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Mes dernières lectures : Vikas Swarup, Jean-Christophe Ruffin et Kazuo Ishiguro

Par Alittlepieceof @Alittle_piece

Une fois n'est pas coutume, 3 lectures et 3 déceptions. Peut-être avez-vous aimé ces romans vous ?

Playboy millionnaire, l'ignoble Vivek -Vicky- Rai est tué lors de sa propre garden party. Six convives sont suspectés: un bureaucrate possédé par l'esprit de Gandhi; l'actrice la plus glamour de Bollywood, fan de Nietzsche; un tout petit aborigène très doué pour l'effraction; un gamin des rues voleur de portables au physique de jeune premier; un monsieur catastrophe texan sous protection judiciaire ; et le must du politicien corrompu, le propre père de la victime.
Des palaces de Delhi aux bidonvilles de Mehrauli, des repaires terroristes du Cachemire aux cabanes des îles Andaman, des berges du Gange aux tapis rouges des premières de Bombay, entre soif de justice, vengeances, manigances politiques, quête d'un totem perdu ou d'une fiancée par correspondance, tous les chemins semblent mener au jardin du crime. Mais qui a tué Vicky ?

Mon avis

Grosse déception !Je l'avais depuis des années dans ma bibliothèque et je me suis dis qu'il était temps de m'y mettre. J'avais pourtant bien aimé " Les fabuleuses aventures d'un indien malchanceux qui devient milliardaire " (et adoré
l'adaptation ciné) mais là.... Quel ennui !
Au départ cela partait pourtant plutôt bien. Un journaliste annonce la mort d'un jeune homme très riche dont le casier judiciaire ne doit son inexistence que par des relations hauts placées et une fortune conséquente. Un meurtre, six suspects...la promesse d'une enquête palpitante !
Six personnages que l'auteur va s'évertuer à nous présenter en détail puis qui va décortiquer les mobiles de chacun de ces suspects à qui il arrive tous un tas d'aventures abracabrantesques. Tous ont une très bonne raison d'avoir liquidé Vicky mais qui est le coupable ?
Au commencement de ma lecture, partir à la découverte de cette actrice en mal d'amour, de cet homme politique à la retraite qui se retrouve " possédé par Ghandi, le pick pocket au coeur d'artichaut ou encore cet américain un peu benêt qui croit avoir trouvé la femme de sa vie j'ai trouvé cela plutôt folklorique. Je retrouvais avec plaisir les effluves de l'Inde, ses moeurs et ses coutumes mais dès la partie qui aborde les mobiles, cette histoire façon poupées russes faite de récits dans le récit m'a complètement larguée. De longs passages à n'en plus finir, des détails en voici en voilà pour en arriver au fait que tous avaient bel et bien des raisons d'en vouloir au jeune millionnaire...
L'auteur a produit un récit des plus fournis, faisant appel à tout ce que l'Inde peut compter de beau comme de regrettable, il y dénonce encore une fois toutes les inégalités qui perdurent dans son pays mais le résultat est totalement indigeste et terriblement ennuyeux. J'ai lu une bonne partie des chapitres en diagonale, tentant de tenir le coup pour finalement aller lire le dernier chapitre, histoire de savoir tout de même qui avait fait le coup. Je n'aurais probablement pas trouvé le coupable puisqu'il s'agit d'un réel retournement de situation mais même ce petit pied de nez n'aura pas suffi à me faire aimer ce roman.

Quelques extraits

  • C'est ça qui est bizarre avec l'argent : en avoir trop peut être aussi problématique que ne pas en avoir assez.
  • Il y a sept péchés sociaux, ... , La Politique sans les Principes, la Fortune sans le Travail, le Savoir sans la Personnalité, les Affaires sans la Moralité, la Science sans l'Humanité, le Culte sans le Sacrifice et la Jouissance sans la Conscience.
  • J'étais furax comme un unijambiste à un concours de coups de pied au cul
  • Il existe un système de castes même dans le meurtre. Le conducteur de pousse-pousse indigent qu'on poignarde est une simple statistique, reléguée dans les pages intérieures d'un journal. Mais le meurtre d'une célébrité se trouve instantanément propulsé à la une.
  • " La pauvreté de l'Inde m'a heurté de plein fouet. J'ai vu des familles entières vivant sur le trottoir dans des tentes bricolées avec des feuilles en plastique. Et des gens qui n'avaient même pas ça. "

