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Nous les avons tant aimé ! Ils nous ont tant donné !

Publié le 05 mai 2017 par Halleyjc
Nous les avons tant aimé ! Ils nous ont tant donné !

Monsieur Maurice FRANCOIS le 17 mai 2008 rendant hommage à sa soeur Monique FRANCOIS !

TEMOIGNAGE

Monsieur Maurice FRANÇOIS

Monsieur Maurice FRANÇOIS a fermé les yeux à l’aube du 1er mai, jour de la fête des travailleurs.

Est-ce un signe, un clin d’œil à sa longue vie de travail et à ses décennies de service public ? Je ne sais, mais je prends le parti de cette opportune coïncidence.

Au surplus, j’ai connu Monsieur FRANÇOIS au travers de nos activités respectives et c’est au bénéfice de cette circonstance que j’ai  appris à l’apprécier et noué avec lui une relation privilégiée et des liens indéfectibles.

Nous étions, il est vrai, en pleine grève de 1983 au CHU dont il était alors le Directeur Général, et confrontés tous les deux à une énorme mobilisation intersyndicale.

Cette grève a duré presque trois mois, suite à un concours externe hospitalier, dont le lauréat Martiniquais s’est trouvé interdit d’affectation en Guadeloupe par les syndicats vent debout au nom d’une préférence Guadeloupéenne, en l’espèce, usurpatrice du mérite avéré du lauréat.

Votre serviteur a essuyé tous les noms d’oiseaux, insultes et anathèmes pour avoir défendu publiquement les droits acquis par ce lauréat et stigmatisé tout aussi publiquement et frontalement la xénophobie paradoxale de nos camarades syndiqués.

Monsieur FRANÇOIS et moi-même étions côte à côte dans cette épreuve, lui dans la rondeur des angles et l’affectif raisonnant, moi dans le rapport de forces et la confrontation faute d’autres choix, tous deux en tout cas animés du souci d’une honorable conciliation sans concession sur les principes que nous partagions.

Une chose m’a frappée tout au long de ces journées et de nos nuits de veille : le soin constant qu’avait Monsieur FRANÇOIS de son épouse. Il me parlait avec une infinie tendresse de «  sa petite femme » restée seule à la maison et dont la fragilité l’inquiétait. Il me parlait de ses enfants, en particulier d’Alain que je ne connais pas encore, et que je ne connaissais pas mais qu’il appelait affectueusement « ti boug la ça » parce qu’il s’en faisait du souci, et s’en préoccupait.

J’ai découvert, un homme affable, courtois et bienveillant mais d’une belle énergie, de la poignée de mains virile à la fermeté du verbe haut.

Monsieur FRANÇOIS était un fonctionnaire à l’ancienne doté d’une confiance vivifiante dans les capacités de notre jeunesse moderne. Dans ses rapports avec son personnel et les syndicats de son établissement, il y avait de l’humanité et un sens aigu de l’écoute et du respect mutuel, à tel point qu’on l’appelait, à tel point qu’on l’appelait affectueusement le « le père FRANÇOIS ».

 Je l’ai moi aussi toujours appelé ainsi, comme pour signifier, en ce qui me concerne, une manière de filiation putative, avec lui, mais aussi la figure tutélaire du pater familias et faire révérence à la foi  affirmée d’un homme de bonne foi, au nom du père, précisément.

Ce qui est certain, c’est que nous cultivions une grande considération réciproque, lui me gratifiant d’un Monsieur le Président, Président de quoi je vous le demande, moi lui donnant du Monsieur le Directeur général, du CHU bien entendu, même après qu’il l’ait quitté, à l’instar des ministres qui ont leurs titres en héritage.

C’était évidemment un jeu entre nous.

En tout cas, nous étions suffisamment proches et en confiance pour qu’il se donne la liberté de s’épancher sur un épisode traumatique et indélébile de sa vie administrative, et de sa vie tout court.

Nous sommes aujourd’hui en 2017. Il y a tout juste cinquante ans, Monsieur FRANÇOIS était cadre supérieur de Préfecture en Guadeloupe.

Il m’a confié que, de cette position qui l’obligeait à la réserve et le condamnait au silence, il a vécu dramatiquement les évènements qui ont meurtri la Guadeloupe à l’époque. La conscience malheureuse qu’il en a conçu a été, de son propre aveu, décisive dans sa migration vers la fonction publique hospitalière qui l’éloignait des fourches caudines du monde préfectoral et lui ménageait ainsi une confortable autonomie citoyenne.

Je crois pouvoir dire que le Guadeloupéen indigné qu’il était alors en a gardé ressentiment jusqu’à ses dernières volontés, car étant au cœur du système, il en a éprouvé les avatars et les turpitudes.

Il fallait que je vous fasse cette confidence qu’il m’avait faite, en hommage à sa rectitude morale et à son sens du pays.

Nous perdons un homme de convictions et de devoir, un ami sincère, un père affectueux et bienveillant, un sage qui croyait au ciel et dont la bonhommie et le goût de vivre nous manqueront.

Que ses enfants, Lauretta, Alain, Yann auxquels j’associe Christiane post – mortem, soient assurés de nos sentiments et de notre attachement au père FRANÇOIS.

Que la famille et les proches de Monsieur FRANÇOIS reçoivent nos très sincères condoléances.

    Pierre REINETTE

Pompes Funèbres DOROCANT Le 03 mai 2017 – 15 H

Merci à Monsieur Pierre REINETTE pour ce témoignage émouvant ! Je voudrais ajouter simplement que soudain devant nous, au front comme nous disons dans la famille, il ne sont plus là. Ils sont tous partis ceux que nous avons tant aimé ; ceux qui nous ont tant donné. Alors il nous reste des souvenirs merveilleux de leur exemple. 


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