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Mes dernières lectures : Dennis Lehane, Edgar Hilsenrath, Benjamin Ludwig

Par Alittlepieceof @Alittle_piece

Un polar coup de coeur, un roman très original et longtemps considéré comme tabou en Allemagne, un roman captivant que j'ai eu bien du mal à lâcher, la nature avec humour et un voyage à Tokyo.

Une nuit, la psychiatre Diandra Warren reçoit un appel anonyme et menaçant qu'elle croit lié à l'une de ses patientes. Quand arrive au courrier une photo de son fils Jason sans mention de l'expéditeur, elle prend peur et demande de l'aide à Patrick Kenzie et Angela Gennaro. C'est pour les deux détectives le début d'une affaire bouleversante qui va les confronter à l'inacceptable, jusqu'à l'imprévisible dénouement.
La peur, la compassion, la répulsion, l'amour, toutes ces émotions sont remarquablement mises en scène par Dennis Lehane dans un livre qu'on ne lâche pas avant la dernière page et dont les échos résonnent bien après qu'on l'a refermé.

Mon avis

Je suis rarement déçue par les polars américains, pourtant, j'en lis assez peu. La raison est simple : la préservation de mon sommeil !
Celui-ci m'a tellement emportée que mes nuits s'en sont senties considérablement raccourcies. Si je ne lisais que des polars comme celui-ci, je passerais des nuits blanches !
De Lehane je n'avais lu que Shutter Island (version BD) et j'avais adoré !
Je ne connaissais donc pas le duo Kenzie/Gennaora mais j'ai immédiatement senti qu'eux et moi on deviendrait copains. Surtout Kenzie d'ailleurs. Peut-être parce que c'est lui le narrateur et c'est à travers ses yeux que l'on vit le récit. Il parle à la première personne et n'est pas avare de sentiments, de souvenirs. Difficile de ne pas s'attacher à lui.
C'est un homme qui a souffert, depuis sa plus tendre enfance et cette souffrance le poursuit. Peut-être n'est-ce d'ailleurs pas un hasard s'il a choisi le métier de détective ?
Dans ce récit, le duo se retrouve face à sa jeunesse par le biais d'un serial killer. L'intrigue met d'ailleurs un certain temps à se mettre en place laissant penser au lecteur qu'il s'agit d'un petit polar alors qu'il s'agit bien d'un thriller haletant dans les rebondissements sont nombreux.
L'auteur plonge le lecteur loin dans les méandres de l'âme humaine torturée. Certains passages m'ont donné des frissons et j'ai bien cru passer mes nuits à faire quelques cauchemars. Ce ne fût pas le cas mais l'irrépressible envie de connaître la fin elle, a considérablement réduit mon temps de repos. Plutôt bon signe pour une lecture !
C'est très difficile de parler de ce roman sans en dévoiler les secrets, du coup, ma critique est courte mais croyez-moi, il vaut le coup d'être lu !

Quelques extraits

  • On ne peut pas sauver les gens, en particulier ceux qui ne demandent pas à être sauvés. Chacun va sa vie en multipliant les embardées, les accrochages, les accidents, et la plupart du temps, les affronte seul.
  • Je sais que la société nous incite à parler des drames que nous vivons, à en discuter avec des amis ou des inconnus compétents, et c'est peut-être réellement efficace. Mais je reste persuadé qu'on a tendance à trop en dire dans cette même société, qu'on attribue à la parole des vertus qui lui font souvent défaut, et qu'à force, on ne se rend plus compte de l'état de complaisance morbide dans lequel elle nous plonge forcément.
  • Ça ne disparaît jamais. L'inquiétude. La peur. Ça ne vous laisse pas une seconde de répit. C'est le prix à payer pour avoir donné la vie.
  • Ôter la vie se rapproche beaucoup de l'acte sexuel, à vrai dire. Parfois, c'est transcendant, jouissif; parfois, c'est juste couci-couça, satisfaisant sans plus, genre pas de quoi sauter au plafond, mais qu'est-ce qu'on peut y faire ? Pourtant, ce n'est jamais inintéressant. Ça fait toujours un souvenir.
  • Quand il s'agit de protéger son enfant, une mère arbore une expression particulière, quasi animale, dégageant une impression de menace presque palpable. Ce sentiment-là ne se raisonne pas, et il a beau jaillir des tréfonds de l'amour, il ne connaît pas de pitié.