Maud, vingt et un ans, cache sa beauté et ses idéaux derrière de vilaines lunettes. Elle s'engage dans une ONG et se retrouve au volant d'un quinze tonnes sur les routes de la Bosnie en guerre.
Les quatre hommes qui l'accompagnent dans ce convoi sont bien différents de l'image habituelle des volontaires humanitaires. Dans ce quotidien de machisme, Maud réussira malgré tout à se placer au centre du jeu. Un à un, ses compagnons vont lui révéler les blessures secrètes de leur existence.
Et la véritable nature de leur chargement.

À travers des personnages d'une force exceptionnelle, Jean-Christophe Rufin nous offre un puissant thriller psychologique. Et l'aventure de Maud éclaire un des dilemmes les plus fondamentaux de notre époque. À l'heure où la violence s'invite jusqu'au cœur de l'Europe, y a-t-il encore une place pour la neutralité bienveillante de l'action humanitaire ? Face à la souffrance, n'est-il pas temps, désormais, de prendre les armes ?

Mon avis

Cela faisait un moment que j'avais envie de découvrir Ruffin. On m'a vivement conseillé " Rouge Brésil " et " Le parfum d'Adam " mais celui-ci m'a été offert avant que je ne puisse lire les autres. Et pour une première lecture, c'est une déception. Cela ne m'empêchera pas de lire d'autres oeuvres de l'auteur car quelque chose me dit que je ne dois pas m'arrêter à cette première impression plutôt négative.
Le thème se montrait pourtant plutôt intéressant d'autant que l'auteur, lui même humanitaire, aurait eu beaucoup à nous apprendre sur ce monde dont nous n'avons que la vision tronquée proposée par les médias.
Malheureusement, ce dernier a choisi de s'attacher à ses personnages plus qu'autre chose. Il y avait pourtant certainement beaucoup plus à dire sur ce conflit dont j'ai un vague souvenir d'adolescence.
Il explique d'ailleurs les raisons qui l'ont poussé à écrire ce roman et a choisir cet angle de récit. La postface est en ce sens le seul passage vraiment intéressant du livre.
Maud, le personnage central est une jeune femme qui s'est lancée dans l'humanitaire comme pour trouver un sens à sa vie. Elle ne semble pas vraiment sortie des interrogations de l'adolescence et se cherche comme si elle avait encore 15 ans. Tous ses acolytes ne sont que des caricatures et je n'ai réussi à m'attacher à aucun d'eux, ils m'ont même plutôt agacée.
Il ne se passe pas grand chose, les ficelles sont assez faciles à déceler. Je ne l'ai même pas terminé !

Quelques extraits

  • Il se moquait pas mal de savoir comment vivaient les gens qu'ils allaient secourir. La seule chose qui lui importait, comme aux autres, ceux qui travaillaient au siège devant leur ordinateur, c'était d'avoir trouvé des " bénéficiaires " . Grâce à eux, l'association allait pouvoir recevoir l'argent de l'Union européenne et la machine caritative continuerait de tourner.
  • Pourquoi les femmes ont-elles ce don de voir toujours l'enfant dans l'homme adulte ?
  • Le sang ... Un temps, elle avait pensé devenir médecin et c'est l'idée du sang qui l'en avait dissuadée. Le sang lui faisait horreur. Et pourtant, n'était-ce pas le spectacle de l'horreur qu'elle aussi était venue chercher ? N'était-ce pas le sang qu'ils avaient tous en commun : les militaires, les victimes, les humanitaires ?

