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Les paroisses de la Guadeloupe à l’époque révolutionnaire par l’Abbé GUILBAUD

Publié le 10 juin 2017 par Halleyjc

Les paroisses de la Guadeloupe à l’époque révolutionnaire par l’Abbé GUILBAUD« A Sa Grandeur Monseigneur Pierre-Louis Genoud, évêque de la Basse-Terre, l’Auteur dédie ce modeste Essai sur « Nos Paroisses » de la Guadeloupe. C’est pour répondre au désir de Sa Grandeur que nous l’avons préparé, avec l’espoir que d’autres, plus tard, rectifieront, élargiront, embelliront, mieux que nous ne l’avons su faire, la route dont nous esquissons le tracé. »

« Le passé fait l’avenir. >

Suppression des Préfets apostolique s ; « Sancti per fidem vicerunt régna ». — Les Agents de la Convention ; Victor Hugues ; la guillotine. — Le ministère religieux ><>us la Terreur. — Nationalisation des biens d’église. — Fêtes laïques. — Le Concordat. — Les obsèques de Richepanse.

Les saints, par la foi, ont vaincu des royaumes.

Les paroisses de la Guadeloupe à l’époque révolutionnaire par l’Abbé GUILBAUD
Les paroisses de la Guadeloupe à l’époque révolutionnaire par l’Abbé GUILBAUD
LES PRÉFETS APOSTOLIQUES SONT SUPPRIMÉS

N1792, un décret de l’Assemblée législative du 10 septembre supprime « les délégués de . l’Evêque de Rome, établis dans les Colonies françaises, et connus sous le nom de préfets apostoliques ».

Ils devaient rester supprimés jusqu’en 1802. La première République de 1789 à 1799 — dix ans — ne fut pas tendre pour le Clergé de tout nom et de toute robe, mais les décrets de la Convention ne purent tarir, à la Guadeloupe pas plus qu’en France, la sève catholique ; là aussi, la foi des Saints triompha de la force régnante : « Santi per fidem vicerunt régna. » (l)

(i) Epitre aux Hébreux.

 

Les paroisses de la Guadeloupe à l’époque révolutionnaire par l’Abbé GUILBAUD

Les paroisses de la Guadeloupe à l’époque révolutionnaire par l’Abbé GUILBAUD
POINT DE QUARTIER AUX MODÉRÉS ! »

Le 5 janvier 1793, Lacrosse, nommé gouverneur, entre en rade, son grand mât portant pour emblème un colossal bonnet rouge. Ses premières paroles devaient devenir grosses de conséquences :

« En révolution, tout est permis ! Insurgez-vous donc, ô patriotes ‘. Armez-vous de torches et de poignards ; point de quartier aux Modérés ! »

Il ne tarde pas à être entendu. Le 28 août 179:1, à Sainte-Anne, 1.000 à 1.200 Noirs sont enrôlés dans la chasse aux aristocrates. Nous taisons le nom du meneur. Il ne faudra rien moins que l’arrivée sur les lieux de l’imprudent Gouverneur pour maîtriser, par la violence, ce premier mouvement, signal de l’incendie révolutionnaire.

Au fort du Carmel, il y eut, cette même année, un massacre de prison, comme à Paris en septembre 1792. Une rixe éclate entre un homme de couleur en faction et un détenu. Le gardien jette un appel aux armes pour la défense de la Pairie menacée. Les « patriotes » se précipitent chez l’armurier Perrin et courent à la citadelle. Les Autorités sont impuissantes à mater la fureur populaire.

Cependant, un concierge appelé Jean-Baptiste Duplessis, ouvre les cachettes aux prisonniers traqués, et le nombre des victimes s’arrêtera à sept.

Le samedi 20 avril 1798, aux Trois-Rivières, les Noirs révoltés, sous la conduite du traître Jean-Baptiste, naguère « fidèle serviteur éprouvé » du sieur Brindeau, riche propriétaire sur le point d’émigrer, perpètrent en une nuit les massacres, les viols, les orgies à la manière des colonnes infernales.

