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Mal nommer les choses…..et ne pas les nommer du tout (1/2)

Par Citoyenhmida

Albert Camus l'avait dit : " Mal nommer les choses, c'est ajouter au malheur du monde"! On pourrait ajouter que "ne pas les nommer du tout contribue à rendre le malheur encore plus insupportable"

Et ce qui arrive dans notre pays est la preuve la plus évidente de cette double affirmation, et je me réfère bien entendu aux événements que connait la ville d'Al Hoceima et par ricochet un certain nombre d'autres localités à travers le royaume!

Dans cette région éloignée et mal connue, les uns ont mal nommé ce qui s'y passait et les autres ne l'ont pas du tout nommé contribuant les uns et les autres à pousser insidieusement le pays dans son ensemble vers l'inconnu.

Depuis la mort tragique de Mouhcine FIKRI, nous qualifions les faits de vocables qui ne correspondent pas à la réalité et nous contribuons ainsi à créer la confusion, puis l'incompréhension et finalement l'affrontement!

1/ Mouhcine FIKRI, que Allah ait son âme, n'était pas un petit vendeur de poissons ni un pauvre pêcheur! Toute le ville d'Al Hoceima le savait et savait la vérité. Mais nous avons jusqu'à ce jour continuer à en parler comme tel.

2/ Sa mort était accidentelle mais elle avait un ou plusieurs responsables, à différents niveaux! Mais nous avons continué à en parler comme si c'é"tait un crime sordide, prémédité et même organisé.

3/ Les manifestations qui ont suivi cette mort affreuse, tragique ont chevauché cet événement pour se parer de la qualification de "revendications sociales, économiques et culturelles". Les questions sociales, économiques et culturelles d'Al Hoceima ont-elles jamais été la priorité de feu Mouhcine FIKRI ? Je n'en sais rien mais je peux me permettre d'en douter. Et profiter de sa mort pour en parler me semble discutable.

4/ Les manifestations se répétant sont devenues dans le langage médiatique, notamment européen et dans le langage des internautes "la révolte du Rif". Pourtant, le mot "révolte" a un sens bien précis que l'on a allègrement dépassé sans souci pour la vérité.

5/ Réclamer l'ouverture d'un hôpital d'oncologie alors que cette unité existe et fonctionne depuis deux lustres au lieu de réclamer tout simplement son extension et l'amélioration de ses équipements, relève de la confusion volontaire des mots et des choses.

5/ La présence - certes massive - des forces de l'ordre (et non pas de forces militaires) s'est très vite transformée en "force de répression" pour ne pas dire en "force d'occupation".

6/ Les slogans lancés par les manifestants, qui n'avait rien de spontané, et plus encore les déclarations de leur leaders ont contribué par leur imprécision sémantique à semer le trouble : l'administration marocaine, qui est la même de Casablanca jusqu'aux coins les plus reculées du royaume, a été qualifiée dans le meilleur des cas de " militarisation de la ville" et au pire de " colonisation". Les mots ont un sens et déformer ce sens participe à la déformation de la vérité et contribue à l'installation du chaos. On en arrive ainsi à comparer un simple agitateur de quartier de leader et à le comparer à Abdelkrim Al Khattabi?

7/ L'interruption d'un prêche du vendredi, acte d'une très grande gravité dans une société musulmane puni par ailleurs par la loi, est vu par son auteur comme un acte normal et même nécessaire du moment qu'il le considère comme un acte de lutte contre le mal - " mounkar "

8/ La liberté que donne la toile et les réseaux sociaux a grandement contribué à cette incompréhension des faits et à leur interprétation erronée par ceux-là qui les organisaient comme par ceux qui sont sensés les contrôler et les endiguer : une manifestation est dite pacifique - "silmiya" - par les uns et qualifiée de trouble à l'ordre public par les autres et elle devient "révolte du peuple riffain contre la tyrannie" par certains.

9/ Les personnes arrêtées par la police - comme cela se produit dans tous les pays du monde quand une manifestation dégénère - sont auréolées du titre de "prisonniers politiques" ! Beaucoup parmi les personnes qui utilisent ces mots n'en connaissent la définition exacte et semblent avoir oublié que les prisonniers politiques l'étaient pour leurs "idées" et non pas pour leurs "actes".

10/ Les séances des tribunaux, que ce soit au niveau de l'instruction ou au niveau des jugements, ne sont que "simulacre de justice", que des actes exécutés par "une justice aux ordres", malgré la présence de dizaines d'avocats dont les déclarations se contredisent d'ailleurs à ce sujet.

Je peux continuer ainsi l'énumération de faits réels, concrets et vérifiables, mais que chacun qualifie de la manière qui lui convient, qui lui permet leur utilisation à son profit mais malheureusement au détriment de la vérité.

Si l'on nommait chaque chose par le mot qui lui correspond, je suis certain que la crise n'aurait pas atteint le niveau artificiel qu'elle a atteint.

Mais ne pas nommer les choses du tout est encore plus grave et ce sera l'objet de mon prochain billet.

A SUIVRE ......


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