1933. Max, le fils bâtard de la pute Minna Schulz, s'enrôle dans les SS à l'arrivée d'Hitler au pouvoir. Affecté dans un camp d'extermination, où disparaissent son meilleur ami (juif) et toute sa famille, il décide à la fin de la guerre de se faire passer pour juif... et endosse l'identité de son ami assassiné. Max Schulz, devenu Itzig Finkelstein, épouse la cause juive, traverse l'Europe et rejoint la Palestine, où il devient barbier et sioniste fanatique. Le Nazi et le Barbier fut, trente ans avant Les Bienveillantes, le premier roman sur l'Holocauste écrit du point de vue du bourreau. L'humour (noir) en plus.

Mon avis

Ah ça pour être noir, c'est un humour très très TRÈS noir ! Âmes sensibles s'abstenir ! Car dans ce récit plusieurs fois je me suis sentie assez mal à l'aise, je dois bien le dire.
Jamais je n'avais lu un roman traitant de la seconde guerre mondiale comme celui-ci. Pourtant dieu sait qu'il y en a des romans autour de la seconde guerre mondiale et de la Shoah !
Celui-ci est un récit très original, qui ne peut laisser indifférent. Malgré un certain malaise face à cette narration sombre et parfois vraiment glauque je n'ai pas pu lâcher le livre. Le rythme donné par l'auteur ne laisse que peu de place à la rêverie. Les lignes se suivent et s'entrechoquent, rares sont les moments de répit.
L'histoire commence à la naissance de Max et déjà, ça sent le roussi. Sa maman est une prostituée et le petit Max ne saura jamais qui est son père. L'argent manque déjà et avec l'arrivée de la guerre, rien ne s'arrange.
Le pauvre petit Max vit une enfance malheureuse, brutale et sordide dans laquelle sa seule lueur d'espoir est son meilleur ami, voisin et presque jumeau (né à quelques heures près) Itzig. Si ce n'est que Max est aryen pur souche et Itzig... juif....
Max, devenu adulte, trouve en Hitler le messie qu'il attendait, celui qui pourra le sortir de sa vie de vaurien. Il s'enrôle alors dans les SS pour lutter contre les souffrances dont il a été victime enfant. Enfin il prend le pouvoir sur sa vie. Malgré son amitié pour Itzig, il devient antisémite et participe au génocide.
Puis vient l'après guerre et Max rencontre à nouveau douleurs et souffrances. Il semble vouloir expier ses fautes et l'histoire va alors prendre une toute autre tournure. Puisque Max est recherché pour être jugé pour tous les crimes qu'il a commis, il cherche alors à changer d'identité. Pourquoi ne pas prendre celle de son ami défunt, pourquoi ne pas devenir juif et carrément... migrer en terre sainte.
La crasse, la pauvreté extrême, la mort, la survie... voilà de quoi est composé ce récit. Mais c'est écrit comme si rien ne touchait jamais le narrateur, il prend tout avec une certaine désinvolture, un certain cynisme qui n'en rend que plus glauques ses malheurs. Les retournements sont nombreux et la fin, comme une apothéose à ce récit foisonnant et original.
A l'époque où le roman sortit, ce fût un succès immédiat sauf... en Allemagne où il fût très longtemps tabou et même banni des librairies. Oser parler de la Shoah de la sorte, avec un tel cynisme, ça ne passait pas. Aujourd'hui encore, d'ailleurs, ce récit peut mettre mal à l'aise. On aime ou on déteste. Mais qui d'autre qu'un juif allemand, lui-même enfermé dans les camps pouvait parvenir un tel coup de génie ?
La postface apporte un éclairage essentiel à l'histoire de ce roman atypique.