L'artiste, c'est Masugi Ono, vieux maître de l'art officiel nippon, narrateur de ce livre, et le monde flottant, c'est le quartier des plaisirs de la vie nocturne qu'il a beaucoup fréquenté au temps de sa jeunesse. Aujourd'hui, il tente de donner un sens à sa vie il dialogue avec ses contemporains, dans le Japon de l'immédiat après-guerre et interroge son passé. Grâce au ton insidieux et indéfinissable du narrateur, ce livre exerce un charme envoûtant sur le lecteur. Discret comme un film d'Ozu, ce roman ressemble à du Proust revu et corrigé par Kawabata, la modernité en plus.

Mon avis

Je ne connaissais d'Ishiguro que le fabuleux roman " Auprès de moi toujours " qui fait partie de mes favoris et un petit recueil de nouvelles que j'ai lu il y a quelques années.
Celui-ci trainait dans ma bibliothèque depuis des lustres et après les deux lectures décevantes ci dessus, je me suis dis que lire un auteur que j'avais adoré devrait me faire renouer avec le plaisir de tourner les pages...
Finalement, et même si la lecture de ce roman ne me fût pas désagréable, je n'ai pas été emballée plus que ça.
Il y a énormément de nostalgie dans ce livre et c'est je crois un peu l'empreinte de cet auteur.
Il s'agit en fait d' une suite de digressions plus que d'une véritable histoire. Le narrateur, un vieil homme qui a connu un grand succès dans le monde de l'art se remémore certains passages de sa vie. Le récit oscille entre ses souvenirs et quelques moments présents. Veuf, il a perdu son unique fils à la guerre et doit marier sa dernière fille. L'impression qui en résulte est celle d'être assis près d'un vieux monsieur qui laisse libre cours à ses mémoires, en se répétant parfois, en s'excusant par moments mais sans vraiment tenir compte de son auditeur. Ceci avec tout ce qu'il y a de respectueux et de retenu chez les nippons. Rien ne doit jamais risquer de paraître inopportun ou déplacé et pourtant, au fur et à mesure du récit, le passé du peintre semble être soumis à débat. C'est à la fin du roman qu'il reconnait, enfin, quelques-uns de ses torts tout en expliquant que le rôle d'un artiste est parfois bien délicat. Il ne semble souvent pas vouloir ou oser accepter son titre de " maître ". Il est pourtant bien évident qu'il est reconnu et respecté par ses pairs.
La seconde guerre mondiale et l'implication du Japon dans le conflit est ici interrogé à travers la vie du peintre. Il s'interroge lui-même sur les prises de positionnement qu'il a pu avoir à l'époque mais aussi sur les changements opérés par le Japon à l'issue de sa défaite. Rien n'est présenté au lecteur de manière frontale, tout n'est qu'impression dont chacun pourra se faire sa propre opinion.
C'est une lecture douce, assez lente, parfois teintée d'une légère ironie, notamment lorsque Ono est avec son petit fils ou raconte comment il a acheté sa maison (les passages que j'ai préférés).

Quelques extraits

  • Ce fût encore un de ces cas, je crois, où l'on découvre tout d'un coup, à son propre étonnement, que l'estime dont on jouit est nettement plus grande qu'on ne le supposait.
  • La démocratie est une très belle chose, mais elle ne signifie pas que les citoyens ont le droit de tout casser chaque fois qu'ils ne sont pas d'accord. Tout cela nous montre que sur ce plan, nous ne sommes que des enfants, nous autres Japonais.
  • Nous, au moins, nous croyions dans ce que nous faisions, et nous avons agi de notre mieux. Sauf qu'à la fin, il s'est avéré que nous étions des hommes ordinaires. Pas plus perspicaces que les autres. Nous avons été des hommes ordinaires durant une époque qui ne l'était pas : nous n'avons pas eu de chance.
  • Il y a des moments où le Japon d'aujourd'hui est vraiment comme un petit enfant qui suivrait les leçons d'un étranger.
  • Si, par une belle journée, vous gravissez le sentier qui part, en pente raide, du petit pont de bois que l'on continue d'appeler, par ici, " le Pont de l'Hésitation ", bientôt, entre deux cimes de gingkos, vous apparaîtra le toit de ma maison.

Bonne lecture !

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