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Laurent Ruquier l'Insoumis

Publié le 15 juin 2017 par Pascalcanterbury

Dans une interview donnée au Monde 1, Laurent Ruquier le déclinant animateur télé d'On est pas couché, nous apprend qu'il s'est senti cocufié et trahi par Jean-Luc Mélenchon, car il avait voté pour lui au premier tour, mais ce dernier n'a pas donné de consigne de vote pour le second. Panique interstellaire.

Une figurante agresse Corbière

Ça me fait penser à cette espèce de foldingue qui choppe Alexis Corbière dans la rue pour lui dire, enfin plutôt pour lui hurler, qu'elle avait peur, car Jean-Luc n'avait pas donné de consigne... quelqu'un peut faire le 112 ?

Tous ces adultes perdus, à la recherche d'une consigne de leur leader, ne sont pas des Insoumis. Personnellement, je n'aurai jamais accepté que Mélenchon, après avoir fait campagne contre Macron et ce qu'il représente, me demande de voter pour lui. En parfaite intolérance assumée, je n'aurai même pas accepté qu'il nous dise pour qui il allait voté. C'est clair ?

S'il l'avait fait, j'aurai repris mes clics et mes claques et serait passé à autre chose sans lui. Les Ruquier et autres obsédés de la consigne de vote, l'ont bien compris, d'ailleurs cette demande absolument grotesque et sans aucun fondement avait deux objectifs : le premier, donner le meilleur score possible à Macron pour qu'il puisse mener ça politique de destruction, appuyé de nombreux votes d'adhésion (auraient-ils rabâchés ensuite), le second, faire en sorte qu'une grande partie des soutiens/électeurs de Mélenchon quitte la FI et que cette dernière explose. Nice try ! La FI semble plus forte que jamais.

Le bric-à-brac anti-Mélenchon, la routine

Comme tout bon médiacrate, Ruquier est adepte de la méthode du Docteur Couet et ne rate jamais une occasion de débiter ses éléments de langage à vocation toxique :

  • attitude de Jean-Luc Mélenchon au soir du premier tour tellement déplorable,
  • quand on est leader politique, on se doit d'être responsable,
  • aigreur face aux résultats du premier tour,
  • ses 18% lui sont montés à la tête,
  • il a eu une attitude de dictateur avec des positionnements absurdes.

Personnellement je trouve cette énumération juste dingue. Comment peuvent-ils tous répéter les mêmes choses, tout le temps ? En plus, Mélenchon a obtenu 19,58% et non pas 18%, Ruquier désinforme pèpère, Le Monde ne dit mot.

Lors d'une rémission aussi courte qu'inattendue de sa macronite, il lâche il faut reconnaître que [les médias] l'ont descendu. Cet aveu ressemble a un conflit entre son Moi et son Surmoi, une partie de sa psyché ne sait pas que l'autre bosse dans les médias.

Voter Mélenchon, c'était contre ses intérêts

Il y a une autre chose qui me titille dans cette interview, c'est quand Arpagon, euh pardon Ruquier, dit à propos des personnes qui subissent la facture française 2, je comprends - même si je ne l'accepte pas - pourquoi [les gens modestes] vont voter Marine Le Pen ou Mélenchon. C'est aussi la raison pour laquelle j'ai voté pour lui au premier tour. Ce n'est pas pour mes intérêts à moi, bien au contraire !

Là encore, Ruquier ne rate pas l'occasion de nous rejouer le refrain Le Pen = Mélenchon, un grand classique médiatique, mais passons. La suite ressemble à un lapsus, quand il nous dit qu'il n'accepte pas que les gens votent pour Mélenchon, si, si, c'est ce qu'il dit. Mais ce n'est pas le plus grave, car le plus choquant c'est qu'il ramène son vote pour Mélenchon à une histoire de gros sous. Comme ci, voter Mélenchon c'était surtout aller contre ses intérêts, ses intérêts : le fric. Comme-ci il n'y avait que ça, que le fric. C'est tout ce qu'il trouve à nous dire. Vacuité.

