Magazine Journal intime

Entière ou la réparation de l’excision - Marie-Noël Arras

Publié le 26 juin 2008 par Anaïs Valente
Evidemment, le titre situe immédiatement le sujet.  Grave, le sujet.  Pour changer de mes lectures légères légères.
Extrait.
« Le couteau était tout noir pour avoir beaucoup servi depuis de longues années (...).  Juste à ses côtés, au sol, des morceaux de chair, un pêle-mêle de clitoris et de petites lèvres froidement arrachés à l’aide du couteau cité, étaient froidement disposés sur un couvercle rubicond.  (...) Ce couteau minuscule, violait mon intimité, volait sans retenue toute ma vie et m’enlevait le plus précieux de moi, mon enfance, ma chair, tout... »
Ce témoignage de Mahoua Kone, dont l’intégralité est reprise dans l’ouvrage, situe immédiatement l’ampleur du désastre qui se joue, encore aujourd’hui, encore si près de chez nous.  Ce témoignage m’a fait pleurer, comme un enfant, sur le sort de ces fillettes traumatisées, de ces adultes amputées de leur intimité comme de leur droit au plaisir. 
Mais ce tout petit livre, à la couverture aussi légère que son contenu est fort, ne se contente pas de relater un témoignage.  Il est tellement plus.
Il nous livre l’historique de cette pratique, les « raisons » de cette barbarie qui provoque le décès de 5 à 15 % des victimes, malgré les interdictions légales.  Il expose les conséquences de l’excision ou de l’infibulation, à court et long termes.  Il relate des chiffres qui font froid dans le dos dont celui-ci : en France (oui, en France, pas à l’autre bout du monde, pas là-bas au loin, pas sur une autre planète : en France !), 60.000 fillettes sont aujourd’hui excisées ou menacées de l’être.  Il nous propose des témoignages poignants.  Enfin, il est préfacé par Pierre Foldes, chirurgien réparateur qui, depuis des années, opère ces femmes excisées, afin qu’elles cessent de souffrir, tant physiquement que psychologiquement.  Parce que cette mutilation est réversible.  Parce que peu le savent encore.  Parce que toutes doivent le savoir.  
Ce si petit livre à la couverture aussi légère que son contenu est fort se doit d’être lu par tous.  Il se doit d’être diffusé partout.  Pour que plus personne ne l’ignore.  Et pour qu’enfin cela cesse.  Définitivement. 
(extrait retranscrit avec l'autorisation de Marie-Noël Arras)entiere
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