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Laetitia Colombani : La tresse

Par Stephanie Tranchant @plaisir_de_lire

La tresse de Laetitia Colombani   5/5 (17/07/2017)

La tresse (224 pages) est sorti le 10 mai 2017 aux Editions Grasset.

 

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L’histoire (éditeur) :

Trois femmes, trois vies, trois continents. Une même soif de liberté.
Inde. Smita est une Intouchable. Elle rêve de voir sa fille échapper à sa condition misérable et entrer à l’école.
Sicile. Giulia travaille dans l’atelier de son père. Lorsqu’il est victime d’un accident, elle découvre que l’entreprise familiale est ruinée.
Canada. Sarah, avocate réputée, va être promue à la tête de son cabinet quand elle apprend qu’elle est gravement malade.
Liées sans le savoir par ce qu’elles ont de plus intime et de plus singulier, Smita, Giulia et Sarah refusent le sort qui leur est destiné et décident de se battre. Vibrantes d’humanité, leurs histoires tissent une tresse d’espoir et de solidarité.

Mon avis :


Vainqueur du 40ème prix Relay, La tresse, premier roman de Laetitia Colombani, est l’histoire de 3 femmes séparées par des milliers de kilomètres et qui sans jamais se croiser vont partager la même force et œuvrer vers le même désir de s’en sortir, la lutte de l’une profitant aux autres…

Il y a Smita, une Dalit, une intouchable de Badlapur, en Inde, qui refuse catégoriquement que sa petite de 6 ans suive la même destinée qu’elle (et que toutes les autres avant elle).

Il y a Giulia, une sicilienne de 20 ans qui va découvrir l’amour mais aussi le secret qui semble avoir anéanti son père, propriétaire du dernier atelier de perruque (fondé par son grand-père en 1926).

Et il y a Sarah, une canadienne de Montréal, 40 ans, divorcée (deux fois) et mère de rois enfants, c’est aussi et avant tout une exécutive woman, associée dans un cabinet d’avocats réputé où elle a réussi à force de travail et d’abnégation à se faire une place et un nom au sein de cet univers machiste et féroce.


Comment ces 3 femmes que presque tout sépare peuvent aussi bien partager ce titre ? C’est la question que l’on se pose à sa lecture mais qui finit très vite par se faire oublier tant on est pris dans les entrelacs de leurs vies respectives, que l’on suit avec beaucoup d’émotions, une certaine passion et l’envie furieuse de les voir s’en sortir.

Laetitia Colombani tresse un roman intense, dont la brièveté accentue aussi l’intensité. Avec ces trois portraits, elle résume superbement la force de la femme. Roman féminin, mais pas pour autant féministe, La tresse met en avant le désir de chacune de se battre (quel que soit les combats) pour sa liberté autant que sa survie, de faire face à l’adversité, au sort qui s’acharne et au destin tout tracé.

J’ai adoré !  Il y a beaucoup de réalisme aussi bien dans les faits que dans les sentiments de chacun des personnages. Leur peur, leur colère, leur bonheur, leur inquiétude…sont palpables et les épreuves qu’elles vivent m’ont beaucoup touchée (surtout Smita, dont la condition fait d’elle une moins que rien.  « J’aurais préféré ne pas naître » dira une jeune veuve qu’elle croisera. Tout est dit !). J’ai aimé leur ténacité, leur faculté à ne pas renoncer et cette force qui se dégage du roman, cet élan incroyable qui apporte heureusement de l’espoir et une forme de bienveillance à l’ensemble.

L’auteure a su mettre suffisamment d’authenticité et surtout beaucoup de sensibilité dans ces histoires pour nous les faire vivre avec intensité. J’ai trouvé son écriture vivante et évocatrice. Sans épanchement, avec des mots simples, entre force et douceur, elle expose en alternance les vies de ces trois femmes. Il m’a été impossible de poser le roman avant de le finir et j’ai enchainé les chapitres avec avidité, les derniers mots de l’un appelant le suivant, des derniers mots particulièrement bien choisi pour, frapper le lecteur, le questionner, le ravir, l’inquiéter, le bouleverser et surtout l’encourager à lire la suite (comme si c’était nécessaire !).

« Oui, aujourd’hui est un jour dont elle se souviendra toute sa vie. » Page 20
« Elle ne dit pas la vérité : si son deux-roues est intacte, son âme vie t de chavirer. » Page 81
« A l’intérieur elle est en miette, mais cela, personne ne le sait. » Page 86
« La descente vient de commencer. » Page 165
« Il est là le signe, el miracle  qu’elle attendait » Page 178
« C’est aujourd’hui, elle l’a décidé. Elle sait exactement où aller. » Page 193
« Elle sait désormais que l’avenir est fait de promesse.
Et qu’il lui appartient, désormais. » Page 210

Bref : un joli coup de cœur !

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