au soir des résultats du premier tour un grand moment de flou. Ce que j'ai appelé le syndrome de Baden Baden. De fait, il n'est pas parti, mais il n'était plus là. Ce qui fut très pénible pour tous ceux qui avaient cru en lui et s'est ajouté cruellement à leur répulsion à se retrouver seul face à la peste et au choléra.

Donc, Mélenchon n'est pas un surhomme. En tant que tel il a droit, comme nous tous, à connaître parfois quelques faiblesses. Il s'est bien ressaisi et sa position est désormais claire, même s'il ne peut l'afficher clairement (!)

Il faut s'appeler Mélenchon pour avoir une chance de faire passer cela !

L'avenir, ce sont donc les élections législatives qui peuvent amener à la création d'une vraie nouvelle gauche, d'un changement (enfin) de logiciel, avec les Insoumis et ceux qui, n'en doutons pas, viendront se joindre à ce mouvement. Les insoumis, plus les membres du P.S pas trop ramollis, plus les écolos pas trop pourris par la politique, plus tous ceux qui ne se reconnaissaient pas dans les vieux partis traditionnels et s'abstiennent régulièrement (plus de 10 millions de Français) ça fera du monde sur l'échiquier politique et le candidat élu, apprendra vite, comme Trump aux États-Unis, qu'il ne suffit pas d'être élu pour gouverner.


La vidéo Youtube :
Cette vidéo est beaucoup plus explicite sur les problèmes auxquels J.L.M a dû faire face avant de faire connaître sa position définitive.

L'intervention de JLM à TF1

Retour à La Une de Logo Paperblog

A propos de l’auteur


Guy Deridet 377442 partages Voir son profil
Voir son blog

l'auteur n'a pas encore renseigné son compte l'auteur n'a pas encore renseigné son compte