Quelques extraits

  • " quand j'ai vu le Führer pour la première fois, ça m'a fait un choc, parce que je croyais voir Slavitzki, mais je me suis tout de suite dit : Non ! ça ne peut pas être Slavitzki. Slavitzki, il a une grosse bite et il est carnivore, tandis que ce type-là, il a une petite bite et il est végétarien. Et Slavitzki, il a des yeux d'ivrogne et un regard vide, tandis que ce type-là, il a les yeux d'un prophète. "
  • C'est vrai que j'avais l'air d'un Juif.(...)Je devais donc en rajouter, tuer mieux que les autres. Pour leur montrer que je n'en étais pas un. Je veux dire, un Juif. Tu piges? (...) Mais tu peux me croire, Itzig. Je n'étais pas antisémite. Je ne l'ai jamais été. J'ai suivi le mouvement, c'est tout.
  • Max Schulz! S'il y a une seconde vie pour toi, il faudrait que ce soit la vie d'un Juif! Après tout, cette guerre, c'est nous qui l'avons perdue. Et les Juifs qui l'ont gagnée. Et moi, Max Schulz, j'ai toujours été un idéaliste. (...) Un idéaliste qui sait changer son fusil d'épaule.
  • Quel jour mémorable, celui où le génocidaire Max Schulz est redevenu coiffeur. Profession honnête du parfait monsieur tout le monde. Si j'avais un calendrier, j'entourerais ce jour mémorable d'un gros trait bleu, net et sans bavure.

Pour la première fois de sa vie, Ginny Moon a trouvé sa Maison-pour-Toujours ? un foyer avec une famille aimante qui saura la protéger et l'entourer. Le foyer dont n'importe quel enfant adopté pourrait rêver. Alors pourquoi cette adolescente de 14 ans cherche-t-elle à tout prix à se faire kidnapper par sa mère biologique, incapable de s'occuper d'elle ? Pourquoi Ginny veut-elle absolument retourner dans cet appartement où elle a failli mourir ? C'est une adolescente comme les autres ? elle joue de la flûte, s'entraîne pour le tournoi de basket de l'école et étudie les poèmes de Robert Frost ?, à un détail près : elle est autiste. Et certaines choses sont très importantes pour elle : commencer sa journée avec précisément neuf grains de raisin, chanter sur Michael Jackson (son idole), manger de la pizza au bacon et à l'ananas et, surtout, retrouver sa mère biologique pour pouvoir s'occuper de sa Poupée, qui court un grand danger.Avec les moyens limités et pourtant redoutables d'une enfant enfermée dans son monde intérieur, Ginny va tout mettre en oeuvre pour la sauver.

Mon avis

J'ai reçu ce roman dans le cadre d'une Masse Critique de Babelio et j'en suis plus que ravie.
" Ginny Moon " est le premier roman de Benjamin Ludwig. Lui même père adoptif d'une petite fille autiste, il s'est largement inspiré de son expérience pour écrire ce récit.
Je m'attendais d'ailleurs à un livre sur l'autisme et la parentalité sans me douter à aucun moment que j'allais me retrouver devant une aventure aux mille rebondissements.
J'ai lu ce roman comme on lit un bon polar, incapable de le lâcher tant je voulais connaître l'issue de l'histoire.
Je me suis laissée prendre par l'incroyable épopée de l'adolescente. J'étais loin de m'imaginer que son histoire serait à ce point triste et émouvante à la fois. Dans le premier tiers du livre, je ne comprenais pas très bien cette histoire de poupée. L'auteur réussit à placer le lecteur dans la même situation que tous les adultes qui entourent Ginny, nous ne la comprenons pas ! Sa poupée, mais quelle poupée ? Pourquoi est-elle si importante pour elle ? Pourquoi, malgré le foyer chaleureux que lui offre ses parents-pour-toujours veut-elle à ce point s'enfuir ?
Et puis... lorsque l'on comprend, enfin, alors que les personnages, eux, ne saisissent toujours pas (mais comment le pourraient-ils ?) l'on se retrouve dans la peau de Ginny, comme prisonnier de ce lourd secret que l'on partage avec elle. Le lecteur sait, mais ne peut parler tandis que Ginny peut parler mais ne sait pas comment dire...
Et c'est peut-être là, la très grande force de ce roman, car comment mieux comprendre l'autisme qu'en se retrouvant pris au piège dans une histoire dont on ne maitrise rien ?
Il faut dire que l'histoire est écrite un peu comme un journal intime, découpé en journées, en heures, à la première personne. Ce sont les paroles de Ginny, ce qui se passe dans sa tête qui est couché sur le papier. Comment alors ne pas s'attacher, s'identifier presque à elle ?
La place des parents adoptifs de Ginny est très particulière dans ce récit. On sent qu'ils font ce qu'ils peuvent mais l'arrivée de leur bébé (naturel cette fois) chamboule à la fois leur vie et leur conception de leur rôle de parents adoptifs. Prise dans les mailles du filet du secret de Ginny je leur en ai voulu, même si on fond je les comprenais, je leur en ai voulu, oui, de ne pas s'apercevoir qu'il y avait un réel souci, de ne pas chercher à en savoir plus, par tous les moyens... Mais comment l'auraient-ils pu puisque Ginny a tant de mal à exprimer ce qu'elle ressent, tant de mal à interagir avec les autres.
L'âge de la jeune fille n'a me semble t-il pas été choisi par hasard. Vient s'ajouter, aux difficultés liées à son autisme, celles liées je pense au passage de l'adolescence.
A la fin de l'histoire, Ginny s'affirme comme le ferait toute jeune fille de 14 ans mais du fait de son histoire et ses troubles, cela n'en a que plus de poids.
C'est un livre que j'ai adoré, je l'ai dévoré en 3 jours et m'en souviendrai probablement longtemps.