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Les paroisses de la Guadeloupe à l’époque révolutionnaire par l’Abbé GUILBAUD
VICTOR HUGUES

Cependant le zèle de Lacrosse n’apparaît pas à la hauteur de la sainte Cause, et voici que, le 2 juin 1791, un bataillon de 1.150 Sans-culottes, partis de l’île d’Aix, apparaît au mouillage du Morne Saline. Au-dessus des chefs de l’expédition se distinguaient Chrétien, Baco de la Chapelle et Victor Hugues.

A la vérité, les deux premiers avaient des noms douteux pour l’époque. Chrétien meurt presque aussitôt. Baro, ancien maire de Nantes, sauveur de sa ville contre1 les tyrans, directeur de l’Opéra par surcroit, n’aura qu’un rôle effacé, en attendant ses derniers jours sur l’habitation Budan, quartier de Berville (Baie-Mahault).

Victor Hugues restera seul maître du pays. A l’avant de son vaisseau La Pique, il avait arboré une guillotine « couperet du Régime », et il commencera ses exploits, le 3 octobre, en « raccourcissant » 27 aristocrates, prémices des 865 victimes qui devaient être fusillées cinq jours plus tard.

Les cadavres insupportables furent « enfouis » à la Pointe de Jary, surnommée le « Quiberon » des Antilles, où l’on peut deviner actuellement dans les hautes herbes, It s reliques de ceux qui n’étaient pas « purs ».

L’Histoire locale — et même l’Histoire tout court, tellement les hauts faits de Victor Hugues débordèrent la Guadeloupe — l’Histoire nous a appris les magnifiques campagnes du Conventionnel contre les Anglais. Nous n’avons pas la naïve et injuste prétention de lui dénier sa gloire, mais nous pouvons dire, après tant d’autres, qu’il fut un personnage de sinistre mémoire.

Au Cours Nolivos de la Basse-Terre, en 1794, il lit élever, en forme de cénotaphe, un monument pour consacrer

le souvenir de ses victorieuses campagnes. On

pouvait y lire :

AUX MANNES
DES DÉFENSEURS DE LA PATRIE
MORTS
PENDANT LA CONQUÊTE
DE LA GUADELOUPE
APRES SIX MOIS ET HUIT JOURS
DE COMBATS

La main de l’Anglais voulut plus tard effacer cette dédicace.

Du monument lui-même, il ne reste que le souvenir ; le buste de la République lui a été substitué.

Acte d’autorité anodin : les rues, places, monuments, bourgs, aux titres trop prudes, prendront des noms égalitaires :

  • Marie-Galante s’appellera Réunion ;
  • Sainte-Rose, Tricolore ;
  • Saint-François, Egalité ;
  • Sainte-Anne, Fraternité ;
  • Port-Louis, Port-Libre ;
  • Pointe-à-Pitre, Port de la Liberté.

On sent l’embarras, à moins que l’on baptise Pointe-à-Pitre Pointe-à-Crimes, comme le suggéraient les « Réactionnaires ».

  • La Place du Morne-à-Cail devient la Place Camille Desmoulins ;
  • La future Rue Bébian, la Rue de la Loi ;
  • La Rue des Abymes, la Rue de la Révolution ;
  • La future Rue du Lycée, la Rue de la Montagne ;
  • La future Rue Isaac, la Rue de la Liberté ;
  • Le Fort Saint-Louis, le Fort de l’Union ;
  • La Place de Sartine, la Place de la Victoire.

Victor Hugues résidait au Morne-à-Cail. C’est à son logis, appelé « Maison Nationale », que lui fut présenté Moreau de Joanès. L’Auteur des Aventurés de Guerre nous a laissé du personnage les lignes suivantes :

« Un homme d’apparence médiocre, de manières vulgaires, de mauvaise éducation, mais d’un esprit naturel plein de ressources, et d’un caractère rempli d’énergie et d’audace. Il lutta contre les ennemis avec une habileté, un courage et un bonheur dont aucun autre, avant et après lui, n’a pu donner l’exemple. Il gouverna vigoureusement la Guadeloupe. »

Cette vigueur avait double face ; nous nous occupons du revers de la médaille.

