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Glow (2017) : rire des stéréotypes…

Publié le 29 juin 2017 par Jfcd @enseriestv

Glow est une nouvelle série de dix épisodes qui ont tous été mis en ligne le 23 juin sur le site de Netflix. Le titre, c’est l’acronyme pour « gorgeous ladies of wrestling » alors que le producteur Bash (Chris Lowell) et le réalisateur Sam (Marc Maron) s’apprêtent à lancer une nouvelle émission câblée où la lutte féminine y prendra une place de choix. Pour l’heure, nous sommes en 1985 et il est temps de procéder au casting. Parmi les sélectionnées se distingue Ruth Wilder (Alison Brie), une actrice qui a davantage passé d’auditions que tenu de véritables rôles. Celle-ci espère apporter un peu de profondeur à ce qu’on lui propose de jouer, mais elle devrait vite déchanter.  Histoire inspirée d’une équipe de lutte du même nom, Glow est certes très divertissante et les épisodes s’enfilent sans trop d’efforts. Par contre, c’est à se demander si elle s’en tient au premier degré quant aux stéréotypes qu’elle dénonce ou s’il y a une quelconque plus-value dans cette nouveauté. En tous les cas, Netflix semble avoir trouvé une recette gagnante et s’y accroche, pour le meilleur et pour le pire.

Glow (2017) : rire des stéréotypes…

Sois féroce et tais-toi

À peine a-t-elle rejoint l’équipe de Glow que Ruth se fait remarquer pour son insistance à vouloir donner de la chair autour de l’os du personnage qu’elle doit jouer. À deux doigts d’être virée par Sam, ce dernier a une sorte d’épiphanie lorsque Debbie (Betty Gilpin) entre dans la salle. Actrice du populaire feuilleton Paradise Cove, Ruth était sa meilleure amie, mais elle vient tout juste d’apprendre que son mari l’a trompé avec elle. Les deux femmes s’insultent et commencent à s’échanger des coups. Dès lors, Sam comprend qu’avec un peu de mise en contexte, ce qu’il entend diffuser s’en trouvera renforcé. Pour ce faire, il élabore un scénario somme toute compliqué qui dans le troisième épisode est assez rapidement rejeté du revers de la main par Bash qui veut s’en tenir aux stéréotypes. En même temps, l’avenir ne devrait pas lui donner tort.

Dans l’édition en ligne de l’IndieWire, l’on nous apprenait à quel point le chemin de carrière de l’actrice principale Alison Brie avait été difficile, pour ne pas dire tortueux. Ayant aussi multiplié les auditions, même dans le cas de Glow, elle a dû s’y reprendre quatre fois avant d’obtenir le rôle tant convoité. Cette symbiose avec le personnage qu’elle incarne transperce l’écran, tout comme sa collègue Debbie Eagan qui ressemble comme deux gouttes d’eau à Cynthia Rhodes; celle qui jouait Penny dans Dirty Dancing. En fait, c’est le casting en général qui est réussi et comme quoi, nul besoin d’avoir recours à des stars pour attirer l’attention des téléspectateurs.

Glow (2017) : rire des stéréotypes…

De plus, le retour aux années 80 n’est pas qu’un seul caprice de mise en scène où trop souvent le contenant avec ses artefacts, sa mode, etc. empiète sur le contenu. La lutte féminine a été un réel phénomène de société durant cette décennie et d’en explorer les coulisses s’avère original, mais aussi choquant par moments. En effet, ce « sport » est assez sexiste et d’ailleurs Bash et Sam ne s’en cachent pas. Dès les premières auditions, celui-ci leur donne pour instructions : « When I point at you, you tell me your name, and if you have any special skills or hidden talents, favorite sex positions. » Plus tard, il admet même en parlant de la lute feminine : « Porn you can watch with your kids, finally. » Quant à Bash, il a aussi une idée très claire et simple de ce qu’il veut : « We need to simplify. Gorgeous Ladies of Wrestling. That’s what we’re doing here. Gorgeous ladies wrestling. »

Dans la même veine, au troisième épisode, on choisit le stéréotype que chacune d’entre elles incarnera : l’Anglaise une scientifique, la Suédoise une vicking, l’Asiatique, une petite écolière du type manga, l’Arabe une terroriste. Le fait que ces scènes soient couvertes avec humour fait évidemment mieux passer la pilule et c’est encore meilleur si ça se déroule dans une époque révolue puisque « c’était les mœurs ». Pourtant, on n’a pas l’impression que la série cherche s’élever au-delà de ces plaisanteries de premier niveau (le personnage cliché de Melrose [Jackie Tohn] par exemple) et au contraire, se fait à la limite complice de cette façon simpliste de vouloir catégoriser les femmes. Si on avait passé un peu moins de temps en blagues salaces et un peu plus pour nous faire connaître les différentes lutteuses en tant que personnes, Glow aurait mérité quelques galons supplémentaires.

Glow (2017) : rire des stéréotypes…

Une recette éprouvée

On a beau saluer le fait que Netflix sorte des sentiers battus en nous proposant le monde de la lutte féminine, peu ou jamais exploité en fiction, reste que le cœur de cette nouveauté nous est plus que familier. En effet, on remarque dès les premiers coups d’œil l’influence des algorithmes mis en place par le service de vidéo sur demande et il est difficile de ne pas penser dans un premier temps à Orange Is The New Black. Comme dans Glow, on a un groupe de femmes avec tous les stéréotypes possibles qui se retrouvent à être « l’otage » des hommes. De plus, le ton vivotant entre comédie et mélodrame est similaire. Sinon, le côté rétro a la cote. Des séries comme Wet Hot American Summer, Stranger Things, certaines séquences de The OA et même 13 Reasons Why dans sa mise en scène se déroulent plus ou moins durant la même période et ont toutes remporté un certain succès puisqu’on a cru bon de les renouveler.

En annulant dernièrement Sense8, The Get Down et Girlboss, le patron de Netflix Reed Hastings a affirmé vouloir prendre plus de risques avec ses nouveautés. Pourtant, on voit mal l’entreprise mettre de côté des projets rassembleurs et convenus au profit de séries de niche audacieuses. En tous les cas, facile de prédire une deuxième saison pour Glow

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