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Publié le 08 juillet 2017 par Christian Cottet-Emard

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La grande glissade dans l’insignifiance des saisons de spectacles à Oyonnax n’en finit pas ces dernières années, ce qui se confirme encore dans la nouvelle édition. Amateurs de culture classique, il vous faudra prendre la route, le train ou l’avion vers des contrées plus clémentes. En ce qui concerne la variété, on nous annonce une chanteuse qui se présente comme héritière de Véronique Sanson. C’est dire le niveau...

Cette vertigineuse dégringolade suscite des questions concernant les choix des spectacles et le fonctionnement du centre Aragon, notamment lorsqu’on constate qu’un intervenant, directeur d’une compagnie et associé à la programmation de la scène (on se demande bien pourquoi), produira deux spectacles. C’est ce qui s’appelle être juge et partie, une pratique digne des républiques bananières qui n’est peut-être pas interdite mais peu élégante, disons limite, et qui en dit long sur la dérive générale des usages en matière de programmation culturelle. C’était déjà le cas lors de la saison précédente. À cet égard, on a l’impression que le centre culturel Aragon, livré à la récurrente indifférence des décideurs locaux, navigue à vue, au gré des courants, ballotté entre les modes futiles, les nouveaux conformismes idéologiques et l'animation sociale, ce qui le rend évidemment vulnérable à l’entrisme d’intervenants parfois douteux ainsi qu’on l’a vu ces quatre dernières années et encore tout récemment à travers des conférences aux contenus ambigus et une résidence d’auteur qui s’est soldée par un fiasco retentissant.

On ne peut que s’attrister de cette situation quand on a connu l’espoir suscité en ses débuts par le centre culturel Aragon.

Lancer de Cochonou : ne circulez plus même s’il n’y a rien à voir

Si la culture redevient la cinquième roue de la charrette, tout roule pour le sport de masse. On refait même des routes spécialement pour le confort des cyclistes du Lancer de Cochonou. Moi qui avais choisi de me protéger de cette affligeante vision, je subis pour la troisième fois ce barnum depuis mon installation dans un petit village jurassien qu’il me sera interdit de quitter aujourd’hui samedi entre midi et 17h30.

Tout le monde hurle à la prise d’otage lorsque la légitime exaspération sociale se traduit par des grèves mais personne ne moufte lorsque la liberté de circulation et l’espace public sont confisqués au profit d’un sport dénaturé (pardon pour le pléonasme) dont la seule justification est le passage crapoteux d’une caravane publicitaire grotesque.

Burkini vs bikini : pas de trêve à la plage
En attendant de retrouver ma liberté de circuler, je peux toujours patienter en feuilletant la presse. Dans Télérama, le magazine que je ne continue de lire que pour savoir comment pense l’ennemi, je tombe sur la prose très politiquement correcte d’un de ces quadras que la rédaction a l’art de convoquer comme des experts en analyse de notre merveilleuse époque, un certain Christophe Granger, historien qui affirme doctement : Si le burkini a tant choqué, c’est qu’il contrevient à la norme estivale de la dénudation et de la visibilité du corps. Rien de plus ? Vraiment ? Ainsi ne devrions-nous pas nous en soucier plus que cela ?

Cette conclusion aussi courte qu’expéditive est heureusement nuancée en termes forts diplomatiques quand même par le philosophe Roger-Pol Droit dans sa chronique du journal Le Monde : Que « l’indifférence » envers le burkini soit la meilleure attitude me semble une profonde erreur. L’historien minimise l’affichage religieux produit par cette tenue, et le réduit presque à néant, sous le prétexte que des femmes qui la porte peuvent très bien penser à autre chose... Que le burkini ne puisse ni ne doive être interdit est une évidence. Mais il doit être critiqué, dénoncé, et donc combattu par le texte, l’image, la parole. À la différence du bikini, il me semble bien constituer un élément d’un puzzle idéologique, politique et religieux structuré.

Voilà qui a le mérite d’être dit, même avec une prudence un peu appuyée à mon goût, face au déni de réalité qu’on rencontre si souvent aujourd’hui chez cette génération d’intellectuels dont Christophe Granger est un parfait exemple.

Il importe à mon sens de considérer le port du voile et du burkini pour ce qu'il est : un message d’hostilité et de sécession qui nous est adressé à titre délibéré et permanent dans le cadre d'une stratégie de tension et de test de notre volonté de résistance.

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