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La mode en panne

Publié le 13 juin 2017 par Gommette1
La mode en panne

La seconde édition d'Anti_Fashion, un mouvement qui vise à réformer un système de la mode qui tourne en roue libre, a eu lieu le 2 juin dernier. " Pour la première fois, la mode est démodée. Le secteur n'est plus en phase avec les attentes de la société. J'avais confiance en la mode en tant que précurseur des évolutions de la société, mais soudainement, ce n'est plus le cas ", a déclaré Lidewij Edelkoort fondatrice et animatrice de ce mouvement.

En Europe, aux Etats-Unis, partout dans le monde, des enseignes et des grandes marques souffrent, d'autres disparaissent ou sont en passe de l'être, incapables de résister à la démode qui urticaire les égos des faiseurs de mode. A côté de cela, saison après saison, le grand barnum planétaire de la mode continue à s'agiter comme si de rien n'était, espérant qu'une météo plus clémente et des consommateurs moins blasés sauvera les apparences. Or, le système de la mode est globalement irresponsable face aux réalités sociales, économiques et politiques, poussant sous le tapis des catwalks, les enjeux et les drames du monde actuel. L'égoïsme de cette industrie commence à heurter les consciences d'individus las de l'obsolescence ritualisée par des tendances artificielles, des visions factices auxquelles ils ne croient plus. Les gourous parlent dans le vide, leur parole est trop frivole...

Si l'inconscience est patente, l'absence de créativité l'est davantage. Trop préoccupée à se mirer dans l'autosatisfaction et l'autocongratulation, l'industrie de la mode ne parvient plus à dessiner le style de son époque, générant des flots d'images qui s'abiment dans une mer de vaines agitations stylistiques. L'objectif étant d'exister par tous les moyens pour garder la tête hors de l'eau.

En témoigne, la vague submergeante des collabs qui servent d'alibi marketing à des marques qui se sentent vieilles ou dépassées. Ou toutes celles (et elles sont nombreuses) dont la pauvreté stylistique est maquillé par un marketing cosmétique qui leur fait ressembler à des voitures volées. L'idéal étant une collab' avec un DJ ou un rappeur black américain qui apporte une caution rebelle et internationale puisqu'il s'agit d'avoir un profil universaliste.

Ces collabs sont souvent un brouet créatif censé alpaguer l'intérêt des Millennials devenus cible prioritaire de l'économie mondiale. Le problème est que ces enfants du millénaire, étudiés, scrutés, analysés, seraient des jeunes impalpables, exigeants, infidèles, insolents, narcissiques, méprisants..., bref, des brise-burnes qu'on ne peut évidemment pas ignorer puisqu'ils auraient un pouvoir d'achat de 8.000 milliards de dollars annuels ! Ce n'est pas un hasard si les grandes marques de mode et de luxe s'agitent dans tous les sens pour attirer dans leurs filets ces poissons argentés.

Or, plutôt que de chercher à imaginer des produits caricaturaux et inutiles en collabs stériles, ces marques devraient se poser la question de leur légitimité dans un système de la mode qui n'emporte plus l'adhésion, pas plus chez les Millennials que chez les autres, les "vieux" de l'autre siècle. La mode, qui était une industrie de la frivolité réjouissante et bénéfique, est aujourd'hui une industrie de l'inconsistance.


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