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GUILLOTINE ET FUSILLADES

Victor Hugues pouvait prendre à son compte les paroles de Robespierre : « Le couperet de la Terreur est plus expéditif — et donc moins inhumain — que les solitudes de Sinnamary, infestées de reptiles, d’insectes venimeux, et ravagées par les fièvres et tous leurs tremblements. »

Aussi, après une installation provisoire de la guillotine à la place du Marché actuel, il transféra son instrument — symbole des jours meilleurs — à la Place de la Victoire, à l’endroit occupé présentement par le buste du général Frébault. Un canal fut creusé sous la plate-forme de l’échafaud, qui conduisait, jusqu’à la Darse, le sang des suppliciés.

« Les prisons sont encombrées, remarque-t-il, mais les cimetières sont vides », et le vieux cimetière qui entourait l’église de la Place de la Victoire est réservé, jusqu’en 1796, à l’ensevelissement des condamnés.

Le Gouvernement de la Colonie siège à Pointe-à-Pitre, à la «< Maison coloniale » ; les Tribunaux recherchent méthodiquement les « insermentés » qui « avaient porté les armes avec les Anglais ». Parmi les victimes, nous pouvons citer le curé Housselet qui marcha à l’échafaud en chantant — avec ses douze compagnons de supplice, au nombre desquels se trouvaient des Religieuses — le psaume Laudate Dominum.

On se demande si les dites Religieuses « avaient porté les armes avec les Anglais ». Mais nous connaissons la valeur et le bien-fondé du motif.

Sur l’ordre de Victor Hugues, en 1794, l’église du Carmel est changée en prison. C’est notre prison des Cannes, et l’échafaud, l’instrument préféré du Comité de Salut public, se dresse en permanence jusqu’au mois de juillet 1796, à quelques pas de son perron, sur la Place d’Armes.

Le 8 février 1795, la Municipalité de la Basse-Terre prend possession de l’église Saint-François pour y tenir ses réunions. Un arrêté transforme le temple « du culte aboli » en maison de ville. La chaire seule y est conservée pour servir de tribune aux harangues officielles.

Victor Hugues, après sa victoire sur les Anglais — 14 octobre 1793 — s’était déjà rendu à cette église, avait gravi la tribune (lisez : la chaire et avait entonné le Te Deum des patriotes : « l’hymne des Marseillais ».

Il n’était point assez de voir la Pointe-à-Pitre et la Basse-Terre bénéficier seules de ces joies patriotiques’ Dans chaque commune, on délégua un commissaire qui, évidemment, avait à sa disposition le couperet vengeur ou le peloton d’exécution, à Nous lisons qu’à la Pointe-Noire, le Tribunal ouvrit ses séances le 16 décembre 1794. D’un seul coup, il envoie à la mort neuf innocents, dont la dame Lablingue, âgée de 79 ans, qui, ne pouvant marcher, fut transportée en hamac sur le lieu du supplice, et fut fusillée assise par terre.

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LES DIFFICULTÉS DU MINISTÈRE RELIGIEUX

Et puisque nous voilà à la Pointe-Noire, parlons du « petit Père Girolani » qui administra clandestinement la paroisse pendant la Terreur.

« Jérôme Bonaventure Girolani, religieux franciscain de l’Observance, remplissait officiellement, durant la Tourmente révolutionnaire, les modestes fonctions de « géreur » ou gérant sur une habitation de la Petite Plaine, dont nos renseignements nous permettent de désigner le propriétaire d’alors : M. de Surmont. Seules, quelques personnes sûres étaient dans le secret et savaient que Girolani était prêtre.

Le 8 juin 1803, cet héroïque confesseur de la foi fut installé curé, et conserva ce titre jusqu’en avril 1820. »

A Basse-Terre, près de la maison dite « le Monastère », un prêtre, qu’on ne connut jamais sous d’autre nom que celui de Père François, dit la messe et exerça, au péril de ses jours, le ministère sacré de 1793 à 1802.

La citoyenne Capdeville prêtait aussi à ce culte clandestin sa maison située à l’angle des rues du Cours Nolivos et du Sable (aujourd’hui de Clieu), qui porte le n°32.

