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Les tambours de la guerre résonnent encore : E fotografesche Reckbleck - Sandro Ortolani

Publié le 29 juin 2017 par Paulo Lobo
Les tambours de la guerre résonnent encore : E fotografesche Reckbleck - Sandro Ortolani

E fotografesche Reckbleck : 367 Deeg am Ausland Asaz

Voici un livre étrange et fascinant à la fois, réalisé par le photographe Sandro Ortolani.Il nous propose un recueil de photos prises en Bosnie-Herzégovine entre 1997 et 1999 alors qu’il était soldat dans l’armée luxembourgeoise participant à l’opération SFOR. Pour rappel, le SFOR était une « force de stabilisation » de l'OTAN qui avait pour mandat de prévenir toute résurgence du conflit dans la région et de mettre en œuvre le plan de paix issu des accords de Dayton. Entre 1997 et 1999, Sandro Ortolani a fait partie du contingent luxembourgeois en trois missions distinctes, pour un total de 367 jours d’engagement sur le terrain. Pour le vingtième anniversaire de cette expérience, il a décidé d’élaborer une édition spéciale en utilisant une partie de ses séries photographiques. Financé par une opération de crowdfunding (sur la plateforme kickstarter), l’ouvrage résultant est dédié à la mémoire de Kapgen Néckel, son ami, camarade et mentor qui est décédé prématurément en 2000.Les tambours de la guerre résonnent encore : E fotografesche Reckbleck - Sandro OrtolaniSandro Ortolani déjà à l’époque était passionné de photo. Argentique bien sûr, car à l’époque le numérique n’existait pas encore. C’est ainsi que, au fil des jours, des semaines et des mois, le jeune Ortolani a documenté le quotidien des soldats, entre patrouilles et vie de caserne. Les images défilent sous nos yeux, sans commentaires, sans légendes, et petit à petit s’insinue en nous une petite musique douce-amère, la petite musique de la guerre qui est finie mais qui continue de faire mal ; on déambule dans un pays meurtri, composé de paysages torturés et de villes défigurées dans lesquelles résonnent encore les éclats des obus et les tirs des snipers. On imagine par extrapolation les filets du sang passé. Surgissent à tour de page des bâtiments éventrés, troués de mille balles, des rues esseulées, auscultées par de jeunes militaires dans leurs véhicules blindés ; des jeunes soldats blindés eux-mêmes, super équipés, le regard à la fois ingénu et surpris, empêtrés dans leur routine. A l’époque, il n’y avait pas encore de partage instantané. Les soldats ne faisaient donc pas de selfies. Sandro photographiait à l’argentique, et ses camarades posaient avec un naturel confondant, adoptant des attitudes oscillant entre le martial et le sourire, faisant les clowns parfois parce qu’au fond ils n’étaient rien d’autre que de grands enfants à qui on avait donné des armes et une mission. Le livre de Sandro Ortolani nous raconte avec beaucoup de sensibilité et sans fracas la double histoire d’un territoire en cours de cicatrisation et de jeunes militaires empêtrés dans un morne quotidien et dans l’attente d’on ne sait trop quoi. Et quand surgit, plutôt vers la fin de l’ouvrage, sur quelques images, le contact avec les habitants, on a l’impression d’une grande lueur humaine qui éclaire enfin la routine de nos héros sans bataille.


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