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[Critique] THE WIZARD OF LIES

Par Onrembobine @OnRembobinefr
[Critique] THE WIZARD OF LIES

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Tire original : The Wizard Of Lies

Note:

★
★
★
★
☆

Origine : États-Unis
Réalisateur : Barry Levinson
Distribution : Robert De Diro, Michelle Pfeiffer, Alessandro Nivola, Hank Azaria, Nathan Darrow, Kristen Connoly, Lily Rabe…
Genre : Drame/Adaptation
Date de sortie : 2 juillet 2017 (OCS)

Le Pitch :
New York, 2009 : Bernard Madoff, un géant de Wall Street, autodidacte et faisant partie des créateurs du système boursier en vigueur, annonce à sa famille que l’argent de sa société n’existe pas et qu’il a passé les quinze dernières années à détourner des fonds et à flouer un très grand nombre d’investisseurs. Fermement décidé à se dénoncer, Madoff est doublé par ses fils qui contactent le FBI. Alors que la crise financière bat son plein, Madoff devient aux yeux du monde l’un de ses principaux artisans. Histoire vraie…

La Critique de The Wizard Of Lies :

Le nouveau film de Barry Levinson s’inspire du livre écrit par la journaliste Diana Henriques, qui put s’entretenir de longues heures avec Bernard Madoff, en prison, et qui a donc recueilli de précieuses informations sur le pourquoi du comment de sa gigantesque arnaque dont les répercussions ont largement contribué à mettre en péril de nombreuses vies ainsi que la survie de plusieurs entreprises. À commencer par la famille de Madoff lui-même, qui explosa en plusieurs morceaux. C’est cette histoire que se propose de nous conter The Wizard Of Lies : celle de l’un des sorciers les plus emblématiques de Wall Street. Une sorte de Gordon Gecko qui ne s’est jamais vraiment avoué sa véritable fonction…

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Monumentale gueule de bois

À travers le cas Madoff, l’un des plus retentissants de ces dernières années, The Wizard Of Lies raconte Wall Street dans ses œuvres les plus machiavéliques et donc aussi l’Amérique de la crise financière. Celle qui prend peu à peu conscience d’avoir atteint ses limites et qui est en train de se chercher une alternative, un nouveau modèle à adopter pour survivre. En gros, The Wizard Of Lies raconte l’histoire d’une gigantesque gueule de bois.
Au centre de la dynamique, une icône de la destruction massive. Un chef de clan qui peu à peu perd pieds devant l’ampleur du désastre qu’il a causé, prétextant vouloir se repentir mais ne semblant jamais vraiment se rendre compte de la portée de ses actes passés et adoptant en cela une posture révoltante à plus d’un titre.
En vieux de la vielle à qui on ne la fait pas, Barry Levinson parvient à immédiatement saisir les enjeux du scénario qu’il met en scène et livre un film puissant sur bien des points. Construit de façon à ce que nous suivions les suites de la condamnation de Madoff mais aussi à ce que comprenions comment les choses en sont arrivées là, The Wizard Of Lies fait de réguliers allers-retours dans le temps. Avant et après ce fameux jour de 2009 où le FBI est venu frapper à la porte de la luxueuse maison de Madoff dans le New York des nantis. Le jour où la terre de Manhattan trembla, provoquant un cataclysme retentissant, dont l’écho se fait encore entendre aujourd’hui. Malgré le manque de distance, The Wizard Of Lies touche au vif et parvient à ne pas déshumaniser Madoff. Bien au contraire. C’est d’ailleurs l’un de ses grands mérites : nous présenter un homme complexe sans céder à un acharnement qui aurait pu l’empêcher de brosser efficacement son portrait. En cela, la performance de Robert De Niro est bien entendu d’une importance capitale…

Les nerfs à vif

On le dit fini. Tout juste capable de cabotiner dans des comédies loufoques qui sont régulièrement fustigées par d’anciens fans absolument incapables de concevoir que même une légende comme De Niro peut avoir besoin de s’amuser et ne pas forcément devoir en permanence chercher les rôles qui vont se montrer dignes de ceux qu’il a tenu dans les années 70 et 80 dans des chefs-d’œuvre signés par les Coppola ou les Scorsese. The Wizard Of Lies est pour eux. Pour la simple et bonne raison qu’il démontre, même si ce n’était absolument pas nécessaire, que De Niro en a encore sous la pédale. En Bernard Madoff, le comédien américain fait des prouesses et renoue avec la pertinence de ses personnages les plus ambigus. Bien sûr, il porte le film, en nourrissant une froideur cachée sous les apparats d’une mystérieuse prise de conscience que le film a le bon goût de ne pas disséquer au risque de se livrer à des extrapolations qui auraient nuit à la portée du discours qu’il entend mettre en avant. De concert avec Levinson, épaulé par une Michelle Pfeiffer elle aussi impériale, De Niro arrive à incarner un Madoff vulnérable mais pourtant jamais vraiment capable de se défaire de son aura de prédateur de Wall Street. Y compris quand il moisit en prison et que la colère de ceux qu’il a floué et les répercussions de ses actes sur les siens (ses fils en première ligne, parfaitement campés par Alessandro Nivola et Nathan Darrow) lui parviennent sans qu’il s’en montre vraiment indigné. Dans The Wizard Of Lies, De Niro construit un personnage passionnant, car symptomatique d’une époque et d’un système bien précis. Avec une maîtrise totale et une pertinence accrue, l’acteur incarne les enjeux et la dynamique d’une histoire glaçante. Il est incroyable.
Sans lui, sans son regard d’une intensité rare et sans son acuité, The Wizard Of Lies n’aurait pas le même impact, ni la même justesse, même si le script et la mise en scène font qu’on a ici affaire à plus qu’un simple téléfilm. The Wizard Of Lies touche au vif, de bien des manières, sans faire fausse route et en laissant le spectateur se faire sa propre opinion.
Tragédie sur le rêve américain, où l’ambition se fait le carburant de velléités biaisées par un désir de domination, ce film s’impose comme un incontournable.

En Bref…
Porté par un Robert De Niro extraordinaire, The Wizard Of Lies nous conte une histoire glaçante, de l’intérieur, sans céder à un quelconque maniérisme et en prenant la distance suffisante avec son sujet pour le traiter avec la pertinence voulue. C’est percutant et passionnant. Essentiel pour comprendre une partie du monde dans lequel nous vivons.

@ Gilles Rolland

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   Crédits photos : HBO


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