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430/21e article de François Dederen > "Rapa Nui, ta culture fout le camp !"

Publié le 25 juin 2008 par Bernard Philippe
430/21e article François Dederen "Rapa Nui, ta culture fout le camp !"
Il est absolument hallucinant de constater à l'heure actuelle l'indifférence maladive pour la culture. Je me rappelle que la radio et la télévision belge avaient fait il y a quelques années un concours avec 100 questions tous azimuts, les concurrents pouvaient choisir, je me rappelle très bien que les dix questions culturelles étaient restées les dernières et cela continue ...
Je suis littéralement renversé, lorsque je m'adresse à une institution, toutes disciplines confondues et qui réalise soit une exposition soit une conférence ou tout autre manifestation de l'incompétence rencontrée en ce qui concerne la fourniture de tout renseignement à ce sujet. On a vraiment l'impression que l'on débarque d'une autre planète et que l'on parle une langue inconnue. On peut en conclure que votre interlocuteur n'est pas au courant et que la standardiste vous a dirigé sur une mauvaise voie ou que la personne qui est censée vous informer n'est pas du tout au courant de l'actualité sur le sujet. S'il n'y avait que cela, ce ne serait qu'un demi-mal, mais non seulement ceux qui pondent les informations sur le sujet ne connaissent que très vaguement celui-ci où leurs informations datent de la guerre de trente ans, il en est tout à fait de même en ce qui concerne la presse. Le plus grave dans tout cela, c'est que ceux qui sont censés être les plus compétents dans le domaine de la culture sont parfois à 100 années lumière des dernières nouvelles et semblent débarquer de la lune mais ce sont tout de même ces mêmes personnes qui ont pignons sur rue lors des réunions internationales que l'on écoute ou que l'on lit et tout ce qu'elles disent est parole d'évangile. En réalité, je constate que la plupart de ceux qui devraient diffuser la culture avec compétence sont loin d'avoir les connaissances en la matière et à l'heure actuelle, cela ne fait qu'empirer. Ce qui est également très grave, c'est que vous pouvez proposer gracieusement vos services, mettre à disposition vos connaissances et vos compétences, personne ne vous sollicite, personne n'a le temps de lire vos rapports d'expertise et lorsqu'on se donne la peine d'en prendre connaissance, on vous considère comme un illuminé parce que votre nom est inconnu de ces incompétents ou que vous n'affichez pas un titre honorifique ou que vous n'êtes pas docteur machin ou que vous n'avez pas fréquenté l'université de Zanzibar etc ...
Le monde est ainsi fait, que n'est compétent que celui qui a sa place dans la société, le reste fait partie des minables et des gens dont la fréquentation n'est nullement intéressante surtout parce qu'elles n'ont aucune utilité pour réaliser des affaires juteuses. Quant à ceux qui ont vraiment les compétences, ils ont tous laissé tomber les bras depuis longtemps devant l'inefficacité de leurs efforts, c'est un bien triste constat que celui-là. Je finirai enfin par le plus accablant des constats, celui de la mauvaise volonté, affichée par ceux qui possèdent, ceux qui savent et ceux qui peuvent et qui par avarice, ne veulent faire aucun effort afin que les cultures qui disparaissent aient encore quelques lueurs d'espoir d'être enfin un peu plus connues, ce sont en réalité les plus méprisables de tous car nous rencontrons ici le pire des égoismes qui puisse exister.
Manouka Laroche, une vieille amie disparue me répétait bien souvent de ne jamais lâcher la barre, de ne jamais arrêter de diffuser la culture, un pays sans culture est un pays qui se meurt et c'est tout à fait vrai. Pourquoi faut-il que le 5e continent soit toujours considéré comme le parent pauvre de la culture mondiale et l'Afrique noire la meilleure source de rendements financiers avec l'Amérique précolombienne pillée toutes deux d'une façon inimaginable tout simplement à cause de la pauvreté et le manque de moyen d'existence de ces 2 parties du monde. Je ne parlerai pas de l'hypocrisie des institutions aux moyens financiers démesurés qui se mèlent de tout ce qui se passe aux derniers recoins de la planète pour s'approprier d'une façon ou d'une autre des plus beaux joyaux de ces cultures soit disant pour les protéger des marchands du temple peu scupuleux qui profient des conflits intérieurs pour s'accaparer à peu de frais tous ces trésors et en réaliser des bénéfices considérables et bien entendu par tous les moyens comme la dynamite, les hélicoptères, les voleurs professionnels, les pilleurs de tombes et j'en passe.
Que font les gouvernements à ce sujet ? Beaucoup connaissent les faits, n'ont pas les moyens d'intervenir, sont de mèches, touchent des pots de vin. Bien peu prennent à coeur de faire cesser ces pillages hautement organisés. Dans ce bas monde dirigé uniquement par l'intérêt, il ne sera jamais possible de mettre fin à ce genre de fléaux et l'intérêt direct prendra toujours le pas sur la protection du patrimoine.
il suffit de voir ce qui se passe à Rapa Nui pour en être convaincu, on contourne la loi mais on arrive toujours à implanter hôtel pour V.I.P. sans étage dans le paysage, peu importe si les moaï se désagrègent au fil des ans sous l'indifférence des indigènes qui non seulement badigeonnent de couleurs certains vestiges précieux, laissent se déliter les dernières fresques de la grotte ana kai tangata et par leurs feux de broussailles font éclater les tuffs des moaï de la carrière du Rano Raraku.
Rapa Nui, le fruit mûrit petit à petit et dans vingt ans, ce ne sera pas toi qui le cueillera mais un maître beaucoup plus puissant qui t'aura complètement endormi à cause de ton indifférence maladive. il sera trop tard, tes anciens auront rejoint la terre d'origine de leurs ancêtres et tes enfants n'auront même plus la force pour pleurer leur terre à jamais perdue. Elle sera devenue à tout jamais la proie de ceux qui veulent s'en accaparer depuis 1888.
Francois Dederen "Te Pito"

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