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Eldorado de Bouli Lanners: La Belgique comme vous ne l'avez jamais vue !

Par Ariane_

EldoradoMercredi après midi, pendant que les gens soldaient avec une hargne bien connue, c’est au cinéma qu’il fallait aller pour profiter d’une aventure qui n’arrive pas souvent : se retrouver seul dans la salle à quelques secondes du début de la projection !
Le film en question, Eldorado, méritait pourtant que les êtres humains se pressent en foule dans ces fauteuils ma foi très confortables, au lieu de patienter une petite heure pour payer quelque chose à se mettre.

Comment parler d’Eldorado ? Son titre, à la fin du film, paraît bien ironique, car l’histoire ne donne pas à voir un Eldorado ( pays-paradis regorgeant de richesse ) mais plutôt une Belgique de la campagne, haute en couleur et ennemie des villes, bercée par des pluies torrentielles, une accueillante brutalité et une nudité originelle, pittoresque.
Tout commence sous un lit : Elie-Didier a mis sans dessus dessous la maison d’Yvan pour trouver de l’argent. Coincé par l’arrivée d’Yvan, il se cache sous le lit, d’où il finit par sortir une fois Yvan endormi. Les deux hommes, une fois Yvan calmé, parlent, et le concessionnaire de voiture décide de poser son voleur près de la ville. Mais à son retour du garage, le jeune homme à la voix douce et monotone est encore là. Yvan décide de le ramener chez ses parents, à la frontière entre la Belgique et la France.
Le road movie démarre, ponctué de rencontres chamarrées : le collectionneur de vieilles voitures à bosse, fasciné par la mort qu’elles ont à chaque fois causé, un nudiste efficace et sympathique, jusqu’aux parents d’Elie qui se prénomme en réalité Didier. La scène entre Yvan et la mère est particulièrement émouvante, avec en hors-champ les cris du père et du fils qui se battent à l’étage, et à l’image un gros plan sur la mère, les larmes aux yeux, au visage si gentil, si rond, si aimable.
Eldorado, c’est un film à aller, et à retour. Yvan se retrouve vite, trop vite peut-être, au point de départ. Les boucles ne manquent pas dans ce film où l’humanité ressort étrangement paradoxale, portée à la fois par un message pessimiste et optimiste. Le chien revient, au début comme à la fin, la drogue aussi, dans laquelle Elie replonge sans doute, avec la même vigueur qu’Yvan se jetant dans l’eau d’un fleuve pour se laver, se purifier aussi, peut-être...
Les deux acteurs principaux jouent à merveille : Bouli Lanners (c’est aussi le réalisateur) donne à Yvan une bonhommie attachante, Fabrice Adde, tout en douceur et en lenteur habille son personnage d’une singularité fascinante et déroutante.
Bouli Lanners maitrise tout aussi bien les longs plans fixes d’ensemble que les gros plans sur les visages : l’émotion est présente, à chaque fois, et ce n’est jamais la même. Le spectateur passe du malaise au rire, de la pitié à la rage, de la tristesse à l’espérance, et cela en à peine une heure et demi.
Un film à voir pour son originalité et son humanité, la fête du cinéma arrive : vous n’avez plus aucune excuse !

Ciné seul


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