Ruquier, l'homme de gauche, réduit son geste à une aumône. Ruquier, l'homme de spectacle, donne dans la souffrance auto infligée, pour faire plus vrai. Truqueur ! Prêt à racheter son âme, mais surtout prêt à payer pour être tranquille - mais ne lui demander rien d'autre. Ruquier c'est celui qui donne à la messe et qui s'en lave les mains.

Ruquier fait la différence, il n'est pas de ceux qui souffrent de la fracture sociale. De ses draps changés tous les jours par sa femme de chambre, de ses appartements toujours bien chauffés, il regarde de derrière la vitre. Ruquier dépense son argent, achète, se fait plaisir, il veut même acheter du Mélenchon.

Pour Ruquier c'est simple, le fric c'est tout, si t'en as t'es sauvé, même si autour tout agonise. Comme Arpagon il ne pense qu'à sa cassette, sa fille qui grandit, l'histoire d'amour sous son toit, les serviteurs méprisés, les chevaux maltraités, il ne voit pas. Il ne souffre pas Ruquier, tout à son rôle de bourgeois bien nourri, bien blanchi, il vote Mélenchon pour ne rien faire d'autre. Mieux, il dit voter Mélenchon et ne fait rien d'autre. Car que fait-il ? Je vous le demande. Pour la gauche rien que du contre-toxique, pour l'extrême droite rien que du pour-toxique, le plus bel exemple ayant été Zemmour, inoculeur en chef. Son énergie à exiger cette consigne de vote, c'est la preuve et le paraphe de son travail de médiacrate (vote utile).

Avant de raconter sur tous les écrans et dans toute la presse qu'il est de gauche, de se vendre comme la preuve vivante de la parité chez les médiacrates, Ruquier qui ramène la vie tout entière a un seul problème d'argent donc, devrait essayé de comprendre ce que veut dire être de gauche. Il pourrait par exemple écouter l'historienne Ludivine Bantigny, l'expliquer avec des mots simples et redoutablement efficaces, tellement efficaces qu'elle s'expose à l'hostilité palpable de Plenel et autre Frédéric Sawicki (en chemise bleue et veste sur sa gauche), qui sentent l'un et l'autre qu'ils vont devoir ramer devant tant d'évidente logique, devant un tel concentré d'humanité. Il devrait en prendre de la graine notre Arpagon, car le trop modeste et fadasse je crois que cela aurait pu améliorer le sort des gens qui sont en difficulté. Ça ne va pas vraiment le faire.

Dans une deuxième intervention, Ludivine Bantigny nous explique pourquoi Macron ce n'est pas possible quand on est de gauche... Elle nous parle aussi de l'injonction à voter Macron et de ses yeux azures. Là encore notre Insoumis de façade Ruquier devrait l'écouter.

Evidemment, après ça, la gauche farces et attrapes de Ruquier passe pour ce qu'elle est, une imposture. Car la seule chose qu'il est jamais fait pour la gauche, c'est de dire qu'il a voté pour Jean-Luc Mélenchon (ce qui ne veut absolument pas dire qu'il l'a fait, mais cela n'a vraiment aucune importance).

Enfin, Ruquier le Tartufe, dit être conscient du pouvoir de prescription d'On n'est pas couché, mais qu'en fait-il sinon du buzz toxique à l'endroit de Mélenchon justement ? Pour preuve voir la vidéo de Cemil Choses A Te Dire Ruquier cocufié par Mélenchon | CCATD #22 (version censurée). En espérant qu'il n'a pas été censuré une seconde fois par Ruquier lui-même.

1Laurent Ruquier : J'ai toujours eu le complexe du provincial, Le Monde, 4 juin 2017.

2 Je suppose que Le Monde et Ruquier veulent parler de la fracture sociale française. Est-ce un moyen de dire les choses sans les dire ? Social, mot tabou ?


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