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Madame de Sévigné reprend ses quartiers à Grignan

Publié le 06 juin 2017 par Aude Mathey @Culturecomblog

Le Château de Grignan, également appelé le “Versailles de la Drôme” propose une rétrospective sur une de ses plus célèbres ambassadrices Marie de Rabutin, plus connue sous le titre de marquise de Sévigné, grande femme de lettres rendue célèbre grâce à la parution de ses correspondances qui donnèrent à cette localité, rivée sur les hauteurs de la Drôme provençale, ce rayonnement littéraire relayé plus récemment par le poète Philippe Jaccottet, premier auteur à avoir intégré de son vivant l’illustre collection La Pléiade.

Madame de Sévigné reprend ses quartiers à Grignan
Madame de Sévigné reprend ses quartiers à Grignan

Vue de la façade du Château, de style dit “François 1er” construite au milieu du 16ème siècle par Louis Adhémar, complétée au 17ème siècle par des niches à coquilles et des pots à feu sur la toiture, restaurée au cours des années 1913-1931 (Crédits photos: Alexandre Plateaux).

Du 25 mai au 22 octobre 2017, cette exposition temporaire, une première pour le “royal château”, met en lumière le parcours riche de l’ancienne occupante des lieux, bien qu’elle n’y soit restée que quatre ans au cours de seulement trois longs séjours, son empreinte y reste ancrée où vivait sa fille Françoise-Marguerite, avec qui elle entretenait une correspondance ainsi qu’un lien très étroit, mariée à François de Castellane-Adhémar, gouverneur de Provence durant 45 ans et représentant du roi Louis XIV.
En effet, la femme de lettres fut également une grande voyageuse, sillonnant la France (notamment la Provence, la Bretagne et la Bourgogne) par tous les moyens possibles de l’époque (carrosse, litière, chaise à porteur ou en bateau sur le “terrible Rhône”) dans le cadre de séjours d’amitiés, d’affaires ou de convenance voire de santé pour Vichy; avec des durées de trajets conséquents puisqu’un Paris-Grignan nécessitait une quinzaine de jours et relier la Bretagne à Grignan près de trois semaines, marquant son attachement à ces terres provençales qu’elle considérait dès lors son “vrai pays”.

Madame de Sévigné reprend ses quartiers à Grignan
Madame de Sévigné reprend ses quartiers à Grignan
Madame de Sévigné reprend ses quartiers à Grignan

Entrée du Château (Crédits photos: Alexandre Plateaux)

Madame de Sévigné reprend ses quartiers à Grignan
Madame de Sévigné reprend ses quartiers à Grignan

Vestibule du Château et vue sur la Drôme provençale (Crédits photos: Alexandre Plateaux)

Peu d’expositions ont été consacrées à cette marquise férue de lettres et d’autant plus au sein de son fief, à part celles des “Provençaux de Madame de Sévigné” ayant eu lieu au Musée Cantini à Marseille en 1973 ainsi qu’une autre tout simplement intitulée “Madame de Sévigné” au Musée Carnavalet en 1996.

Madame de Sévigné reprend ses quartiers à Grignan
Madame de Sévigné reprend ses quartiers à Grignan
Madame de Sévigné reprend ses quartiers à Grignan

Portraits de Madame de Sévigné, de sa fille Françoise-Marguerite ainsi que le buste sculpté de Madame de Sévigné (Crédits photos: Alexandre Plateaux)

Bien qu’ayant pas contribué à l’architecture du château au même titre que la famille des Adhémar, la marquise a contribué à son rayonnement international grâce à son art de la correspondance.
Une exposition forte d’une période préparatoire de 2 ans et soutenue par un comité scientifique, sous la direction de Chrystèle Burgard, débouchant sur la qualification de cette exposition “épistolière” puisque la marquise est davantage considérée ainsi plutôt qu’une écrivain, n’ayant pas souhaité de son vivant que son Œuvre soit publiée, justifiant son souhait par son refus “d’être dans les mains de tout le monde, de se trouver imprimée” malgré le volume herculéen de ses correspondances et celles-ci de diverses natures (privées, affaires, santé) comprenant plus d’un millier de lettres publiées grâce à son cousin Roger de Bussy-Rabutin et à sa petite-fille Pauline de Simiane, faisant ainsi défaut à ses volontés initiales.
Au gré de ses multiples correspondances quotidiennes empreintes de badinage galant et de chroniques mondaines puis de la vie politique de son temps, Madame de Sévigné développait un “style naturel” passant outre les conventions et laissant “trotter les plumes comme elles veulent”.

