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Chroniques de l’ordinaire bordelais. Épisode 241

Publié le 31 juillet 2017 par Antropologia

Culture pour tous

Comment ne pas regarder d’un bon œil l’accès de tous à la culture ? Mais que cela soit pour le tourisme comme pour la culture, ou au supermarché et à la piscine d’ailleurs, le problème demeure toujours « les autres », trop nombreux, trop bruyants, trop encombrants, trop…

Les Britanniques ont opté pour la gratuité des musées. Mais il y a toutefois un prix : pour admirer des tableaux de Picasso, Van Gogh, Miro, Dali, Léger, Matisse… à la Tate Modern Gallery, il faut franchir le mur de visiteurs qui, téléphone portable à la main, photographient à la chaîne tableaux et cartels sans même prêter attention à ce qu’ils voient. Est-il devenu ringard de venir éprouver de l’émotion, d’admirer la technique de l’artiste, son coup de pinceau, la texture, de découvrir les dimensions réelles de l’œuvre ? De s’attarder devant l’une ou l’autre ? Que deviennent les milliers de photographies prises ici ? Un musée numérique personnel ?

Direction le British museum et la haute idée que l’on s’en fait. Juillet semble le mois des séjours linguistiques et scolaires. Des hordes de jeunes se mêlent à des hordes de groupes de touristes adultes dans un vacarme assourdissant. Même le musée semble avoir perdu son âme car on ne comprend rien à l’exposition, succession de vitrines avec des objets du quotidien, pour chaque continent une salle. Au hasard d’un parcours labyrinthique, voici la partie archéologique. Après l’Egypte ancienne et ses trésors, place à la Grèce antique mais une pancarte me laisse interdite : PIZZA. Ce n’est qu’une fois qu’elle est lue que je sens une odeur effective de pizzas et aperçois une autre pancarte au bout du couloir : PIZZERIA. Sans ces deux mots, je n’aurais probablement rien senti.

Tandis que des nuées de consommateurs arpentent les boutiques au cœur du musée, effrayée je fuis les pizzas culturelles, les produits dérivés, comme on évite les supermarchés le samedi en me disant que la gratuité a un prix certes, c’est très cher payé.

Colette Milhé



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