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Lettres à Juliette Drouet

Par Vertuchou

Je vous aime, mon pauvre ange, vous le savez bien, et pourtant vous voulez que je vous l'écrive. Vous avez raison. Il faut s'aimer, et puis il faut se le dire, et puis il faut se l'écrire, et puis il faut se baiser sur la bouche, sur les yeux, et ailleurs. Vous êtes ma Juliette bien-aimée. Quand je suis triste, je pense à vous, comme l'hiver on pense au soleil, et quand je suis gai, je pense à vous, comme en plein soleil on pense à l'ombre. Vous voyez bien, Juliette, que je vous aime de toute mon âme. Vous avez l'aire jeune comme un enfant, et l'air sage comme une mère aussi je vous enveloppe de tous ces amours-là à la fois. Baisez-moi, belle Juju !

7 Mars 1833
Oh ! ma joie, ma vie, ma bien-aimée ! Je suis triste ce matin, j'ai peur que les allants et venants du dimanche ne m'empêchent d'être auprès de toi aussi vite et aussi longtemps que je voudrais. Pourvu encore que toi-même de ton côté tu puisses venir ! pourvu que la fièvre que tu avais hier ne t'empêche pas de sortir aujourd'hui ! Oh ! plains-moi. Oh ! n'est-ce pas ? Tu viendras ? tu te portes bien ? je te verrai ? Oh ! J'ai tant d'amour à te donner, tant de baisers à te prodiguer, sur tes pieds parce que je te respecte, sur ton front parce que je t'admire, sur tes lèvres parce que je t'aime ! Ce n'est pas une couronne que tu devrais avoir sur la tête, c'est une étoile !

Septembre 1834

Victor Hugo

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