Nous n’oublions pas de rappeler l’énergie du curé de Port-Louis, Etienne Roux, qui, en ces temps d’épouvante, veilla aux nécessités religieuses de tout son canton ; et nous avons le grand regret de ne pouvoir mettre au grand jour d’autres nobles gestes que ne nous permet pas de découvrir la pénurie des documents.

« Là où il n’y a rien, le roi perd ses droits. »

Mais il est bien question du Roi en ces années terribles ! Les fonctionnaires prêtaient le serment, alors obligatoire, de « haine à la Royauté ».

Enfin, le 4 novembre 1795, la peine de mort en matière politique était abolie, et la déportation commença.

A la cure du Lamentin, desservant en plus la Baie-Mahault, nous trouverons, de 1804 à 1810, l’abbé Julien de la Haye originaire de Vire, dans le Calvados, et déporté à Cayenne en 1797. Il sera nommé, par le vice-préfet apostolique M. Foulquier, à ce riche doyenné « par un effet de la Révolution ». L’expression mérite d’être retenue. Elle explique, dans nos iles, après le Concordat, un cadre nouveau du Clergé colonial.

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CONFISCATION DES BIENS ECCLÉSIASTIQUES

Les biens ecclésiastiques ne furent pas plus en sûreté que les personnes.

En vertu d’un décret du 2 novembre 1780— le jour des Morts— ils furent réunis au Domaine ; en France, on disait « à la Nation ». La confiscation fut maintenue sous Napoléon, mais le revenu en était théoriquement appliqué, au moins de 1810 à 1814, à l’administration cléricale.

Les biens du Clergé étaient divisés en deux classes. La première comprenait les 5 habitations qui avaient autrefois appartenu aux ordres religieux : Cannes, Jésuites, Dominicains, Franciscains, Frères de Saint-Jean de Dieu.

La deuxième était celle des terrains ayan* appartenu aux Capucins, à coté de leur couvent et de l’église Saint-François.

Après la conquête, l’Administration anglaise fait rentrer les arrérages des loyers au profit des Fabriques : les honoraires des Curés, payés par les paroissiens, furent soldés avec les fonds provenant de ces revenus ; mais les Curés restèrent trois ou quatre ans sans avoir de traitement.

L’Administration anglaise a déclaré avoir affecté ces revenus à des œuvres charitables, à la restauration et à l’entretien dos églises ; mais toutes les églises furent réparées aux frais des paroisses et des paroissiens. Enfin, en 1814 , le Gouvernement britannique confia l’administration des liions ecclésiastiques au Préfet de Police qui put payer aux Curés leur traitement et l’arriéré : ce qui représentait, pour chacun, quinze et vingt mille francs. (1)

Les Trois-Rivières, cédées aux Cannes en 1764, exploitaient le Dos d’Ane et la Savane Dolé. A Dolé, les Religieux avaient créé un vaste centre agricole. Cette propriété passa au Domaine ce fameux 2 novembre 1789, et à la Colonie le 17 août 1825, puis fut vendue, par portions, aux enchères.

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RÉDUCTION DES 27 CANTONS EN 14 QUARTIERS

En 1789, on comptait à la Guadeloupe 32 paroisses distinctes. Cette formation vénérable et rationnelle n’eut pas l’heur de plaire au Commissaire de la Convention. Par arrêté du 25 octobre 1797, Victor Hugues réduisit les 27 cantons de la Colonie à 14 quartiers : « la Basse-Terre, la Capesterre, le Petit-Bourg, Baie-Mahault, Sainte-Rose, Bouillante, la Pointe-à-Pitre, le Canal (sic), l’Anse-Bertrand, le Moule, la Pointe des Châteaux, Sainte-Anne, Marie-Galante et Saint-Martin ».

Les paroisses de la Guadeloupe à l’époque révolutionnaire par l’Abbé GUILBAUD
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RÉJOUISSANCES LAÏQUES

Le peuple avait besoin de fêtes. Dès le 15 Septembre 1792, avant l’arrivée de Lacrosse, un autel de la Patrie avait été drossé sur la Place Sartine pour fêter la fusion des classes : c’était la fête de la Fédération. Mais on manquait de style.