Madame de Sévigné reprend ses quartiers à Grignan
Madame de Sévigné reprend ses quartiers à Grignan
Madame de Sévigné reprend ses quartiers à Grignan

Vue de la chambre de Madame de Sévigné ainsi que la vue qu’il l’inspirait tant pour ses écrits sur son scriban, ainsi qu’une scène restituée de table d’époque (Crédits photos: Alexandre Plateaux)

Madame de Sévigné reprend ses quartiers à Grignan
Madame de Sévigné reprend ses quartiers à Grignan

Des plafonds en l’honneur de la dynastie des Adhémar et un parcours empreint de modernité (Crédits photos: Alexandre Plateaux)

Une équipe complétée par la Régie des Châteaux de la Drôme pour la recherche de financements notamment riche en mécénats.
Une atmosphère donnant un ton à cet évènement de comme “si on la recevait”, adossé au Festival de la Correspondance dont la prochaine édition aura lieu du 04 au 08 juillet 2017 sur le thème “Chères familles…”, pour célébrer l’art épistolaire, de toutes les époques et sous toutes ses formes, des plus traditionnelles aux plus contemporaines.
De nombreux prêts de part et d’autres provenant d’une trentaine de collections parfois sortis de réserves viennent agrémenter l’exposition, que ce soit du Musée de la Chaussure ou encore Musée Carnavalet.

Madame de Sévigné reprend ses quartiers à Grignan
Madame de Sévigné reprend ses quartiers à Grignan

Vue sur les cimes des “terrasses d’argent” du Château (datant des 16ème-17ème siècles) et l’ancien lavoir de style néoclassique du village de Grignan, à la ressemblance des temples ronds de l’Antiquité et inspiré du temple de l’Amour du petit Trianon à Versailles (Crédits photos: Alexandre Plateaux).

Une exposition basée sur quatre séquences scénographiées par Jérôme Dumoux, ayant mis en valeur, à travers ses installations empreintes de couleurs méditerranéennes, des œuvres parfois très austères, évoquant les intérieurs des grandes demeures du 17ème siècle, à l’instar de cette scène de table de repas de la Marquise.
Le tout retraçant un parcours biographique démarrant de Vitré, passant par Paris et ses immuables mondanités (où elle pratiquait l’art de la conversation dans les salons des Hôtels de Rambouillet et de Nevers notamment), ainsi que son expérience de vie marquant ses correspondances à Grignan notamment s’étalant sur son mode de vie au château, véritable ville dans la ville en son temps! En effet, pas loin de 100 personnes pouvaient y résider dont une cinquantaine de domestiques et de nombreux invités de passages, souhaitant ainsi raviver les ors de sa jeunesse faste auprès de la cour de Versailles et ses fêtes royales où la Marquise fréquentait les grands de ce Monde (le surintendant Fouquet, le Grand Condé, le cardinal de Retz), tout en souhaitant “être de tous les plaisirs”.
Le parcours épistolaire se terminant par un film, réalisé par une entreprise de Valence, mettant des lettres de la Marquise en lecture.

Madame de Sévigné reprend ses quartiers à Grignan
Madame de Sévigné reprend ses quartiers à Grignan
Madame de Sévigné reprend ses quartiers à Grignan

Un aperçu de la scénographie de Jérôme Dumoux comprenant ces éléments médicaux d’époque (Crédits photos: Alexandre Plateaux)

Par ailleurs, la 31ème édition des Fêtes Nocturnes de Grignan avec un concept unique en France de plus de 40 représentations théâtrales d’affilée (de 800 spectateurs chaque soir) dont l’édition 2017 propose l’œuvre d’Alfred de Musset “Lorenzaccio”, un croisement entre le théâtre des corps avec Marie-Claude Pietragalla et le théâtre des mots incarné par Daniel Mesguisch, du 21 juin au 19 août 2017 qui se jouera en plein air devant la façade Renaissance du château de Grignan.

Madame de Sévigné reprend ses quartiers à Grignan
Madame de Sévigné reprend ses quartiers à Grignan

Vue de la scène théâtrale située dans la cour d’honneur et vue plongeante vers l’abbatiale Saint-Sauveur, en partie détruite lors des guerres de Religion et comprenant les tombeaux de Madame de Sévigné ainsi que celui des Adhémar, situés dans la crypte du chœur (Crédits photos: Alexandre Plateaux).

Ainsi, chaque année depuis 1976, la place est donnée à une pièce de théâtre à majorité d’obédience classique qui représente un vrai challenge pour les comédiens tant au point de vue acoustique (puisqu’en plein air) que de l’endurance puisque chaque soir est une véritable performance à la fois physique pour le comédien qu’artistique avec un plateau d’une ouverture de 16 mètres et 9,40 mètres de profondeur avec une excellence du texte à revêtir par 11 comédiens occupant cet grand espace scénique souvent baigné par les forts vents du Midi.


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