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Par Julien Leray @Hallu_Cine

La boule au ventre. Les larmes aux yeux. La réaction peut paraître exagérée, mais lorsqu’on parle d’un rêve d’enfant, d’un fantasme de cinéphile enfin réalisés, oui, il y a de quoi vibrer.

Terminator 2 : Le Jugement Dernier, c’est un peu pour moi, comme pour beaucoup, celui grâce auquel tout a commencé. L’interdit transgressé, la première claque cinématographique encaissée. Je me revois encore regarder en boucle un extrait d’une copie VHS à l’image brouillée, diffusé sur un modèle d’exposition de télé cathodique, alors haut comme trois pommes, des étoiles plein les yeux, malgré mon caractère irrémédiablement peureux.

Ce T-1000 de métal liquide, pouvant prendre la forme de n’importe quelle de ses victimes. En particulier le père adoptif de John Connor, la gorge transpercée à travers une brique de lait, alors qu’il était en train d’en avaler une gorgée.

Une image traumatique, c’est vrai, mais tout aussi magnétique. Comme tant d’autres d’ailleurs. La course-poursuite à travers les voies d’eau de Los Angeles, entre le camion conduit par le T-1000 et la moto pilotée par Schwarzenegger, charismatique et livré à la postérité en biker. La séquence à travers les laboratoires de Cyberdyne, mettant aux prises ce dernier avec des hordes de policiers. La vision de cauchemar d’une Los Angeles ravagée par l’explosion d’une bombe atomique…

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Tout cela était, à ce moment-là, forcément pour moi du jamais-vu.

Ce dont je n’avais en revanche pas conscience à l’époque, c’est à quel point Terminator 2 le fut en fait pour tout le monde. Pour le grand public comme pour le milieu même du cinéma. Un game changer comme on dirait là-bas.

Une révolution visuelle avant tout marquée par des effets spéciaux arrivés à maturité, réalistes, crédibles, tangibles, parfaitement intégrés. Encore aujourd’hui, les plans de morphing, les transformations du T-1000, les cascades, l’ensemble des séquences d’action n’ont, en presque trente ans, quasiment pas vieillis.

Le génie de Stan Winston à son apogée qui, après la reine d’Aliens et son immense animatronique, a permis la naissance d’un deuxième chef-d’œuvre technique.

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Un défi technologique poussé dans ses retranchements par l’exigence jusqu’au-boutiste de James Cameron qui n’avait certes pas encore glané ses galons de visionnaire, mais qui en avait définitivement planté les germes dans l’inconscient des décideurs et du public.

Un public qui aura réservé, en 1991, à Terminator 2 : Le Jugement Dernier un véritable plébiscite, devant sûrement autant à la révolution qu’il incarnait (n’oublions pas qu’il s’agissait à l’époque du plus gros budget de l’histoire du cinéma), qu’à l’histoire même qu’il portait.

Le procès injuste qui lui est encore fait, voulant qu’il s’agirait d’un film d’action ‘ricain bien bourrin, ne tient pas la route lorsqu’on se penche attentivement sur sa construction narrative, et sa richesse scénaristique. Comme ce sera le cas plus tard sur Avatar, Terminator 2 arbore une fausse simplicité, et déploie au contraire des trésors de subtilités, pour servir l’action, comme des thématiques au diapason.

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L’avènement des « machines », nos rapports avec elles, l’ère d’Internet, la menace des ogives nucléaires : Terminator 2 préfigurait, trente ans avant, le quotidien à l’œuvre au moins en Occident.

À la fois fortement influencé par la japanime tout en l’ayant lui-même révolutionnée, cousin pop’ de Blade Runner et de La Jetée de Chris Marker, Terminator 2 représente la synthèse rêvée entre philosophie vulgarisée, et cinéma populaire au grand spectacle totalement assumé.

Tout cela bien sûr est de l’ordre de l’analyse, là où Terminator 2, au fond, reste d’abord et avant tout un monument de plaisir. Au sens de la punchline affuté, aux répliques étant restées gravées dans les mémoires.

« Come with me if you want to live », « Hasta la vista, baby », « I’ll be back » : je ne pense pas me tromper en affirmant que, comme moi, vous avez sûrement déjà prononcé l’une d’entre elles dans la cour de récré.

Tout dans Terminator 2 nous est désormais familier, qu’on l’ait ou non apprécié, tant son héritage a infusé le cinéma d’animation, d’action et de science-fiction au cours des dernières décennies.

Les morceaux de bravoure, pourtant maintes fois copiés, non rien perdu de leur impact, ni de leur force. Et peuvent toujours en remontrer aux blockbusters actuels qui, en dépit des moyens colossaux déployés, n’ont toujours pas réussi à les surpasser.

Les personnages, tous iconiques et magnifiquement interprétés, restent eux ces gueules auxquelles on ne manquera pas, une énième fois, de s’identifier.

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Schwarzy donc, Robert Patrick inoubliable dans le rôle du grand méchant, le T-1000 implacable en chasseur terrifiant. Linda Hamilton, dans le rôle de sa vie, en femme écorchée déterminée à empêcher l’apocalypse d’arriver. Edward Furlong, l’éternel John Connor, le futur héros de la résistance, qui n’aura, malheureusement pour lui, jamais vraiment réussi à se remettre d’un rôle aussi exposé…

Une madeleine de Proust construite à même la VHS de mes parents, puis en DVD avec une image de bien meilleure qualité. Sauf que rien ne pouvait remplacer l’expérience au ciné.

Une frustration et un manque à combler que j’avais tout simplement arrêté d’envisager. Jusqu’à ce que j’apprenne la projection à Fantasia de Terminator 2 restauré en 4K et en 3D, la version qui sera diffusée en salles en Amérique du Nord et en France à la fin de l’été.

Au risque de relancer le débat ayant accompagné la sortie d’Okja, Terminator 2 est la preuve par l’exemple qu’un film ne prend sa pleine mesure qu’en salles. Les réactions des spectateurs, l’ampleur de l’image, dans ce cas-ci l’incroyable travail de restauration effectué dépoussiérant de fond en comble ce que j’ai pourtant vu maintes fois sur ma télé, les vibrations du son renforçant l’immersion : tout ça participe d’une expérience riche et fédératrice, conférant une seconde jeunesse à un film qui, au demeurant, n’avait déjà pas beaucoup de rides.

Ce travail de réhabilitation supervisé par Cameron lui-même n’est ni plus ni moins qu’un véritable cadeau offert aux fans, doublée d’une déclaration d’amour au cinéma dans ce qu’il a de plus universel et de plus essentiel.

Tout cela pourra peut-être vous faire sourire, mais pour ma part, et pour tout ce que je viens d’évoquer, je ne suis désormais pas près de m’en départir !

Film vu dans le cadre du Festival Fantasia 2017.


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