Voici Victor Hugues qui plante les arbres de la République ou — plus glorieusement — les arbres de la liberté, au cœur de nos places.

En 1795, il procède à l’un de ces événements, au Cours Nolivos de Basse-Terre. L’arbre républicain fut planté au bout de la promenade.

(1) Echo des Antilles, 1916, p. 123.

Sous le Directoire et le Consulat, le Champ d’Arbaud et le Cours Nolivos furent, à maintes reprises, le théâtre des fêtes civiques données par la Municipalité de la Basse-Terre.

« Le 2 pluviôse de l’an 7 (21 janvier 1799), on célébrait à la mairie — aujourd’hui la cathédrale — le souvenir de la « juste punition du dernier Roy des Français ».

Un mois plus tard : 26 février (10 ventôse), c’était la proclamation de la constitution de l’an III.

On dresse au Champ de Mars (lisez : le Champ d’Arbaud) un autel de la Patrie, d’ordre toscan, avec des colonnes en forme de canons, un entablement, un fronton et dos trophées d’armes ; 12 vieillards en demi-cercle occupent le premier rang ; derrière eux : les fonctionnaires, les instituteurs, les écoliers. Le général Paris et la Force année protègent l’assemblée.

Tour à tour, selon les années, ces réjouissances publiques furent présidées par Lacrosse, Collot, Victor Hugues, Lebas, Desfourneaux, général Paris, Jeannet, Ilaco et Brëssan.

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LES OBSÈQUES DE RICHEPANSE

Desfourneaux arriva à la Guadeloupe le 22 novembre 1798, en qualité d’agent particulier du Directoire exécutif, pour remplacer Victor Hugues.

Les jours vont vite… Richepanse, l’envoyé du premier Consul à la Guadeloupe pour rétablir la Société dans l’état qui était le sien avant 1789, c’est-à-dire pour faire revivre l’esclavage, Richepanse débarque le 7 mai 1802. Le 17 thermidor an X (4 août 1802), il préside à la réhabilitation de Lacrosse ; il révoque le fameux décret « abolition de l’esclavage dans toute l’étendue du territoire de la République une et indivisible » ; il a raison de Delgrès et du soulèvement des Noirs, puis il est frappé de la fièvre jaune, et meurt le 2 septembre dé là même année.

Il ne peut être enterré avec les seuls honneurs laïques.

A ces fêtes, il manquait une âme : la Religion.

La population de Basse-Terre demanda au colonel Pélage, chef du Gouvernement provisoire, de lui rendre son église à l’occasion du service funèbre du général Richepanse. La pétition fut accueillie favorablement. Le Concordat était déjà signé en France, et M. l’abbé Foulquier, vice-préfet, procéda à la réconciliation rituelle.

Les habitants s’empressèrent de rapporter spontanément à la sacristie les vases sacrés et les ornements liturgiques qu’ils avaient soustraits à la profanation.

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LA RÉORGANISATION DU CULTE

L’église du Carmel qui, le 25 juillet 1792, avait reçu les restes du baron de Cluny, dernier gouverneur de l’Ancien Régime, qui avait été changée en prison en 1794, ne fut rendue au culte qu’en 1811, sous la domination des Anglais, avec le R. P. Vianney pour curé.

Pour la rendre au culte, on dut presque entièrement la réédifier. Un arrêté consulaire du 2 juin 1802, relatif à la réorganisation du Culte catholique aux Antilles porte :

« Article 1er, — Le Culte catholique sera exercé à la Martinique et à Sainte-Lucie, sous la direction d’un ou deux Préfets apostoliques. »

Cet arrêté fut déclaré applicable à la Guadeloupe par une décision consulaire du 3 décembre 1802.

Et ainsi se termine l’époque de la Terreur. Un dernier fait d’armes : la répression de la deuxième révolte de Sainte-Anne par Lacrosse, le C octobre 1802 ; une victoire éternelle : celle de l’Eglise.

« Et portae inferi non praevalebunt advenus ram. » (1)

(1) Matth., XV, 18,

Et moi, je te dis que tu es Pierre, et que sur cette pierre je bâtirai mon Église, et que les portes du séjour des morts ne prévaudront point contre elle.


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