Un grand merci à la maison d'éditions Harper Collins pour cette très belle découverte.

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Mon avis

Ce livre n'est pas un guide touristique, ce livre, c'est un voyage. Un voyage à travers les rues et ruelles de la ville de Tokyo.
Tokyo fait rêver, fantasmer, on s'en fait tous une certaine image et moi qui me suis pourtant longtemps passionnée pour le Japon, j'ai été surprise par la vision qu'en donne l'auteur.
Voyageur solitaire, celui-ci donne ses impressions au gré des quartiers visités et des rencontres qu'il y a faites. Loin des clichés véhiculés habituellement, c'est un Tokyo un peu glauque que l'on découvre. C'est en tout cas la sensation que j'en ai eu. Des petits bouibouis un peu sales, des ruelles sombres et humides, un amoncellement d'objets kitch...
La visite des temples heureusement apportent un peu de fraîcheur et d'authenticité mais aussi son lot d'ironie. C'est une plongée dans les émotions du voyageur et une découverte atypique.
Le livre est également interactif et permet de visiter, en réalité virtuelle à 360° la totalité des pages.

La nature est une source inépuisable de surprises et d'émerveillements... pour qui sait l'observer. Vous voulez savoir comment distinguer une mouette d'un goéland ou une chouette d'un hibou ? Écouter le chant des sauterelles ? Apprendre à cuisiner des plantes sauvages ? Découvrir ce qui attire vraiment les moustiques ? Plongez dans ce livre fourmillant d'informations, de révélations, d'astuces et de conseils adaptés à chaque mois de l'année. Ludique et pédagogique, il vous ouvrira les yeux sur les plantes et les animaux qui nous entourent. Regardez, humez, écoutez : au fil des saisons, l'extraordinaire se cache dans l'ordinaire.

Mon avis

Je crois que vous avez certainement compris, si vous lisez ce blog depuis un moment que j'aime énormément la nature. Mais je dois être honnête (pourquoi le cacherais-je ?) je n'y connais absolument rien. Je suis citadine malgré moi et si j'aime marcher le nez levé vers le ciel pour voir les oiseaux dans le ciel, et le vent dans les branches des arbres, si je m'émerveille au moindre bourgeon, je suis bien incapable de nommer la moindre fleur !
Ce livre m'a donc appris pas mal de choses (pour peu que je m'en souvienne hum...). Pour chaque mois de l'année, l'auteur vous donne les clés pour observer la faune et la flore propre à chaque saison et ce avec souvent beaucoup d'humour. C'est un livre à lire et à relire sans modération. Idéal aussi pour les enfants, à partir de 7 ans !

Bonne lecture

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