Magazine Côté Femmes

Tattoo You

Publié le 10 juillet 2017 par Christianpoulot @lemodalogue

Le tatouage est devenu phénomène de mode, fondamentalement il n'en est rien. Les premiers tatouages recensés datent de plusieurs milliers d'années et remplissaient essentiellement des fonctions d'identification, d'appartenance tribale.

Au IXe siècle au Japon, berceau du tatouage, il est stigmatisant, punitif, puis il deviendra clandestin au XVIIIe siècle, la signature des criminels.Horiyoshi II, maître du tatouage japonaisà voué sa carrière aux yakuzas... Dans la plupart des pays le tatouage sera synonyme d'obscurité et de marginalisation. Accompagnant les rites de passage, décrivant les crimes commis, la région d'origine... Signe de marquage des pirates et des hors la loi.

Aujourd'hui il à du mal à se départir de ce parfum de souffre qui à accompagné toute son histoire. Raison pour laquelle parfois, au bureau, on le cache littéralement sous les manches d'une chemise, afin d'éviter les étonnements appuyés ou les préjugés...

Nos sociétés faisant place à plus de mixité culturelle ont contribué à la démocratisation de cet art corporel. Depuis la fin du XIXe siècle il à quitté les geôles, adoptant les courants artistiques et sociaux de son temps, surfant sur les tendances émergentes prenant part petit à petit à ce que l'on nomme aujourd'hui le lifestyle. Ainsi différents styles, de sous-catégories et autant de salons ont fait leur apparition à travers le temps et les régions.

Le style " Americana ", très populaire car le plus connu et dont les motifs principaux sont l'ancre de marine, la pin-up, le poignard et autres têtes de mort a connu grand succès avec Gibb " Tatts " Thomas, " Tattoo " Charlie Geizer et Sailor Jerry Collins. Bien que largement répandu auprès des marins et soldats autour de deux guerres mondiales, ce style prend sa source à la fin du XIXe siècle, pendant la guerre de Secession. Les soldats d'alors réclamaient à un certain Martin Hildebrandt d'immortaliser leurs actes de bravoure. Quelques années après le conflit, il ouvrit un salon de tatouage à New York City.
Imitant la peinture, la photo, flirtant avec les arts de la rue ou les arts graphiques. Le tatouage est de plus en plus l'œuvre d'individus issus de formation artistiques.

Le style " réaliste " (ou photo réaliste) de Deano Cook ou Cory Cudney est directement inspiré des courants artistiques pop-art des années 60-70 qui visaient alors à reproduire les photographies mais avec des huiles et acryliques.

Ed Hardy dans les années 70 inaugure le style " Pictural moderne " où les standards du genre sont abolis au profit d'une orientation plus artistique, parfois abstraite parfois plus figurative, mêlant imitation du pinceau ou montage à l'ordinateur.

Le style " Noir et gris " popularisé par Jack Rudy, qui ouvre salon dans le East Los Angeles en 1975, vise a restituer l'intensité des tatouages polychromes en utilisant exclusivement le noir et ses nuances. Un style issu tout droit de la secte des Assassins de l'Egypte ancienne et des détenus des prisons qui s'identifiaient en se marquant le corps. Petit à petit cette imagerie à évolué et s'est accordée avec l'univers heavy-metal.

Vieux de 5000 ans, le style "Tribal noir " peut parfois être mal interprété. Très graphique, il n'est pas qu'esthétique. Il peut être chargé d'un sens sacré insoupçonné qui une fois révélé peut prêter à confusion son porteur ou le connaisseur qui le perçoit.

L'artiste helvète Hans Rudolf Giger à la fin des années 80 est propulsé sur le devant de la scène grace au film Alien dans lequel son style hanté mêlant organique et mécanique trouve son champ d'expression. L'artiste suisse invente ce que l'on appellera le style " Bio mécanique ". Les tatoueurs de ce style qui reste le plus marginal, popularisé par Guy Aitchison ou Dan Hazelton apportent une dimension futuriste à leur pratique, il y a de la fusion homme-machine, un effet tridimensionnel recherché, avec une effet " peau déchirée " ou de seconde peau.
Ces dernières années le style à évolué vers une tendance " Bio-organique " plus en accord avec notre époque recherchant alors une fusion avec la nature.

Souvent qualifié de " kitsch ", le style " Americana "ou " Old school "est à nouveau en vogue avec la resurgence des styles " vintage "... Revisité il est baptisé " New school ", propagé par Kristel Otero ou Pacheco il en reprend les codes (lignes épaisses...) mais s'inspire du graffiti, de la bande dessinée ou des comics. Aux néo pin-up s'ajoutent des cupcakes, les nouvelles icônes de la culture populaire (Hello Kitty, Starwars...), de la typographie. On y trouve (enfin) une touche girly et de l'humour. Les couleurs sont flashy.

Il est rare qu'au sein d'un même tableau ou photographie cohabitent plusieurs styles. Le tatouage dont l'étymologie signifie tantôt dessin (polynésien) tantôt sculpture (japonais) appartient donc à la sphère artistique et permet cette multiplicité, ce télescopage de styles sur un même support. Le corps est le réceptacle d'un story telling personnel.

Nul doute que le tatouage nous réserve encore beaucoup de surprises, observons avec attention comment la culture digitale va entrer en résonance avec cette pratique. Tatouages connectés, Tattoo-LED, 3D-Tattoos, Holo-Tattoos...

Ci-dessous un défilé de mode sur des mannequins tatoués, organisée par Le Tatootrialist, c'était il y a 4 ans au moment de la resurgence du phénomène.

Tattoo You
Tattoo You
Tattoo You

Tattoo You
Tattoo You
Tattoo You
Tattoo You
Tattoo You

AmericanaCory CudneyDan HazeltonDeano CookEd HardyGibb Tatts ThomasGuy AitchisonHans Rudolf GigerJack RudyKristel OteroMartin HildebrandtPachecoPeter SchachnerPictural moderneSailor Jerry CollinstatouagetattooTattoo Charlie GeizerTribal noir

A propos de l'auteur

Tattoo You

Retour à La Une de Logo Paperblog

A propos de l’auteur


Christianpoulot 2733 partages Voir son profil
Voir son blog