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Exposition Serge Fauchier | Galerie Barrès Rivet – Toulouse

Publié le 30 juin 2017 par Philippe Cadu

Du 8 Juin au 22 Juillet 2017

http://www.galeriebarresrivet.com

"J'ai le sentiment d'avoir toujours peint des commencements "

Dans la peinture de Serge Fauchier, les lignes et les couleurs sont libres et l'unité géométrique de la surface du tableau n'est acquise que par un équilibre dynamique.
Les formes flottent dans l'espace et se prolongent hors du champ du cadre.
Monsieur de la Palisse dirait " Il faut commencer par le commencement " D'abord donc commencer mais ou fini le commencement"
N'ayant aucune limite d'aucune sorte la peinture de Serge Fauchier entretient une relation biunivoque du Tout et des parties .Elle nous invite à méditer les Pensées de Pascal à propos de l'univers ." Une sphère infinie dont le centre est partout la circonférence nulle part"
Cette infinité nous n'en n'avons qu'une idée incertaine, seulement une expérience du commencement.

Jacques Rivet

Je peins dans un registre de formes que je veux les moins engageantes possibles : traits, segments de lignes agrandis au rectangle, tracés en bandeaux onduleux tirés d'une extrémité à l'autre de la surface. Avant, il y eut le bâtonnet, puis des fragments ou éclats, des courbes appuyés aux bordures des supports, des couleurs étirées ou effacées.

Ces formes agissent dans les surfaces en découpant les blancs, ou les parcourent jusqu'au terme de leur recouvrement.

Je me réfère souvent aux tracés premiers du dessin et de l'écriture. Je ne les cite pas, mais je tente de donner une teneur voisine aux miens.

J'ai le sentiment d'avoir toujours peint des commencements, que l'objet de mon travail est d'avancer des hypothèses de commencements. Je me suis porté d'un point de départ vers un autre, puis ses suivants, engendrant une ligne qui trouvait son prolongement au fil de mes déplacements. J'aurai inventorié des points d'accès, demeurant sur une frontière où tout cesse et tout commence.

Avant de commencer une nouvelle peinture, un seuil, un espace de transition, un temps d'attente qui sera suivi d'un mouvement.

Les rubans de couleurs se dévident ou se scindent.

Cette fracture, cadrée, condensation de son moment relevé sur une surface réduite : un tableau ?

Du tableau, je pourrai dire aujourd'hui, qu'à défaut de pouvoir m'en débarrasser, je continue à en user ponctuellement et sciemment, mais en le concevant différemment. Il porte une part de mon travail qui s'appuie sur ses caractères physiques ; il est le support qui convient avec sa surface tendue et ses limites dures et précisées.

Entre les grandes surfaces et les petites, je m'épands ou je me concentre.

Les tracés des bandeaux en traversée des surfaces ne sont limités que par la largeur des supports qui les reçoivent, mais aucun début ni fin ne leurs sont formellement assignés.

Les tracés interrompus avant les bords, sont des segments indéfinis : l'échevelé de leurs extrémités avance l'hypothèse de leurs prolongements.

Les fractures rompent la permanence des tracés, elles se marquent ainsi des évènements de rupture dans le continu d'un flux ; à la fois, leurs lignes convergent et se séparent.

Dans tous ces cas, la présence d'un extérieur, d'un hors-champ fondateur, est sous-entendue, et c'est vers lui que la peinture se tourne ; celui qui simultanément la produit et sur lequel elle renseigne.

Je pose mes couleurs jusqu'à ce que leur organisation me convienne. Dès lors, la peinture pourrait être terminée, mais j'attends toujours que la couleur me surprenne, déborde mes desseins, et ce n'est qu'au moment de ce débordement qu'un deuxième temps du travail s'enclenche où mes règles et mes ordres défaillent.

A ces moment-là, les couleurs sont reprises et, suivant leur poids, leur vivacité, impriment visuellement des vitesses différentes aux tracés qui, dès lors, s'opposent, se contredisent, accentuant les effets de rupture déjà esquissés avec les fractures des dessins initiaux.

Dans les peintures de " fractures ", les forts contrastes de tons s'opposent et se heurtent à susciter l'impression d'une implosion de la surface, tandis qu'avec les bandeaux, peints sur de vastes toiles libres, il s'agit davantage de la poursuite d'une expansion lente des couleurs dans l'étendue ; leurs matières colorantes sont frottées sur le support, étirées jusqu'aux limites.

De toutes les peintures, la mise bout à bout permettrait de distinguer la progressive altération des dessins et traitements, à la fois semblables et différents sous l'effet des divers apports, tant conceptuels que techniques, survenus dans la durée.

Chaque peinture aboutit dans les marques de son inachèvement, dans l'état, comme suspendu, des tracés et des couleurs ; demeurent les blancs que tant la saturation que les multiples organisations re-marquent davantage que suturent

Serge Fauchier Galerie Barrès Rivet, 1 Place Saintes Scarbes 31000 Toulouse

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